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Full text of "Histoire du général Moreau: jusqu' à la paix de Lunéville, contenant une notice sur la vie de ce ..."

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HISTOIRE 



DU 



GÉNÉJàAL MOREAU. 



1 



Cn trouve chez le même libraire : 

Histoire de Bonaparte, 3 vol. dn-12 , aver 
porlraftf. ftîx , 3 fi\ 

sous PRESSE. 

Histoire de Pichogrui , tm vol. lu- 1-2 ^ 
avec portrait. Prix , a Ir. 




i. 



HISTOIRE 

D U 

GÉNÉRAL MOREAU^ 

JUSQIPALAPAIX DE LUNÉVILLE, 

Contenant une notice sur la vie de ce général ^ 
ses campagnes sur le Rhin et en Italie , les 
anecdotes et les traits de grandeur , de 
génie et de bravoure qui le caractérisent» 



Et cunclando restituit rem. 
ENNWS. 



A PARIS, 

Ches BAHBA , libraire , palais du TribuDat , 
galtrîe derrière le Théâtre Français , a^. Si. 

A M X. — 1801» 



c?7 



-J- ir? ^ "l v^"--' f I "^ 



PREFACE. 

IL. est honteux y dit un auteuir 
chinois , de tromper ceux avec 
qui nous vivons : iji estun crime 
plus odieux encore ; c^est de 
mentir à la postérité. Fidèles à 
cette maxime ^ nous avons , 
dans riustoire que nous don- 
nons ^u puHic V ilaissé . parler 
les faits. Dédaignant Téclat du 
,style dans un sujet qui n'a pas 
besoin j d'ornemens étrangers , 
nous avons narré avec sim- 
plicité: les actions brillantes , 
les combinaisons^ profondes , 



■vj 

et cette longue suite de succès 
du Xénophôn français , dont 
le génie sut maîtriser les évè- 
•|peoûW9ni& , îpenverser les plus 
^«JiâB €i)sta^les , et 'tromper 
^oïl^eiî* îes Caprices de la fbir- 

La postérîtë aura de la peine 
è ajouter Ibî aux ^vènemens 
qui se ^oiit passés sous nos 
y«ux , piHree f qn**fls sortent de 
îa ligne ordmàiré des proba- 
bilités ; elle prendra pour de 
«ufelîmes ^Betîons ce ' quî est là 
mérité même V raaîë «n^ réfiéM- 
çltissant siir le génie dû icfeef 
qiH contltiisit iT;Qs phalàtiges h 



la '. victoire , en ii«Adi»at"'îiett 
Caractère ^ «Oir esprit' y ééi 
doutes s'évaûoiiiroat , et Tad- 
miration sera le seul sentiment 
qui en prendra la placée 

Quelques écrivaînis , peu prcr- 
fonds à la vérité , ont comparé 
Morean à Turenhè. Sanîs vou- 
loir établir un parallèle entrô 
ces deux hotaiBes , on peut 
dîre que la comparaison est 
fausse. Turenne porta les ar- 
mes contre son pajl-s : on ne 
peut faire le mêrtié reproche 
à Morëàû. Ce dernier , dis- 
gracié par le gouvernement , 
vécut dâiis robscurîté* pendant 



q^êlqiies mois , et n'hésita pa$ 
^e reprendre le commande-* 
jnent lorsque la pfitrie exigea 
"ÇjBs services. 

Si Ton eût voulu établir une 
comparaison plus juste , on 
{a.urait comparé Moreau à Ca- 
tinat , et la comparaison , 
jsans être parfaitement exacte , 
on aurait eu un certain air de 
vérité. Mais sans vouloir nous 
arrêter à toutes ces compa- 
raisons , en montrapt ITiomme 
tel qu'il est ,, Qx\ sera à même 
de porter uji jpgeme^t plus 
sain. ; . 

,,Pans s^^pçenii^f^ p^p^p^^ne. 




u 



An Rhîii , :oïi le H^édt è^écutet 
Iç passage de (fâ?fîeuVe -après 
aVoîr , pour âinsî dîi'e^ , tbiit 
prévil. Rîeii ne fut donbé àû 
hasard de ce q[uî put lui être 
arraché par rhàbileté et là 
prudence. Il majche ensuite 
de victoîréis en victoires ; mais 
les armées qui devaient lé sou-*- 
tenir ayant été battues ^ il fut 
réduit à ses pi^opres 'forcés 
contre une ariûéé trois fôià 
plus formidable que la sienne. 
Enfermé dans des gorgés éttoi-»» 
tes , et ^qui ^ite pi^^eritaiètit 
âticuw débouch!eEÈiént-ftv(»&-^ 
Me 5 il en sort éit battafit l'en-»- 



nejooi^ sur <0}i& les. points , et 
ei;i faisant cette belle retraite, 
qui; fera une des époquei les 
plus célèbres dans Thistoite , 
et arrive à Kell sans avoir pu 
être entamé dans sa marche, 

A rarjnée d'Italie , on le 
voit lutter contre tous les obs- 
tacles et contre des forces su- 
pérîe^ires ; on, I9 voit exécuter 
ces retraites, savantes, qui sati- 
yèïcnt, Tarm^^ : 

Bapp^lé à Varmée du Hhin , 
il passe une seconde fcHs ce 
fleuve à Diersheim , et culbute 
Tennemi sur tous les points. 
U allait pouMuivre ses triom- 







4 

plaj&9 s Iprsq^ei sa .B^arehe' fut 
suspfiAdufi pgjT ifarwvée dW 
parlementaire qui apportait lesi 
préliminaires de^ poix signés à 
Léoben. 

Il passe etHDore deux fois let 
Rhin avec autant de succès y 
s'enfonce dans le cœur de TAl- 
lemagne. N'ayant pour appuis^ 
ni forteresses , ni villes , ni 
camp retranché , il disperse 
partout les ennemis , et les 
met en fuite- dans tous les 
sens. A vingt-neuf lieues de 
Vienne , il force Tempereur 
à la paix , et termine ainsi 
ses glorieuses campagnes. 



xi)' 

Génie , prudence , habileté 
sont les qualités qui carac- 
térisent Moreau. On peut y 
ajouter cette modestie , véri- 
table apanage du talent, qui 
doute de ses propres forces , 
et qui met sur le compte des 
évènemens ce qui n'est dû qu'àF 
elle-même; . ' 






) 



)■' 



NOTICE 

''SUR 

LE GÉNÉRAL MOREAU. 



Victor MORE AU naquit â 
Morlaix vers 1768 : il étudia 
et fit son droit à Rennes , dé- 
partagent dlUe-et-Vilaine , (i) 
où il fut reçu avocat, 

(]) ,NouS; Ile nous arrêterons point sur 
les particularités de. Fenfajace' , et même 
de PadpIesGeace .de Mpreau., parce que tes 
pai^^cularitfs i^'^tant pointd'ua intérêt ma-- 
jjBur , eil}es.ne peuvent rehausser son mérite^ 
et donner un nouvel éclat à son histoire*^ 



An Gomrneiicement de la ré- 
volution il signala son patrio- 
tisme et son courage dans les 
troubles suscités à Rennes par 
raristocrai:ie. 

Lorsqu'on forma le bataillon 
du département de llUe-et- 
yilaibe , le G^ Petiet , alors 
procureur- général- Syndic de 
ce déparMcient ^ depuis mi- 
nistre? de? la pierre' , éf a à jour-'' 
d'hari conseiller d^'étrit, fîtcïioî4 
sir Moreai!* pouàv 'CJommànderp 
ce b ataillon y eix. .rappelant la 
zMe qu'il avait wioiijtré ppur 
la chose publique; i 

Il passa sticcessivisment par» 
lés divers graxfés imlttiaii*es» ^. 
jusqu'à celui de général ^eiA 




chef- Ce fut sous ses auspices 
que , peqdantla conquête de la 
Belgique > les français entrè- 
rent en vainqueurs dans les 
villes de Menin , d'Y près ^ 
d'Ostende et de \Nieuport : 
malgré la loi barbare qui or- 
donnait de massacrer tous lei 
sujets de Georges III , Moreap 
fît grâce à la garnison de Nieu- 
port ,;presque entièrement con i- 
poséç, d'hanovrieiîs y et si & 
9 tbermîdorn'avait, sur ce.§ e.n^ 
trefaites ^ renversé la tyrannie 
déceravirale ,, cette marque 
d^buraai^itéluiaura}t infaillible-^ 
ment coûté la vie* Les décem-: 



vîrs furent renversés ; maïs le ré-^ 
gime révolutionnaire leur sur- 
vécût, et le père de Moreau fut 
sa victime ; le jour même où^ 
pour cerner le fort de TÉcluse > 
Moreau guidait ses soldats ^ 
sans autres moyens que leur 
audace , son courage et son 
habileté , dans Tîle de Cazand , 
sous des batteries foudroyantes , 
èf coiif re des ennemis nom-^ 
Bf eux qu'ils mirent en déroute^^ 
Moreau , désespéré, voulut 
fuir sa terre natale. Les conseils 
de ses amis^ , Tascendant du pa- 
triotisme le retinrent; il essuya: 
ses larmes , et rentra dans 1* 




carrière des héros : exemple 
sublime de, dévouement où Fa- 
mour de la. patrie l'emporta sur 
une des plus douces aflfectîons 
de Tame ! , • ^ 

Nommé ; en l'an IV , général 
de l'armée de Rhin-et-Moselle, 
on le vit effectuer plusieurs pas- 
sages du Rhin avec cette audace 
qui -doit couronner le résultat 
des combinaisons les plus sa- 
vantes , et opérer , à travers 
les montagnes Noires , cette cé- 
lèbre retraite qui sera mise par, 
la postérité au nombre des plus 
belles opérations militaires qui 
aient jamais été exécutées ei^ 



!i^^ 



scviij 

âtlicun ]^ys. Il ténni istrr les 
bords du Rhin iron-seakrmetit 
^sans s'être laissé entamer , mais 
en battant Fenneitii en' cbaqtré 
occasion , et en forçant partout 
les passages. Son armée, enfin , 
déboucha par deux colonnes 
dirigées , Tune par Fribourg , 
et rautre par Huntrigue , après 
avoir encore remporté une vic- 
toire signalée , demeurant maî- 
tresse du Brîsga^ , de tous les 
ponts du Rhin et de tous les 
défilés qui ouvrent le territoire 
de l'Empire. 

Après une campagne aussi 
glorieuse , Moreau , pour ré- 



XIX 

côTapènse des • senfviôes qu'il 
«vaiêTenda^ h «à^ ^^atrie ^ fut 
fappeîé par le directoire , (i) 
«et €iit'pw4u pour son' ^^E'mée. 

' ' 'Cette ' ''Aîsgracé ' ' côiivHt tfe 
honte le directoire , et de gloire 
"^cêluî qui en fut la vîctiine. 
Oii préjugea alors , avec rai- 

vernemeat inepte du directoire de Fcance , 
de ce directoire qui possédait le grand art 
d'Aoigner de lui tous les lioinmes de mé* 
Vite , et qui i/étaît entouré qufe d'Kommés 
Vils ^ oorroht^usv On pdurait V^dfjèr <à 

sag«sse Aes dkaz < J« te «rois iTès^sofoode ; 
HùA à qnoU pUt« tyrwif as«tu lirré et monde 9 



son , qu^uttgouvetonement au*sî 
i odieux^seraît'J^îentôt. ajié^^itî ^ ^ 
;€t que. sa destruction serait le 
. passage, là un, état plus^ calçae , 
,et à pn ordj^e de chosejs plus 
^xégijliei:, f 

L'estime des âmes honnêtes 
suivit Moreau jusque dans sa 
retraite. On sentit bientôt le 
vidé que son absence opérait 
^dans nos armées : il fut rap- 
pelé. ' 

Dans un cœur moins no- 
ble , un ressentiment juste- 
r-ment fondé aurait pu éclater ; 
mais dans une ame grande \ 
forte et brûlante de Tamour 



XXJ 

^é sôtf pays tous les senti- 
inehs de la vengeance s-étfei-* 
gttent , et là glbîre de sa patrie 
est le seul qui' y survit. 

Nos aïmées en' Italie , dé-^ 
j)0Urvu(3s de tout et ÏDattués sui? 
touà lès pioints piar rinéptiè d%ïn 
général chéri du directoire ^ , 
étaient dians tint délabrement 
àflreux: Moiteiàu y fut erivoyé 
pour éilsâutéi' les débrîis. Mal^ 
gré toute soii habileté et tbûS 
ses efforts , il ne put parvenir 
à leur faire repi'endrè Toffen*^ 
«ive : alofs il exécuta ces retrai- 
tes savantes ^qui sauvèi^ent ùhé 
grande partie de cette *arméëî 

b 






xooij 

0« envoya upi autre général 
à. ce^tte 'armée , <jui donna la 
femeuse bataille de Novi. Mo- 
reau y gt ,des prodiges de va-; 
Ifîtir. , Malgré lea pli*s grands 
efjforts ,i. yairmée,; fifanç^ise y- 
perdit 'aoa gésnéraLet la bataille. 
L'armée $ans général enr clief, 
le coHua^ndement en fut dé-^* 
f)é^é à Mçreau , qm fit exécuter 
tiftp re^i'aite sav«ap4e àcette ar- 
fnée r, demi ; le coiximandenient 
fht donné par la suite au gé-^ 
néral.Masséna. .; 

^.;j^fc«pw revint ensuite à 
Pai?^ , où il vit. pour ia pre- 
mière ^ois Bonaparte. Ces deux 



■^.- 



xxiij 

bomîïBé» çureht ^ apprécier , 
et se lièrejBt ii'ufte amitié dont 
un^ estime j?é€ip]x>que fut la 
basç. 

Auj: journées des^iô et 19 
btum^ire.i Mq^j^u fut liti de 
ceux; . iqïii secondèrent. Bôna-^ 
jyartê; dans cette iinmoirt'ôlli» 

Noromé générai em chef de 
Tarmée du Bthin 4 it fit dcu» 
câi»|)ûgties célèbres ifniioitmé^ 
Bont deux graiiideisi époques dans 
rhîstottéj JDôias hc rdçimièr^ j il 
B';ét»i!t: plusi îqpu^à ^in^^iilèiïf 
lieues ' dri Vienne ^ lorsijfir'utt 
armistice y ^ui'i&t bieotôt suivi 



(CXW 

de la p^ix , vint arrêter seF 
armes triomphantes. ^^ ^ 
' Nous termîiiôrôns^^eittè ôo^^ 
tice par lès réflexions sui- 
vantes r^ ' '-' '■ ■'' -^' { ••" ^ 

' <c Avant la révolution , Fhé- 
<i roïsmèt ei fësf lalefls '^iflilitAires 
fi s^évaporaient dans Toi^iveté 
« des garnisons ; et Tabsurde 
« o]èddnnflnde: qui ne permettait 
« qu'aux nobleis de jfranchâr le 
« grade' de lieutenant dimi- 
« niiait encore dans une pro- 
i pontîbn ,;au[puîird*hui> facile à 
« étabMr , le nombre des hom- 
4c mes appelés à se distinguer 
« dans cette carrière. 



xxv 

<t m^s^ les premiers' instani^ 
«c dé b révolution , la célébrité 
« n'eut point asisez d'échos pour 
« là multitude de noms qu^eUe 
«f fui? chargée de proclamer ; 
« leur* foulé s'accrut de jour 
« en jour : bientôt tlne guerre f 
4c où le peuple français , seul 
« contre vingt potentats, triom- 
« phade leur coalition , grossit 
« h rinfini cette longue nomen- 
« clàtûre. »' • ' 

Parmi les personnages qui 
ont figuré dans la carrière ré- 
volutionnaire , Moreau est un 
de ceux dont la conduite est 
absolument irréprochable ; on 



StX9J 

ne le;ivii. kihk tétei cKaociuie 
fectii^il^ Uàmen» de ia patrie 
fart kr sentîmeiart i^i rania^» y 
et I le but gloneurx; d^ ses ttar 
vaux. IL sut rifiêjBâie sacrifier à 
ce seiaifciment tes fi^kiâ dpuces 
ajBR&ciiona de j Yzm/^ i e^ tcAifS les 
ressentimens - de la. i vengeance^ 
Disgracié et ra?ppelé pR» >des 
homiBtes îqùi n'étaient pas ea- 
pablee d'apprécier son toéitite ^ 
il s'éloigna pour quelcfitie téms 
d'un théârtre oè Fin^igue et la 
corriDptiani étaient leè setffis ;1fî-^ 
tresipoKHr avenir dïôitiauife fe^ 
veursi. llfc emporta , dan«' saipe-* 
traite , Festime et Tamoair de 



V 



tous ceux qui faisaient encore 
des vœux pour le rétablisse- 
ment 4© Tordre , et la fin d'une 
révolution , dont la longue du- 
rée avait tout bouleversé , sans 
avoir rien remplacé* Ses vœux 
se sont enfin réalisés : Tordre a 
succédé au désordre , et un gou- 
vernement sage , qui sait tout 
apprécier avec une sagacité ra- 
re , à rendu justice à son mérite , 
et a récompensé ses vertus» 



-1^ 



HISTOIRE 

DU GÉNÉRAL 

M O R E A U. 

-■' • ■ . Il I I m 

CHAPITRE PREMIER. 

More au nommé général de V armée 
de Rhin et Moselle. — Passage 
du Rhin e^'ectué à force ouverte 
par cette armée. 

Jl iCHEGRu, disgracié par le di* 
rectoire , fut remplacé par le général 
Moreau. Ce général , dont lés opéra- 
tions étaient concertées avec les ar- 
mées d'Italie , du Nord , de Sambre 
et Meuse , battit l'ennemi , le 2 mes- 
dor an 4> deyant le pont de Manheîmj 

A 



CM 

il se mit ensuite en marche pour pas- 
ser lé Rhin , près Strasbourg. Le 5 , 
après midi , il s'occupa dans cette 
ville , après en avoir fait fermer les 
portes des derniers préparatifs que la 
nécôssîté du secret ayait fait différer 
jusques-là. Le 6, ce passage s'effectua 
avec la plus grande célérité et avec 
une audace inouie. Le succès en fut 
dû à une ruse dont le général se ser- 
vit avec succès. 

Un. grand nombre de voitures 
avaient été par lui mises en rèquisi- 
sition , sous prétexte de conduire en 
grande hâte des troupes à l'armée d'I- 
talie. Des ordres avaient été donnés 
pour qu'on leur préparât des vivres , 
depuis Landau jusqu'à Huningue, 
Un pure d'artillerie , à trais lieues de 
Landau , sembla être laissé pour in- 
quiéter l'ennemi. Axrivé près de Stxas- 
l^ourg , le général fît faire h;ilte à la 



(3) 
troupe , la fit bivouaquer , fit fermer 
les portes de la ville , tint un conseil 
secret , et ordonna le passage du Rhin . 
En trois heures de tems tout fut dis- 
posé pour le passage des troupes. Les 
ha bilans de Strasbourg secondèrent 
avec empressement les intentions du 
général. Les troupes apprirent alors 
que leur route pour l'Italie était ter- 
minée , et qu'elles étaient destinées à 
une autre opération • A neuf heures 
du soir , toutes . les embarcations 
avaient filé hors de la ville par le ca- 
nal de navigation , et à dix heures 
elles étaient toutes arrivées à Técluse 
du péage. Après avoir embarqué qua- 
tre pièces de canon ^ on se mit en 
marche. Il étoit plus de minuit lors- 
que l'on commença à entrer dans les 
nacelles. Le tems était très-serein et 
très • calme } le clair de lune , qui 
était défavorable , fit qu'on prit beau- 



(4) 

coup de pf écautions et qu'on observa 

le plus grand silence. 

L*ordre admirable avec lequel se 

fit cet embarquement , la bonne v6- 

lôinté des soldats , et l'ardeur des 

chei's , tout présagea des succès. 
Enfin, à une heure et demie, après 

minuit , les bateaux légers des quatre 
divisions étant chargés , le général 
donna le signal du départ. 

Les troupes débarquèrent avec 

' beaucoup d'audace , sans tirer un 
seul coup de fusil , et emportèrent 
à la bayonnetté tous les postes en- 
nemis , qui n'eurent que le tems de 
faire leur première décharge çt de 
s'enfuir. La surprise et Teffroi dont 
ils furent saisis ne letir permirent 
même pas de songer à couper lés pe- 
tits ponts de coqiraunication (i) qui 

( i ) Tous ces ponts composés seulement de deux 
•flt.jn8 flctt.ms à fleur d'eati^ étaient si Tôles qu'ils 



(5) 
se trouvaient sur les bras du Rhin , 
et qui 'nous séparaiept encore de la 
terre ferf»e. 

Le succès couronna le débarque- 
ment sur tous les points. On marcha 
sur Kehl (i). L'ennemi fut chassé du 
fort , de la ville , du village de Kehl 
et d'une redoute. Il ne disputa même 
pas le passage de la Kintzîg , comme 
on aurait dû s'y attendre j et vers les 
dix heures du matin , on était déjà 
Qiiaître de tous ses postes , et on le 
poursuivait sur la route d'Ofïem- 
bourg. 

Le reste du jour il ne S0 pass^ 
rien d'intéressant à la rive droite. 

furent entièrement usés au bout de quelques heures f 
ayant que la totalité de Ta vant- garde de l'armée y eût 
liasse. 

( a ) Le fort d^ Kehl n'i^toit point k cette époque 
en état de défense ; il avait été rasé , après avoir été 
cédé à l'Empire par le traité de Bade, et depuis il 
n'ayai^ pas été rétabli. 



^M^J^. 



C6) 
Le pont volant qu^on avait. établi et 
les bateaux de transport furent em- 
ployés sans relâche à passer d? Tinfan- 
terie j on se tirailla de part et d'autre 
jusqu'à la nuit , et on fit quelques pri- 
sonniers. 

Le résultat de cette journée fut de 
cinq cents hommes faits prisoriiiiers ,' 
la prise de deux mille fusils , treize 
pièces de canon , un obusier et plu- 
sieurs caissons. L'ennemi perdit , en 
outre p six cents hommes tués ou 
blessés. 

Le 7 messidor , à midi, le pont 
étant entièrement établi, et toutes 
les communications assurées , le gé- 
néral fil défiler sur la rive droite les 
troupes à cheval et l'artillerie légère 
de deux divisions , et le reste de l'in- 
fanterie du général Beaupuy. Le 
corps du général Saint-Cyr ne pas- 
«a le Rhin que quelques jours après. 



(7-) 
Dans dififérentes marçî^e^;, on fit. 

encore environ deux ce»t3.l3Lomm.es. 

prisonnière. /; . i , 

Le lendemain , ' une paWie de Tar-. 
mée se mit en marche pour attaquer 
le camp de Wilstett , p^r la route d'Of- 
fembourg , qui fut emporté de yivei 
force j on y prit une pièce de canon^ 
et quelques caissons. Le 9 , l'ennemi 
fit quelques tentatives pour rentrer 
dans Wilstett j mais il fut repoussé 
et poursuivi' jusqu'à Griessen. 

Pendant ce mouvement , la brigade 
du général Sainte-Suzanne se rendit 
vers le Bas- Rhin , par la route de Ras- 
tadt^ jusqu'à Lings. 

Le reste de l'armée , aux ordres du 
général Dessaix , marcha sur trois co* 
lonnes. 

Le succès qui couronna le passage 
du Rhin , fut dû à la justesse des dis- 
positions prises par le général en 



(8) 
chef 9 et aux combinaisons savantes 

diaprés lesquelles il avait déterminé 

les points d'abordages des différentes 

divisions. 'Lefs exploits non moins 

étonnans qui l'ont suivi , ont coix- 

vaincu les plus incrédules que rien 

B^est impossibe àlavaleuTi lorsqu'elle 

est guidée par le génie et l'expérience^ 



(9) 



CHAPITRE II. 

Affaires qui suivirent le passage du 
Rhin. — Bataille de Renchen. 
' -^^Bataille de Kastadt^ •— ^a- 
' iaille d^Etlingen. 

Jljb passage du Rhin efTectué sur 
plusieurs points différents par les dif- 
férentes divisions de Tarmée , il fal- 
lait se préparer à de nouveaux^cam-^ 
l^ts et à de nouYeau:!^ triomphes* 

L.'eQnemi avpit révini un corps coii' 
aidérable dans une position avanta* 
geuse , en avant.de la petite ville de 
Rençhen , et de 1^ rivière de m^aip 
nom (i). La brigade de Sainte-Su- 

C 1 J h0 RiHchtn eftt ttne Tiyière qui prend sa 
Bouxce dans leA aïontagnes 'Koire , verar le Knubis i 
• ..«Ue posse à Renchen et vient se jetter dans le Eiiin , 
' wt|feii an-des^ot« de Freysleft. Cette position «st fa- 
meuse danslUiistoire : Monlécvciilli t'oocupait , niai^ 



zanne qtii avait marché dès la veille 
vers Urlafïen , pour le contenir, était 
déjà aux prises avec lui', lorsque le 
corps du général Dessaix arriva- L'af- 
faire devint générale et cominença à 
s'engager par une canonnade très- 
vive. Les cuirassiers ennemis es- 
sayèrent de déborder notre droite , et 
la chargèrent vivement j mais , deux 
de nos bataillons , soutenus par nos 
carabiniers et de Tartillerie légère , 
résistèrent à cet effort. Ces bataillons 
maneuvrèrent avec tant de sang^froid,' 
quoîqu'enveloppés de toute part , et 
sjareut si bien diriger leur feu vers 
les différents points où ils étaient me» 
nacès , qu'ils culbutèrent la cavalerie^ 



Tnrenne lé tourna , et lui déroba le. passage 4e la 
Renchen. C'est à un mille du bourg de ce nom , èur 
les hauteurs de Sasbach que ce grand homme fut tué 
le lendemain, 97 Juin 1675, en Tenant reconnaitre la 
position de renneiiii pour loi Urrer bataille. 






(11 ) 

ennemie , qui laissa le champ de ba- 
taille jonché d'hommes et de che- 
vaux. 

L'ennemi voulut faire de nouveaux 
efforts sur la gauche ; mais il fut cul'- 
buté. Là déroute devînt complette : 
infanterie , artillerie , cavalerie , 
tout se sauva pêle-mêle et dans îe 
plus grand désordre , et l'on se trou- 
va maître de la rivière et de la ville 
deRencben. 

L'ennemi nous abandonna dix 
pièces de canon , la plupart d'artille- 
rie légère, avec un grand nombre de 
caissons. Il perdit six cents chevaux , 
pris , tués ou blessés , et laissa une 
très-grande quantité de morts sur le 
champ de bataille. On fît douze cents 
prisonniers , dont cinq cents bles- 
sés. 

Après cette affaire , le général ré- 
organisa Tarraée , dont il avait été 



t " ) 

obligé de rompre Tordre de bataille 
pour le passage du Rhin. 

Férino eut le commandement de 
Taîle droite. 
Saint-Cyrfut chargé du centre. 
Et Dessaiz de Taile gauche. 
Le général en chef voyant qu'on 
ne pouvait avancer entre les mon- 
tagnes Noires et le Rhin , sans s'assu- 
rer des gorges de cette chaîne , qui au- 
raient donné des débouchés sur nos 
derrières , fit détacher quelques 
troupes pour remonter la vallée de 
la Renchen , et s'en rendre maître. On 
la trouva défendue par des tirailleurs 
et des paysans armés , qui furent sou- 
dain dispersés. La montagne de Knu- 
bis , une des plus hautes montagnes 
Noires , était occupé par le contin- 
gent de Wirtemberg. Malgré une 
redoute très-forte, et un réduit caze- 
maté , Tennemi fut chassé de la ;na^ 




(*3) 
tagne • après une vive résistance i on 
s'empara de la redoute. On prit dans 
cette redoute deux pièces de canon et 
deux drapaux j quatre cents hommes 
furent faits prisonniers avec dix offi- 
ciers. 

Le centre de notre armée s'empara 
du revers des montagnes , après une 
affaire extrêmement vive , et malgré 
la résistance la plus opiniâtre. Les 
pluies continuelles avaient gâté les 
armes de nos troupes j elles ne pou- 
vaient plus faire feu. La bayonnette 
devint la seule ressource de Tiufan- 
terie j mais , accoutumée à s'en servir 
avec son succès ordinaire , elle en- 
fonça par- tout l'ennemi.- On lui tua 
beaucoup de monde , et on lui fit 
cent prisonniers. 

Le q:iême jour , toute l'armée se 
porta en avant pour aller attaquer 
iMenneiui qui avait rassemblé toutes 



(M) 

SCS forces dans une excellente posi- 
tion , entre Gcrsbach et RastaJt. Il 
avait reçu ilcs renforts couôîJérables , 
tout ce qu'il avait vers Manheîm , 
lors ilu passage du Rhin , se trouva 
réuni » et il lui était déjà arrivé une 
jurtîe des iroupes que le prince 
Charles avait amené en hâte de Tar- 
niéo du Bas-Ilhin. 

La position de Tenuemi présentant 
do grandes dilïîcultés, pour être faci- 
lonicnt attaquée de front, le général en 
dicf résolut de déborder son aîle gau- 
che pour le contraindre à la quitter. 
Il t'iait alors indispensable que laprise 
do Gersbach eût lieu auparavant. A 
cinq heures du matin ce poste fut at- 
taqué avec une extrême valeur et eiii- 
porté après une vive résistance y ainsi 
que la vallée de Murg. Le général Le- 
t^^r^ noorsuivit Tennemi jusqu'à 
prit dans cette pour- 



( i5 ) 
suite une pièce de canon , deux offi- 
ciers et cent prisonniers. 

L'adjudant-général Decaen , atta- 
qua le bourg'deKuppenheiuj. Après 
trois heures d'un combat opiniâtre, 
les grenadiers Hongrois et Autri- 
chiens^ chargés de la défense de ce 
poste, cédèrent à nos bayonnettcs , 
et furent forcés de l'abandonner. Ils 
revinrent plusieurs fois à la cliarge 
pour reprendre ce bourg j mais ils 
furent constamment repoussés et con- 
traints de répasser le Murg. On fit 
sur ce point trois cents prisonniers. 

Une demi-brigade , à la suite d'une 
canonnade fort vive, força le passage 
de la Olbach et emporta le village 
de Nider-Bihel , après deux heures 
d'une défense vigoureuse , et on s'é- 
tait enfin rendu maître du bois de 
Rastadt , qui avait été long * tems 
et opiniâtrement disputé. 



(i6) 

Notre aîle gauche coramençalit à 
acquérir de la supériorité sur la drqite 
de rennemi qui se trouvait déjà en- 
tièrement battu sur sa gauche , il fut 
contraint de se retirer par le pont 
de Rastadt et les gués de la Murg^ 
en arrière de cette rivière. Comme 
ce mouvement était protégé par une 
forte artillerie qu'il avait disposé 
sur l'autre rive , et qu'il était soute* 
nue par toute sa cavalerie , qui n'était 
pas entamée y on ne put réussir à le 
mettre en déroute , et il fit sa retraite 
en bon ordre. 

Un de nos régîmens de chasseurs 
s'étant apperçu qu'il voulait couper 
le pont de Rastadt , le charges^ et le 
poursuivit dans les rues de la ville, 
oti il fut contraint d'abandonner deux 
pièces de canon, quoique sa cava- 
lerie revitit plusieurs fois à la charge^ 
maisiçlle fût constamment irepouasée 



(î7) 

par le feu de notre artillerie lëgérô , 
qui atait suivi à la course nos clias- 
sears à cheval. On fit à Tennemidans 
ces différentes attacjues deux cents 
prisonniers , et sa perte en hommes 
et en chevaux fut considérable ; alors 

se retira pendant la nuit sur Etlin- 
gen, où il rassembla ses forces, et 
y reçut tous les renforts que l'archi- 
duc avait tiré du Bas-Rhin et des 
environs de Mayence , que lui ame- 
nèrent les généraux Hotze et Wer- 
neck. Ses forces étaient infiniment 
supérieures aux nôtres, et furent en- 
core augmentées de sept bataillons 
et douze escadrons. 

Le gros de l'armée' ennemie mar- 
chait dans la* vallée du Rhin, l'in- 
fanterie suivant le pied des monta* 
gnes, et la cavalerie tenant la plaine. 
C'est ainsi que comptant faire débou- 
cheî* sur nos derrièi^es des forces con- 

B 



Ç »8 ) 
sîdérables^ par les vallées Je Murg , 
de la Olbach et de Cappel , et poji- 
vant nous opposer de front dans la 
plaine une cavalerie infiniment supé- 
rieure à la nôtre , TArchiduc espérait 
que nous ne pourrions lui échapper , 
et se flattait déjà de nous faire re* 
passer le Rhin j mais ses projets furent 
entièrement déconcertés par la vigi- 
lance et l'activité du général Moreau^ 
puissamment secondé par le zèle 
infatigable de nos troupes, l'expé- 
rience et la bravoure des autres 
chefs de l'armée . 

Les trois jours qui s'étaient écoulés 
depuis la bataille de Rastadt , furent 
employés aux remplacement des che- 
vaux et des munitions , aux répa- 
rations de l'artillerie , et aux recon- 
naissances qui dévoient précéder une 
attaque générale. Ces préparatifi 
indispensables furent faits avec tant 



( 19 ) 
de rapidité ^ que y menacée par TAr* 

chiduc d*être attaquée le 22 Messidor 
sur tous les points , Tannée inarcha 
à lui le 21, et qu'elle le rencontra 
qui se portait en avant, pour re- 
prendre la position de la Murg , dans 
l'intention de nous livrer bataille le 
lendemain. 

L'intention du général en chef 
était de réviser son aSle gauche , et de 
faire faire l'effort principal par notre 
droite contre la gauche de l'ennemi j 
après avoir pris toutes les mesures 
nécessaires et fait toutes les disposi- 
tions convenables, le général donna 
des ordres pour forcer quelques posi- 
tions qui étaient défendues par l'élite 
des troupes ennemies , et ce ne fut 
qu'après un combat sanglatit et un 
acharnement inconcevable , qu'on 
parvint à s'en emparer. 

L'avant-garde ennemi rencontrée 



à Hemalb fut facilement repoùésëe 
malgré la plus vive résistance ; maïs 
le plateau de Rotensolhe^ Tune des 
plus hautes et dés plus rapides mon- 
tagnes Noires ^ et dont le penchant 
est couvert de bois touffus , était d'xin 
abord si difficile , qull nie pouvait 
être emporté qu'avec une peine infi* 
nie. Lé général Saint -Gyr, chargé 
de cette attaque p ayant ses troupes 
fatigués par une marche pénible » 
prit le sage parti de harceler l'ennemi 
par des attaques successives sur di- 
vers points , et de laisser reposer une 
partie de sa colonne , afin de l'avoir 
toute fraîche lors dé l'instant favo- 
rable pour emporter la position ^ et 
lorsque l'ennemi serait devenu moins 
défiant, par le manque de succès de 
nos premiers efforts. 

On fut d'abord repoussé vigoureu- 
«émeut à quatre attaques wccessives ; 



( 21 ) 

ce qtii détermina à une cinquième 
charge , pour laquelle on avait ré- 
servé deux demi - brigades. Elles se 
formèrent en colonne , marchèrent 
avec autant d^ordre que la nature du 
terrein le permit. Cette dernière ten- 
tative réussit complettement ; on par- 
vint sur le plateau } Tennemi fut 
enfoncé et mis en déroute j on le 
aiiivit la bayonnette dans les reins. 
Deux cents hommes furent faits pri- 
sonniers y dont douze officiers et un 
officier supérieur. 

A Taîle gauche, le général Dessaix 
engagea le combat par T^attaque du 
village de Malsch , au moment même 
cù l'action commençait dans les mon- 
tagnes. Ce village fut successivement 
pris et repris trois fois^ chaque armée 
y ayant employé son infanterie dis- 
}K>nible. Le combat dura sur ce point 
jusqu'à jiÙL hewes 4u soir ; ou y 



. f ^4 ) 

perdît beaucoup dé monde de part et 
d'autre ; nous y fîmes prisonniers 
huit officiers et près de cinq cents 
hommes. 

L'ennemi déploya dans la plaine 
une cavalerie très-nombreuse soute- 
nue d'artillerie ; mais par les savantes 
dispositions du général Dessaix, cette 
cavalerie futpresqu'inutile. Quoique 
sa grande supériorité dût lui pro* 
mettre un succès presque certain , 
le reste du jour se passa sans que le 
prince Charles osât rien entreprendre 
avec cettemasse immense de cavalerie» 

Cette journée décisive, qui nous 
conserva Tofifensive , contribua infi- 
niment à décourager l'ennemi , qui , 
la veille, se flattait encore de détruire 
toute notre armée et de nous contrain- 
dre à repasser le Rhin. Il se vit au con- 
traire forcé de nous céder le champ 
de bataille^ après tine perte conei- 



C^3) 

dërable d'hommes tués ou blessés , 

de quinze cents prisonniers et d'une 
pièce de canon j il prit alors la réso- 
lution de se retirer vers le Danube 
pour s^y rallier et y concentrer toutes 
ses forces j craignant qu'on ne lui 
coupât la retraite sur le Necker, il 
se détermina à abandonner précipi- 
tamment Etlingen , Durlach et Cak- 
ruhe, et à se retirer à Pfortzhein. 

Le passage du Rhin effectué à la 
vue d'une armée forte et nombreuse , 
trois batailles données à la suite et 
successivement gagnées», beaucoup 
de tués , un grand nombre de blessés , 
de prisonniers , la prise de plusieurs 
canons ^ drapeaux et de quelques 
bagages , furent le résultat de quel- 
ques jours , et le témoignage le plus 
éclatant de la bravoure du s&ldat, 
du génie de son général, etdel'expé* 
rience et de la valeur des che&. 



CHAPITRE III. 

Marche de V armée jusqu'au Necker. 
— Entrée des Français à Stutt* 
gard. — Combat d^Etlingen et de 
Canstatt. . 

Xj*je n k £ m I , en se retirant , détaclia 
un corps de troupes considérable , 
pourformer les garnisons de Mayence, 
Manheim et Philisbourg. 

Le général Moreau fit passer le 
Rhin à Benheim , à la moitié de la 
garnison de Landau , dont il forma 
un corps d'observation , pour conte- 
nir les garnisons de Manheim et de 
Philisbourg j ensuite il fit suivre l'en- 
nemi y marche par marche. 

Le 3o messidor , le centre de l'ar- 
mée française se porta sur Stuttgard , 
pendant que l'aile gauche s'avançait 

vers 



(25) 

rers rembouchuré de TEnz. Le géné- 
ral Saint-Cyr rencontra Tavant-garde 
autrichienne en avant de Stuttgard ; 
il la fit attaquer avec vigueur , la re- 
poussa jusques dans la ville ^ et l'en 
chassa malgré la. plus vive résistance. 
L'ennemi ayant besoin de s'arrêter 
sur le Necker, s'était rassemblé sur les 
hauteurs deConstadt et de Feldbach, 
dans une excellente position. Le pro- 
jet du général Moreau était d'attaquer 
l'ennemi dans sa position, entre Cons- 
tadt et Ëslingen j mais comme elle 
était très-difficile à emporter de front, 
il résolut de faire un mouvement par 
notre droite, pour déborder son aile 
gauche , et d'abord il voulut forcer 
ses avant* gardes à nous abandonner 
la rive gauche du Necker j c'est dans 
ce dessein que, le 3 thermidor, il les 
fit attaquer à Ëslingen et à Constadt. 
li'ennemi nous opposa la plus vive ré- 

C 



M 



sistance vers Eslingen ; il s'y défendit 
avec la plus grande opiniâtreté j mais 
notre attaque fut si bien soutenue et 
si bien dirrîgée , que, malgré la supé- 
riorité du nombre , il finit pax plier. 
Il y perdit huit cents hommes , tant • 
tués que blessés. 

Le général Taponîer attaquale fau- 
bourg de Constadt et le village de 
Berg : il repoussa l'ennemi avec tant 
de vivacité , qu'il n'eut pas le tems de 
couper le pont de ce village. Le même 
jour, le corps du général Dessaix vint 
prendre position à Ludwisbourg , et 
acheva de balayer entièrement la rive 
gauche du Necker dans cette partie. 

L'armée ennemie se retira en deux 
corps à travers les montagnes d'Alb , 
et se dirigea dans sa retraite par les 
routes de Gmiind et Gœppingen , où 
elle fut suivie dans Tordre qu'elle 
avait prise, pour effectuer sa retraite. 

1 



(^7) 
. Il 'cst luécessaire oie rappeler ici 

qu'immédiatement après le passage 
^u Rhin 9 notre- aile droite prit.iine 
«^direction Jibntraire aux deux autres 
corps de ^rmée; que pendant que 
. ceux-ci descendaient le Rhin ^ elle: le 
remontait^ et que^ depuis le lo mes- 
sidor , jour où elle s'empara d'Ofem» 
bourg , elle ces3a . d'agir conjointe^ 
ment avec l'armée. 

Le corps d'armée devait gagner la 
f ive droite du Danube , et traverser 
les montagnes Noires par les vallées 
de la Kintzîg et de 5aint-Pierre. Il 
devait aussi forcer le passage des viUes 
frontières , pour appuyer son flanc 
.droit au lac de Constance ,. pendant 
.que le gros de l'armée arriverait sur 
'le Danube 9 par la rive gauche de ce 
'fleuve î c'était à peu près vers Ulm f 
qu'après avoir suivi des directions 
apposées ^ ces deux corps devaient 



(a8) 
opérer leur jonction , pour entrer de 
.concert en Bavière. 

Du lo au 16 messidor^ il y eut 
quelques affaires d'ayan#i^ostes dont 
nous eûmes tout Tavantige. Malgré 
Texcellente position que rennemi oc- 
cupait dans la vallée de Kîntzig', il 
fut obligé de l'abandonner. 

Le 19, on poussa quelques recon- 
naissances. 

Le 2a , un corps de troupes qui de- 
vait faire une réserve , passa le Rhin 
à Nonenwhir. 

Le 23 9 on fit une reconnaissance 
dans la vallée de Kintzîg. 

Le général Ferino , sous les ordres 
duquel était cette aîle droite , à Taide 
d'une division du centre, chassa le 
corps autrichien , commandé par le 
. général Staray , qui occupait cette 
vallée. 

Le 28 I on fit passer le Rhin à deuic 



( 29 ) 
corps de troupes , le premier à Brî- 
sacb ; le second passa à Huningue y. 
sans éprouver de résistance. Il s'em- 
para des villes forestières, de deux 
pièces de canon et de magasins assez 
importans. 

Les passages de la vallée de laKint- 
zig , et ceux des villes forestières , se 
trouvant ouverts , le corps du gé- 
néral Staray , forcé dans cette val- 
lée , s'étant ensuite rejeté sur le gros 
de l'armée de r Archiduc, Taîie droite 
s'avança , sa droite au lac de Cons* 
tance > sa gauche au Danube, sans 
ëf>rouver une grande résistance de la 
paTt de l'ennemi , pendant que l'ar- 
mée le suivit dans les gorges d'Alb (i). 

( 1 ) A Test des montagnes de la forêt Noire 8*d^ 
lère la chaîne des montagnes d'Alb, ou Alpes de 
Soaabe , qui suit une direction à peu près paralèlle 
an ours du Danube. Elles occupent une espace de 
douze mille d^Alleinagne enTÎroo^ sur trois ou quatre 



(3a) 



et largeur. Elles sont couvertes de bois et pjrésentent 
deaT paysages très-agrestes, et des coxnmnnicaâons 
trè8*di£ficiles. Elles tiennent, pardÎTeffses branche»! • 
aux montagnes Noires-, et à celle du paysdeDannSr 
tadt et de la Ffanconie. 



(3i ) 

C H A PI T R E IV. 

Opérations et marches de V armée 
en suivant Pennemi à travers les 
montagnes d^Alb. — Bataille de 
Néresheim. 

JLà marche de rarmëe dans les 
gorges des montagnes d'AIb, que 
l'on connaissait très-peu , fut très- 
• difiBj^Ue et très-dangereuse , attendu 
qoeles difFérens corps, étant enga* 
gés dans des vallées séparées par des 
Qiontagncs impraticables , ils ne pou- 
vaient se communiquer entre eux. 
L'ennemi parut avoii» le dessein de 
nous disputer les sommités , car il 
ï^nit ses forces sur un vaste plateau , 
entre Weissenstein et Bœmenkirchj 
d'où il aurait pu tomber sur un de 
008 corps séparés qu'il eût facilement 



battu 9 et revenir ensuite contre les 
autres ; mais il n'osa nous attaquer. 
Son dessein ëtait seulement de nous 
contenir , afin de gagner du tems 
pour faire filer ses équipages. Il quitta 
cette position sans avoir rien entre- 
pris , et continua sa retraite. 

Le 1 6 termidor , le général Dessaix 
joignit une division de Tarmée enne- 
mie , qui , ayant voulu résister et rece- 
voir le combat , fut culbutée avec 
perte de trois cents prisonniers , %rès 
d'Aalen. Le même, jour le centre de 
notre armée s'empara d'Heydenheira, 
après une assez vive résistance , et 
vint prendre position sur laBrènz. (i). 

Le i8 9 dans*une reconnaissance , 
il s'engagea un combat dans lequel 
nous perdîmes deux cents prison- 
niers. Néanmoins la retraite se fît 
en bon ordre. 

: ; g 

(i) RiTÎère qui descend des reyers des monugno 
d'Alb. 



(33) 

Le 21, Tenneini engaga un coni- 
Dftt avec la première division de notre 
[centre , qui dura jusqu'à la nuit , et 
iont nous eûmes l'avantage. 

La journée du 22 fut employée de 
notre part aux reconnaissances, indis- 
pensables dans un pays si difficile , et 
qui nous était si peu connu , ainsi 
c|u'à rectifier la position de l'armée. 

Le 23 , l'ennemi , au lieu de conti- 
nuer sa retraite , s'arrêta. Il sembla 
Eaire des dispositions qui nous me- 
Daçaient d'une attaque prochaine : 
cependant la position de son avant- 
garde en arrière d'Eglingen , parais- 
sant mauvaise , le général en chef se 
clëtermina à la faire attaquer. On 
engagea une action dans laquelle 
l'ennemi perdit quatre cents cin- 
quante prisonnniers. On le poursuivit 
vers les bois , jusques près d'Amer- 
dingen ; mais un orage considérable 



(H) 

qui survint à l'entrée de la nuit , mit 
jSn .à notre poursuite , et termina ie 
con\bat» 

Le 24 1 l'ennemi dirigea tous sesef* 
fotts sur cinq points difFérens. Notre 
sxmé^ était postée en avant de Néres - 
beîm. L'attaque principale fut contré 
notre centre. Deux de nos demi- 
brjgadçs , qui étaient*restées dans les 
bois où la nuit les avait surprises la 
veille étant à la poursuite des Autri- 
chiens , furent prises en flanc, cul- 
butées et ramenées , avec perte de 
quatre. cents prisonniers jusqu'à Dun- 
selcliingen. Ce premier succès de l'en- 
nemi occasionna une trouée entre 
notre centre et l'aile gauche ; mais 
la réserve , en s'y portant rapide- 
ment » répara cet accident, et rétablit 
le combat dans cette partie. Le corps 
de bataille des Autrichiens se dé- 
ploya. Nous commençâmes alorg la 



(35) 
grande attaque-, sur le poliit où. Ten- 
nemi avait réuni la plus grân^^ partie 
de ses forces. Ses tirailleurs furent 
repoussés^à plusieurs reprises* On^se^ 
bauit pendant toute 1^^ journ^e-ayec 
TOI acharneoient incroyable. Le len^* 
demain le combat se rengagea de < 
nouveau avec autant de furie ; et les 
deux- partis fi\rent> successivement, 
vainqueurs. Mais enfin > quoique 
nous n'ayons pu nous flatter d'une 
victoire complette , puisque les Au- 
trichiens gardèrent le cbamp-de-ba- 
taille I elle n'en fut pas moins une 
des plus glorieuses de la campagne 
pour l'armée de Rhin et Moselle. 
Cette armée prouva à l'ennemi par 
sa constance inébranlable ^ et par la 
fermeté avec laquelle notre centre, 
quoiqu'entièrement débordé , résista 
aux chocs les plus violens, que si nos 
troupes étaient douées de cette va- 



(36) 
leur impétueuse ^ à laquelle rien ne 
peut s'opposer lorsquelles attaquent , 
elles étaient également susceptibles de . 
cette tranquillité, et de ce calme in- 
trépide, indispensables pour soute- 
nir avec opiniâtreté les attaques leS: 
plus vigoureuses et les mieux com- 
binées , et pour se tirer avantageuse- 
ment des dangers les plus menacans. 



(37) 

C H A P I T R E V. 
Combat de Kamlach. 

Jl END A NT que le gros de Tarmée 
gagnait le revers des montagnes 
d'Alb, Taîle droite s'était avancée 
sur deux colonnes; la première, qui 
avait pris le chemin des villes fores- 
tières , vint prendre position sur 
TArgen (i); elle s'empara de Luidan 
et de* Bregenz , fit quelques prises 
assez importantes , trois mortiers , 
un obusier , quatre couleuvrines ^ 
vingt-deux pièces de canon et qua- 
rante bateaux chargés de grains. 
L'avant- garde de la seconde divi* 

( 1 ) L'argea est la réunion de deux petites riyié- 
^es 9 le haut et bas Argen , qui se mêlent au-dessQiis 
de Wangen , et delà se jettent dans le lac de Cons- 
t0Bce. 



( 38 ) 
sîon rencontra le corps de Condé, 
avec lequel elle engagea un combat 
qui fut tout à notre avantage j l'en* 
nemi y perdit quelques prisonniers , 
et fut poursuivi vivement jusqu'au 
delà de-Kamlach. 

' Les émigrés , animés par les'tftâf- 

qûes' dé iti épris que Ifeur prôdigùaîeht 

^Sâns'cè'ôse les Autrîciiîens, réàôîntèfnt 

de se distinguer' par ùii coup d^écîat. 

Ils ptépârètènt à cet'éfîetùne'attaqtie 

Vî^ôurétise contre l'avant -^gà'tde' -de 

'la' siecb'ride division * de- nbtre^ ^le 

■ droite. Pout y réuiisîr^ plus sûteiaîêht, 

ils joignirent la Wise à la fotceV^t 

s'iiitrdduistrent'danisi <nfos ràriga à la 

faveur dé la nuit,' ds(ns Fintêntîon 

d'y' j)6rter le^éisordre. 

Le 26 thermîdor, à deus heures 

* du matin , ils ^attaquèrent vigd^ireu- 

semént notre avànt-garde j nos avaiit- 



(39) 
postes furent repousses par leur in- 
fanterie jusques vers les bois en 
arrière de Kamlach , où était la 
nôtre. Le combat s'engagea très- 
vivement dans ce bois entre l'infan- 
terie légère ; l'affaire y fut très* 
chaude , et le succès long-tems in- 
certain. Les émigrés, qui s'étaient 
mêlés parmi nos troupes, avaient 
beau crier : Nous sommes tournés , 
il faut nous retirer, sauve qui peut ^ 
nos soldats ne se laissèrent point 
prendre à ce piège : ces émigrés , 
bientôt reconnus , furent assommés 
à coup de crosse j la troisième demi- 
brigade d'infanterie légère, accablée 
par des forces supérieures , se défen- 
dit avec acharnement } néanmoins , 
elle eut pu finir par céder au nom- 
bre, si la quatre-vingt-neuvième , 
placée en échelons , ne se fut avan- 
cée : alors les ennemis furent re- 



(4o) 
poussés par - tout et complettement 
battus. 

Leur perte fut immense ; le corps 
des chasseurs nobles fut presqu'en*- 
tièrement détruit ; cinq cents soi- 
xante-douze émigrés, dont cinquante 
chevaliers de Saint-Louis et dix-huit 
officiers supérieurs, furent enterrés 
sur le champ de bataille : trois gé^ 
néraux moururent de leurs blessure^ 
à Mendelheim , et le nombre de^ 
blessés se monta à douze ou treize 
cents. 



(4i ) 



CHAPITRE VI. 

^^^susage du Danube par V armée de 
' Rhin et Moselle. 

xV.F&às la. bataille de Neresheim , 
. l'ajrmée de Tarchiduc se retira tota- 
lement sur la rive droite du Danube^ 
et prit position derrière le Lech. 

Xj'armée française vint passer le 
I^anube'à Hœchstett (i), DîUengen 
^t Lanmgen. Le passage de ce fleuve 

^ 1 ) Cette ^ille a donné son nom à deux fameuses 
"^^illcia ; Time gag^née par les ii*an^^ais y commandes 
P^i* le maréchal de Viliars, contre les impériaux ,1e 
^ Septembre 1703 ; Pautre fut perdue l'année sui- 
^^te par les mauvaises dispositions des généraux 
•^^llard et Marsin ; c'est un des plus grands revers 
^^'ayent )amai8 éprouvés les armées irançaises. 
XJne singularité remarquable c'est que notre armée 
^ , •'H'va à Hœchstett le i3 Août , jour aniversaire de 
^tte bauille , et qu'on y retrouva quelques-uns des 
^apeaux qui y «voient été perdust 

D 



/ 



(4a) 
8'exécutâ le 2 fructidor ^ et le même ^ 
jour Tarmée prit position derrière la -^ 
petite rivière de Zusam. 

li'archiduc ^ après avoir rassemble -^^ 
ses forces derrière le Lech, repassa -^^ 
aussitôt le Danube à Inglostadt , jt -^ 
la tête d*un gros corps d*armée , dans ^^ 
le dessein de tenter un effort contre ^s 
l'armée de Sambre et Meuse , de -^^ 
concert avec Tannée de Wartenslc 
ben. Ce mouvement , qu*il noua 
déroba assez adroitement , augmenta -^^^ 

considérablement les forces qu*il di— : 

rigea contre cette armée. 

Jugeant la position du Zneck (2)J^^> 

'(2) Ee ZiecA -pTénA sa «otnrce flans les montffgves è^^""^^ 
Tyrol » *i coule du sud au nord dans une dûrection pcr^ ^ ^^ 
|le»ndicidaîte à celle du Danube, où il se jette, à u^^^" '^ 
mille aU'desiBous de "DonaTrert. tî'est une rivière tou^^^*^ 
tueuse , dMit le lit est fort large , et qui ne présent^ ^^ 
pas de gués 'fixes. Par les difficultés qu'elles présent^' -"^ 
au passage H'tine armée, et a l^tablissement des ponti^^^^'^ 
elle foxme une très-bonne -ligne de défense. 



( 43 ) 
inattaquable , rArchiduc y laissa , 
quoîqu'inférieur , le reste de son 
armée sous les ordres du général 
Latour , avec une garnison de trois 
bataillons dans Ingolstadt. 

Si Ton eut été averti du mouve- 
inent de rArchiduc , on aurait dé- 
taché un gros <îorps de troupes à 
sa poursuite , pour dégager rarmée 
de Sambre et Meuse j ce parti aurait 
pu néanmoins avoir ses dangers j 
cependant le général en chef se dé- 
termina à passer le Lech , et à atta- 
quer vivement, le général Latour , 
afin de pénétrer en Bavière par une 
marche rapide , espérant forcer. ainsi 
l'archiduc à revenir au secours de 
cette province , et sans doute au 
ïDoment où il fut informé de sa 
ïûarche , ce parti était le seul k 
Iptendre. 



i 



' (44) 

CHAPITRE VII. 

Fassage du Lech. — Bataille de 
Friedberg. 

JLi* A R M i £ s'avança vers Augsboiirg 
le 5 fructidor , et rejeta derrière le 
Lech les avant- postes que l'ennemi 
avait encore à la rive gauche. Ce 
dernier , en se retirant ^ brûla les 
ponts de Rain et ceux d'Augsbourg. 

La journée du 6 fut employée à 
la reconnaissance des gués^ et aux 
préparatifs nécessaires pour la re-" 
construction de ces ponts. 

Le lendemain ^ à la pointe du jour ^ 
toutes les troupes se trouvèrent ras- 
semblées près de la rivière pour^en 
tenter le passage j Taîle droite passa 
la première à un gué près de Hans- 
tétten f que les ennemis ne connais* 



salent pas y et qu'ils avaient négligé 
de garder. L'infanterie traversa avec 
assez de peine, à cause de la rapidité 
du courant j mais qui peut arrêter 
Tintrépidité française ? les soldats 
avaient de Teau jusqu'aux aisselles, 
et portaient sur leurs têtes leur gi- 
bernes et leurs fusils. Les généraux 
Abattucci et Montrichard , le chef 
de brigade Cassagne , et l'aide- de- 
camp Savary mirent pied à terre , 
et se jetèrent dans l'eau à la. tête 
c3es troupes pour leur donner l'exem- 
ple. Le premier peloton fut en- 
t:raîné par la rapidité du courant j 
xsais au moyen des prompts secours 
qui lui furent donnés , très - peu 
d'hommes furent noyés (i). 

( I ) Cet accident, loin d'altérer le courage de 
ceux qui devaient ^uiyre^ ne fut pour eux qu^un mo- 
tif de plaisanterie , et le sujet de qtuelqtues jeux dt 
moti. 



(46) 

Lorsque deux deini - brigades , un 
régiment de dragons, une partie de 
celui du huitième de laussards, deux 
pièces d'artillerie légèrç, furent for- 
més, on se porta aussitôt sur Kus* 
$ing et les hauteurs de Maringen , 
dont on s'empara facilement. L'en^ 
nemi ht aussitôt avancer par la 
plaine^ huit escadrons soutenus d'une 
compagnie d'artillerie légère , et par 
la hauteur deux bataillons d'infan* 
terie. On résista au premier effort 
de ces troupes , et on se tînt sur la 
défensive jusqu'à l'arrivée de quel* 
ques renforts : alors on reprit l'of- 
fensive et on parvint à Téloignen 

Pendant que l'infanterie combattait 
sur les hauteurs de Kussing , la ca- 
valerie qui venait de passer , renfor- 
cée de deux régimens de la réserva , 
p'ayança à travers la plaine qui s'é- 
tend entre le Lech et le Paar , pour 



joindre la gauche de notre aîle 
droite avec les trovipes du centre ^ 
afin de faciliter le déploiement de 
celle-ei , mouvement nécessaire pour 
faire une attaque vigoureuse sur le 
flanc gauche de V^i^nomi , campé 
sur les hauteurs dp Friedberg, aus- 
sitôt que Taile droite eut passé le 
torrent et gagné les hauteurs de 
Kussing p le général Saint-Cyr com- 
meiiça son attaque par un grand feu 
d'artillerie et de mousqueterie ^ et 
parvint à éloigner les Autrichiens 
des bordfi du Lech et des dieux ponts 
de cette rivière, ce qui lui donna 
le moy^n de feire passer un corps 
de troupes assez considérable : ces 
troupes «'eurent pas plutôt passé , 
qu'elles chassèrent lés ennemis des 
h(yh qui hordent le Lech , et qu'elles 
s'emparèrent du village de Lechau- 



(48) 
Ben, où les Autrichiens leur aban- 
donnèrent cinq pièces de canon. 

Aussitôt que le surplus des troupes 
du centre et Tartillerie , ainsi que 
la cavalerie de la réserve , furent 
passées , on prépara l'attaque du 
camp de Friedberg. 

L'aîle droite et le centre de notre 
armée engagèrent le combat, et re- 
poussèrent les Autrichiens : ceux-ci 
commencèrent alors leur retraite par 
les routes de Munich et de Ratis- 
bonnej mais l'avant-^garde de notre 
aîle droite avait déjà gagné la pre-, 
mière de ces routes pour leur couper 
la retraite , tandis que le général 
Saint-Cyr les pressait de front. Une 
partie de leur colonne fut rompue , 
mise en déroute , et rejetée dans les 
bois avec perte de toute son artil- 
lerie. 

Le 



(49) 
La première division du centre 

s'empara de Friedberg et des hau- 
teurs 2 au moment où l'ennemi les 
abandonna , et Ton se mit à sa pour* 
suite. Sa retraite se fît alors dans le 
plus grand désordre, et devint une 
déroute complette. Nos troupes s'a- 
vancèrent ensuite , sans éprouver de 
résistance, jusques sur la route de 
Neubourg à Friedberg, et ramassè- 
rent les débris du corps de Latour^ 
cent prisonniers 9 trente chevaux et 
six caissons. 

Le général Vandame , à la tête de 
la cavalerie légère , poursuivit Ten- 
nemi dans la vallée de la Paar , et ne 
s'arrêta que lorsque la fatigue des 
hommes et des chevaux ne, lui permit 
plus d'avancer davantage. 

On prit en tout, dans cette journée, 
dix-sept pièces de canon , deux dra- 
peaux et près de deux mille prison* 
nierg. £ 



(5o) 

CHAPITRE Vil. 

Marche de V armée en Bavière. — 
Combat de Geisenf'eld. 

Xj e Lech passé ^ l'armée $*avança en 
Bavière , sans éprouver beaucoup de 
résistance ; le corps de Latour ayaitt 
beaucoup de peine à se rallier. L'en- 
nemi s'était retiré derrière Tlsèi^p t 
nous cédant toujours le terrain ^ sâiis 
nous le disputer. 

Le i5 fructidor^ au matin 9 a« mo- 
ment où toutes nos troupes étfident' 
en mouvement pour exécuter les dif- 
férentes attaques projetées par le gé- 
néral en chef , nos avant-pcirstes .de 
l'aile gauche furent vivement atta« 
quée vers Geisenield ^ notre ftvaHt- 
garde fot repo<as8ée. Cet échec fot 
bientôt reparé au moyen des secours 



(Sx) 
qui Aftiyj^çi^t mçGe^aiiiùment et qui 
rétablirent le combat. La cavalerie 
die rennemiy deux fois plus ^om- 
bseuse que la nôtre ^ fut jetée en dé- 
sordre dans les endroits les plus pia- 
réoiigeux des prairies, ce qui détermi« 
na rennemi à se retirer jusques dans 
les bois de Geisenfeld. On envoya da 
IHnffkntetrie à $a poursuite d^ns ce 
bols; mais la Auit empêcha qu'on 
oe le po^wd^ bien loin. 

T^ trois oorp^ de NeuendorfF, de 
Lutour et de Maxicantin , s'étaient 
lénpia contre une seule division de 
Tfdtle gauche, jointe à la cavalerie de 
téserve 9 cette supériorité n'empêcha 
Ifts rimnjspii d'échouer dans son en* 
JirRpnse ; et il finit par être repoussé 
Arec per^ie de douze ce^ts hommes 
tnés ou blessés, trois cents prison* 
tàien, cent chevaux iet un obusier. 



(5a) 

Ce revers jeta un grand décourage* 
ment dans l'armée autrichienne , et 
mortifia sur-tout sa cavalerie amenée 
de devant Sambre et Meuse, qui , sur 
les prcPmessesdeses offîciers^qui dépré- 
ciaient sans cesse nos troupes , s'était 
flattée qu^elle les battrait avec la plus 
grande facilité. 

L'ennemi repoussé à Geisenfeld i 
et battu sur presque tous les pôiiiti 9 
n'entreprit aucune nouvelle attaque, 
n paraissait décidé à nous céder tbn- 
jours le terrain , sans résistance. Peui' 
être son dessein f ut41 de nous engager 
à nous avancer témérairement entit 
l'Isère et le Danube , afin de pouvoir 
tomber avec avàntagesur l'un on Tau* 
tre de nos flancs , soit par les déboU* 
chés du Tyrol, soit par la tête ^ 
pont d'Ingolstadt. 

Le 17 , Tavant-garde de notr0 
centre attaqua un corps de trois ba- 



(53) 
taillons et de neuf cents clievaux qui 
couvraitFreysing. L'ennemi fut pous* 
se si vivement, qu'il n'eut pasletema 
de couper le pont de l'Isère , dont on 
s'empara : ce qui nous rendit maîtres 
du passage de cette rivière. 

Le 18, le général en chef fît faire 
les mouvemens et les reconnaissances 
nécessaires pour préparer ce pas- 
sage. 

Le 19 j Le corps de bataille fit un 
mouvement en avant ; le même jour , 
l'ailie droite essuya un revers , un fort 
parti ennemi la tourna et se porta 
sur nos derrières , à Dachau , où il 
nous enleva un parc d'artillerie. 

Pendant qu'gn faisait des disposi- 
tions pour attaquer en règle la tête 
4u pont d'Ingolstadt , l'aile droite et 
le centra firent un mouvement en 
■ ayant ,*le a i fructidor. L'avant^garde 
de l'aile droite se porta sur Mosbourg, 



(54) 
en chassa rejinemi , s'empara da pont 
de llsèreet fit centprisomiien. Celle 
du centre attaq-ua Mainbourg , en dé^ 
logea l'ennemi , et lui prit quafï* 
cent cinquante hommes avec vam 
pièce de canon ; celle de la gaocbe 
se dirigea sur Neustadt ^ d'où ele 
chassa également les Autrichiens. 

Cependant^ au milieu de tant de 
succès , la position de notre année 
commença à devenir inquiétante j on 
ne recevait plus de nouvelles de rsar^ : 
mée de Sambre et Meuse que par les 
gazettes allemandes j ks convoie àfi 
munitions et les courriers couralkiÇ 
risque d'être interceptés par les pay- 
sans insurgés sur les derrière» àel*ap* 
méci II pouvait arriver d'ailleuré qtt^ 
les corps rétmis des géfté^à«c Wolfl^ 
et Saint- Julîeil ^ bSén supériettrs à Ut^ 
division qui leur était opposée \ s'em- 
paràflietit de Brégenz et de Lindau p 



(55> 
et nous ô tassent ]:*af pui du IsifCàeCotts^ 
tance. L'enneini paraissait ne cher-» 
cher qu'à temporiser » 9011$ éçàksh 
pant toujours , et nous cédant le ter* 
rain , chaque fois que nous voulions 
le combattre. Il y avait lieu de présu- 
mer qu'après avoir réussi à éloigner 
Tarmée de Sambre et Meuse , TArclii- 
duc reviendrait contre nous avec 
toutes ses forces , et chercherait à dé- 
boucher sur nos derrières. Ces consi- 
dérations puissantes déterminèrent 
le général Moreau à faire faire un 
mouvement rétrograde à Tarmée , 
pour qu'elle prit une position plus 
resserrée , en attendant que celle de 
, Sambre et Meuse reprit l'offensive ; et 
pour aider à la dégager ^ il résolut de 
porter un corps sur la rive gauche du 
Danube , pour inquiéter les derrières 
in prince Charles , pendant que le 
festederarmée se resserrerait sur Neu- 



(56) 
htiuTg , pour contenir le corps de La* 
tour, et mens^cer de le prendre en 
flanc , en cas qu*il voulut se porter 
sur Ausbourg. 



■ I ■ I ■ I ■ <« . ,1... ... Il .mm 

CHAPITRE VII i. 

Commencement de la glorieuse rc" 
traite de V armée de Rhin et Mo- 
selle. — Combat de Neubourg. 

JN ous ayons suivi rarmée de Rhîa 
et Moselle dans sa marche triom- 
phante 9 des bords du Rhin à ceux 
du Danube et de Tlsère ; nous lui 
ayons vu parcourir dans un înter- 
"valle de huit décades tout l'espace 
€^\ s'étend de Manheim à Munich ; 
3Q0US ayons esquissé le récit de cinq 
grandes, batailles et .d'une multitude 
de cotn))ats , dont elle sortit toujours 
victorieuse. On y a la yoir ayec inté- 
'fit fournir une carrière plus difficile 
et plus périlleits#^ lentîèrement enyî- 
ronrié d^ennemis , livrée aux plus 
gr'ânids dangers^ elle y a commencer 



(68) .0, 

sa fameuse retraite ^ ( i ) qui n'est 
pas moins admirable par la constance 
et le courage tranquille du Mldàty 
que par le génie du chef qui Ta di* 
riga y et qui sera citée dans tous les 
siècles comme un véritable prodige. 
Avant d'en faire le récit, il est in» 
dispensablc d'indiquer qu'elles étaient 
les positions respectives qu'occur 

( I ) On a voula cùmpatet^ je M 9fli» p^m^tt^ / 
H retraita de Moreatt «t«C celle du 3ié«4|^io|i| 
pour en rcleyer le mérite. On a fait une comparaison 
fausse. Xénopbon effectua sa retraite au milieu d'une 
atmée non aguerrie et de penpWa làdita^ mobs et «T» 
fémînëe. Morean op^ra la «iéime au mitie^des fUi^ 
grands dangers ^ entouré d'ennemis forn^idables, et 
trois fois plus nombreux , ayant à combattre en même 
tems ràpr^é d*un sol aride | liérisé de' rMàeWy d* 
bais y dcr gorges et de défilés^ naé masse ifoseMedé: 
paysans insurgés qui le harceUient. continaelleinent 
éûr ses derrières. La retraite de Jtënbplibn est celfe 
d'an espitaîne ezpérlmcftld, ééXYé ai IHtotctaiA eit.À- 
fridt du génie et des cômbinaisens les plus savante». 
Tout fut calculé dans cette célèbre retraite juiqu^inx 
évènemens , qui n'entrent point dans Votait ordfcMsxe 
dos probabilités bumainca* 



( % ) 

paient les deux armées y à l'époque 
où elle commença à s'effectuer. 

La première division de l'aile droite 
étaiit partagée en deux brigades ; l'une 
en ftvaint de Bregeuz ; l'autre , à 
Kempten^ avait en opposition les 
corps des généraux Wolff et Saint- 
Julien : celui du général Frœlich était 
au pied des montagnes du Tyrol vers 
les sources de l'Isère. 

L'avant-gardé de la seconde divi- 
sion de l'aile droite , était à Munich, 
opposée au corps de Condé , qui était 
de l'autre côté dé l'Isère. 

Le reste de l'àîlè droite était à Frey- 
Bingeii et à Ktosbourg. 

Le corps de bataille j composé du 
cettfi-ëy dé l^dh ga^dke et de la 
rétetve*,- oc^^pâh-te pMîrioW dé Gti^^ 
senfeld et celle devant la têce de pont 
<l'IngoIstadt ^ arec des avant-gardes 
^ Maitibourg et à Keustadt, 



( <îo ) 

Le corps Je bataille Autricliieny 
du £;êi!enil Latonr, était partagé 
entre lui, les giénéranx Mercantin et 
Deway , et campaient anx enTironi 
de Londâhut , partie derrière llsère. 

La division de Neaendorf , yenne 
de devant Sambre et Mense , conyrait 
RAtisbonne. Elle était postée à Abens- 
berg. 

Le 24 irnctidor^ le général Dessaîz 
alla vers Nurembei^ ponr inquiéter 
les derrières du prince Charles. 

Dans la nuit du a4 au aS , il mar^, 
cha à Neubonrg , où il passa le Da« 
nube pour cette expédition ^ et se 
la route d*Aichstett. . 

nuit rânnée quitta 
IpourneTenir 

quitta en même 
*-* "ttTÎntpnndrs 





..( 6i ) 
)n'i en avant de Frîedberg, 
couvrir les ponts du Lech. 
26 , le Corps du général Des- 
saix dépassa Aichstett , et envoya 
* des partis fort loin. Cette journée 
et celle du 27 furent employées à 
faire prendre à l'armée une nouvelle 
position derrière Uhterstadt ; on laissa 
un corps en avant de Neubourg , et 
des postes avancés à Pœttmès. 

Le 28^ les ennemis^ qui marchaient 
à la faveur d'un brouillard très- 
épais , attaquèrent^ à Timproviste, 
les troupes qu*on avait laissé pour 
couvrir Neubourg , avant qu'elles 
eussent eu le tems de rectifier leur po« 
sition. Malgré la vive résistance dé 
nos troupes , elle se virent à la fin 
Forcées de céder au nombre ; mais à 
l'arrivée de l'infanterie delà division 
Ouhesme^ elles commencèrent à re- 
prendre l'avantage du combat. Après 



quelques succès nous f&mes obligés 
de rétrograder. On fit la retraite sans 
aucune perte. 

La cavalerie autrichienne y en se 
retirant , le long du bois de Wes« 
heringi qui est bordé de marais , fut 
culbutée et mise en désordre j elle y 
perdit quatre-vingt chevaux et autant 
de prisonniers. 

Un demi-bataiUon d'infanjerie lé- 
gère et deux escadrons incomplets 
de hussards , placés à Pœtmès ^ 
avant garde , furent attaqués, jp^v le 
corps de Çondé. Forcés de cé^cir ^ 
ce corps nombreux qui av^t reçiii}.dè 
nouveaux rjenforjts , ils abandonne- 
ront Pqettmès et $e retirèrent à Frnck. 

Le général Dessaix , dont l'expé- 
dition avait été trop tardive pour 
intercepter les convois du prince 
Charles y et qui d'aillemrs pouvait 



(63) 
étre^eoopé , «ut l'ordre de rétrograder 
et de se rapprocher de rarmée. 

Le 39 , le centre et vfve partie de 
l'aiie gauche repassèrent le Danube , 
et prirent possesdon eiftre Rorafeld 
et Kenbourg. On attaqua rewneœi 
dans les bois de ZcU et de Fruck , et 
Mlle raœena jusqu'à Weihering. 

Les partis ennemis pénétrèrent sur 
la route de Rain à Neubourg, et 
nous enlevèrent un commissaire des 
guerres et quelques charettes de 
Tivandières. 

Le 3o , le corps de Dessaix ayant 
repassé le Danube ^ la totalité de 
l'année se trouva sur la rive droite 
de ce fleuve. 

Le premier jour complémentaire ; 
û#chassa l'ennemi de Pœttmès ^ et 
on le força à^e retirer à Portenau , 
derrière * des marais . 

Le deuxième ; Tarmée continua sa 



(64) 
marche de flanc , et porta sa dro 
à la Paar ; no3 avant-gardes poi 
sèrent celles des ennemis jusques y 
Schrobenhausen , et leur firent v 
centaine de prisonniers. L*aîle dro 
fit un mouvement en avant sur 
route de Munich , et parvint à ré 
blir sa communication avec le gr 
de Tannée. * 



( 65 ) 

C H A P I T R E IX. 

Sortie des garnisons de Manheint 
et de Philisbourg. -^^ Attaque de- 
Kehl^ de. vive Jbrce^yle a complet 
rmentaire > par Vennéjni., 

A. V A N T de poursuivre les opéra- 
tions de la retraite de l'armée de 
Rhin et Moselle , il est nécessaire de 
se rappeler qu'après la bataille d'Et- 
lingen 9 l'armée^ eu s'avançant sur 
le Necker , laissa en observation des 
garnisons de Manheitn et de Philis- 
bourg , "un corps de troupes composé 
d'une demi* brigade et de deux esca- 
drons de dragons y sous les ordres du 
général Scherb. . r 

Quoique ce corps fat très • infé- 
rieur aux garnisons réunies de ces 
d(mx places^ etconséquemment beau* 
F' 



(66) 
ccmf^-^op .&ibU pour reiDjilir ton 
objety et assurer la commiam cation de 
l'armée à une aussi grande distance 
q(ie<)eUe ok elle se trourah paryentte } 
l'èmiemi n'dsa rien entreprendre to«t 
l^tems qne nos troupès' furent éga« 
lement yictorieusea dans les deux 
années. Ce ne fut qu'après lee pre- 
miers succès du prince Charles qœ * 
ces garnisons se montrèrent hord de 
leurs murs , et que des rassemble^ 
mérïs de paysans attaquèrent nos 
convois, harcelèrent nos derrière^' y 
et que dés partis de Philisbourg 8*«- 
•vancèrent sur la grande route de 
Stuttgardt jusqu'à Pfortihèîm. - ' 
Le 19 fructidor , le général ëchëA 
prévenu qu'il serait àttitqtié dâiïs M 
position de Bruschal , pâf là^gattiîSdil 
de Philisbourg et urie èoloxiHé de 
paysans , prévîfit l'enufemî et Fatfà^ 
quale 18 à Ôbstadt. L^enxtetaii ib«^ 



(«7) 
repoufiaddans ses places , la bayonr 

nette dans les reins , ayec une pertçi 
considérable. 

, -Le 9tO ^ les Autrichiens se montré^ 
rent de nouveau à la même position > 
%t furent également repoussés. Us ne 
oessjèrent dès -lors de harceler nos 
arant-postes^ qu'afin de masquer les 
mouvemens qu'ils se proposaient de 
&ire y' pour nous tourner et nous 
couper la retraite. 

he aj , k l'entrée de la nuit , les 
petits corps détachés sur nos flancs ^ 
furent attaqués yivement et forcés 
cle se retirer sur le corps principal ; 
ce qui détermina le général .Scherb 
^ se retirer entièrement sur Kehl | 
ayant reçu Tavis qu'un corps consi- 
dérable d'infanterie et de cavalerie 
marchait contre lui , et que ce corps 
Seyait être renforcé par les garnisons 
da^Manhcim et de Philisbourg , jpiour 



(68) 
reponssersa division^ s'emparer de 
Kehl de vive force» et se porter dans 
les vallées de la Renchen et de la 
Kintzig , aiin de priver notre armée 
de toute communication. 

Du 27 an 28, le général Scherb 
commença sa retraite , et força tous 
les passages l'épée à la main. 

Il arriva à Kehl , le 29 à onze heures' 
du soir , après avoir été continuelle- 
ment harcelé en flanc et en quene. 
Cette retraite fut si bien conduite p 
que cette division , presqu'investie , 
n'échappa à Tennemi qu'au moyen' 
do iri^s-habiles manœuvres » qui lui 
df^robètx^nt en partie sa marche » et la 
miiivc^rcnt d'une perte presque cer- 
tniito. 

11 n'y avnît alors pour toute gami- 
H(\\\ dans Kehl, qu'un bataill on d'une 
dt^iul-brigade, avec quelques débris 
d'une autre ^. qui y avaient été placés 



(<î9) 
pour les trayanx. Les ouvrages qu'on 

y avait commencé^ après le passage 
du Rhin , n'étaient qu'ébauchés , et 
n'avaient pas reçu la perfection né- 
cessaire pour les mettre à l'abri d'être 
emportés de vive force. 

Le général enchef^ qui avait sage- 
ment prévu tous les évènemens , avait 
détaché de l'armée une demie- bri- 
gade d'infanterie avec un régiment 
de troupes à cheval , pour marcher à 
grandes journées au secours de ce 
fortj mais ce corps, parti de l'armée 
le 2,2. fructidor, n'était pas encore 
arrivé. 

Le général Scherb avec les troupes 
à cheval, resta dans le camp qu'il 
avait pris en arrivant sur la rive 
droite de la Kintzig, en avant du 
pont; et c'est uniquement au cou- 
rage opiniâtre de nos soldats ,' et à 
leur ëtoniiante bravoure , que la Ré- 



I 



(7o) 
publique dût alors le salut de ce iprt ^ 
pour la conservation du quel on n'a*^ 
voit pris aucune mesure défensive. 

Le 2 complémentaire y avaat. le. 
point du jour, Kelil , fut vivement at-. 
taqué par les troupes autrichiennes , 
partagées en trois colonnes. Leurs at- 
taques eurent d'abord le plus heureux 
succès. Us parvinrent en peu de tems 
à se rendre maître de tous nos ouvra- 
ges de la ville et du village.de KebU 
et même du fort. Le corps du général 
Sclierb fut entièrement neutralisé dans*, 
ce premier instant , Tennemi étant ar^ 
rivé par ses derrières et l'ayant pré- 
cédé dans KehI. 

L<' général Sircé se mit à la tête de . 
la 68®. dimi-brigade , et soutint le 
combat dans la ville. Il fut repoussé 
trois fois parla supériorité dunomhre^ . 
et le feu à mitraille de quatre pièces 
do canon qui enfilait la grande rue. 



(70 

Ce ne fol que vers sept heures , après 

des efforts inouis et des prodiges de 

Tolesr quie la fortune commença à 

changer en notre faveur. On fit pri^- 

sonnier dans le fort le lieutenant co« 

lonel Ocskay ^ avec deux cents hom« 

mes. Ce succès ranima la confiance 

d'un bataillon qui avait plié , et qui 

s'était jeté sur les ponts du |lhin. Le 

gjéoérol Schawembourg accourut de 

Sl^çbourg y parvint à le rallier et à 

le<raniener à la charge. Cela mit à 

m6a»e de mieux supporter l'attaque 

impétoeuse de Tennemi , qui avait 

djéjà perdu beaucoup de monde , et 

qui s'épuiMit par un combat si opi* 

niâtre. 

- La ville de Strasbourg se trouvait 
Une fgarnison ; mais on avait ras^- 
fiemblé et armé à la hâte les ouvriers 
des fttteliers des magasins militaires , 
et bn en avait formé un bataillon 



qu'on envoya au secours ^de Kehl ^ 
avec les grenadiers , les chasseurs et 
les canonniers de la garde nationale 
Strasbourgeoisé. Ce renfort arriva à 
propos , et le secours qu'il procura ^ 
devint décisif.. 

L'ennemi fut mis en désordre ^ 
rechassé de la ville, et par suite du 
village de Kehl , où le combat dura 
encore quelques tems , mais que nos 
troupes lui firent enfin évacuer. A 
dix heures il tenait encore dans une 
redoute , et dans les dernières^ mai- 
sons du village. A onze heures le 
fort, la ville .^t le village de Kehl , 
eAhsi que tous, les ouvrages , furent 
entièrement en notre pouvoir. 

Tel fut le résultat de cette journée 
sanglante et méinorable , qui pouvait 
avoir pour l'armée les suites les plus 
funestes. Ce né fut à- la vérité qu'au 
prx d'un Êbmbat de sept heures des. 

plus 



(73) 
plus terriEfes et des plus acharnés ; 
contre des forces supérieures , qu*on 
parvint à repousser rénnemi > qui 
s'était déjà rendu maître de la plu- 
part de nos ouvrages. Il perdit six 
cents cinquante hommes tués. On lui 
fit trois cents prisonniers; un obusier 
et quelques caissons tombèrent aussi 
en notre pouvoir. Notre perte, quoi- 
que très - considérable , ne fut pas 
aussi forte que la sienne. 

Après le mauvais succès de cette 
tentative , l'ennemi divisa ses forces 
pour les porter à la fois dans les dif- 
férens défilés par où nous pouvions 
nous retirer j il envoya des postes très- 
au loin en avant ^ et qui surprirent 
et nous enlevèrent' beaucoup d'am- 
bulances 9 des équipages et des admi« 
nistrations. 

Un Autre partie de la garnison de 
IVIanheim ^ sous les ordres du général 

G 



(7i) 
Hotae y. $a. porta sur la r9^ gaucbe 

du Rhin. Il fut riçpâussé par quel* 

que$ faibles détaohemens des places ^ 

soutenue par les colonnes-mobiles dii^ 

département du BasrRhin, et il se- 

redxasans^avoic obtenu d'autre ayan* 

tag^<que d'avoir dégradé^ les lignes^ 

de la Guiech^ et les fortificaticinfr de 

Germesheîmré 



(75) 



CHAPITRE XI. 

Suite de la retraité de Varmée du 
Rhin et Moselle. — Bataille de 
Bibérach. 

Sh N interrompant un instant le ré-^ 
cit de la retraite de l'armée de Rhin 
et Moselle , nous avons voulu pré- 
senter, sous un même coup-d'œil l'en- 
semble des opérations de cette armée, 
dont les troupes détachées du corps , 
rivalisaient de bravoure et de gloire. 
Nous allons reprendre le fil de notre 
narration , et suivre de nouveau cette 
armée invincible , surmontant tous les 
obstacles , et se frayant un passage au 
milieu des plus grands dangers , avec 
uïie intrépidité réfléchie . 

La situation où se trouvait cette ar- 
mée était d'autant plus embarrassante. 



(7<5) 
que la première division de droite était 

fortement menacée par des corps for* 
midables d'ennemis qui , réunis , for- 
maient une masse de force très-supé- 
rieure à celles des généraux TVrreau 
et Paillard. En effets ce dernier se 
trouvait totalement cerné dans sa po- 
sition , près de Kempten ; mais il se 
dégagea et repoussa Tennemi , secon- 
dé par le général Tarreau , et lui en* 
leva une pièce de canon. 

Sans aucun appui , toutes nos com- 
munications interrompues ^ le géné- 
ral Moreau se détermina à continuer 
sa retraite ^ en prenant une position 
plus resserrée et plus rapprochée , 
d'où il put détacher un corps de 
troupes pour couvrir ses derrières , et 
attendre des circonstances plus heu- 
reuses pour marcher en avant. Il se 
mit en mouvement pour prendre la 
position de llller , la droite au lac de 



Constance, et la gauche à Ulm. Dans 
ce dessein , îl détacha quatre batail- 
lons et deux régîmens de cavalerie , 
pour aller à Ulm , couvrir cette place 
ainsi que les ponts du Danube , et re- 
pousser les partis ennemis venus de 
Manheim par Stuttgard , qui s'avan- 
çaient jusqu'à Gcfeppingen. 

Ce détachement, malgré sa marche 
forcée pour se porter à Uhn , n'y 
précéda que d'une heure la division 
ennemie de Nauendoiff , qui avait 
marché par la rive gauche du Da- 
nube , et qui se fut trouvé sur les der- 
rières de l'armée , si elle eut pu passer 
ce fleuve. 

Les dispositions deTarmée se trou- 
vant faites pour repasser le Lecli , 
cette opération s'effectua le 3 com- 
plémentaire. Toutes^ les précautions 
forent prises pour qu'aucun corps ne 
fut oublié , et pour que les avant- 



(7B) 
gardes ne pussent être attaquer avec 
avantage. Quelques mouvemes feints 
sur di£Pérentes positions , avaient 
trompé le général Latour^qui^ croyagat 
qu'on voulait l'attaquer , avait rétijo- 
gradé , et nous fit gagner par-là plu- 
sieurs marches sur lui j ce qui fissura 
alors davantage la retraite qui s'opé- 
rait. 

Notre aîle droite et le centre repas* 
sèrent le Lech sur les deux ponts près 
d*Ausbourg. L*aîle gauche passa par 
le Rain , et tous les avant-gardes r0$- 
tèrent ce jour là en avant de la ri- 
vière. 

Le 4 complémentaire , l'armée se 
retira derrière la Schmutter , et l'aîle 
gauche derrière la Zusam , à Wer- 
tingen j les avant-gardes prirent po- 
sition en arrière du Lech. Le corps 
du général Nauendorff la suivait par 
la rive gfiuche du Danube; son avant- 



( n) 

gatde arriv'a k piême joilr à Nordlin- 
gin et Donawert. 

lie 5 , VaxÉùée prit position derrière 
Ja Mimlel , la droite à Kemlat , la 
gauche :à 3urgau^ les avant -gardes sur 
la Ztisam. 

lie premier vendémiaire an 5 , elle 
prit position derrière la Guntz, la 
droite à Watenweiller , et la gauche 
à Bubesheim, en avant de Leipheim } 
l^S:^vant-garde6 sur la Mindel. ^ 
X»e 3 , elle arriva sur Tlller. 
Le co^psdu général Férino resta à 
Memmingen. 

Celui de Saint- Cyr pa«sa l'IUer sur 
les ponts dlllerdissen et de Kerch- 
berg. 

I/aîle gauche , sous les ordres do 
Dessaix , arriva à Ulin , y passa le Da- 
nube , et prit position sur les hauteurs 
en arrière de la Slau , la droite au 
fleuve y et la gauche à Klingenstem. 



(8ô) 
Le général en chef qui avait d'a- 
bord eu l'intention de s'arrêter quel- 
que tems dans cette position , conti- 
nuant à ne recevoir des nouvelles 
m de France, ni de Tarmée de 
Sambre et Meuse , sachant <jtie TÀr- 
chiduc manœuvrait sur seâ* derrières, 
que la division de Naueridorff s'avan- 
çait rapidement pour se réunir à «n 
corps , commandé par le général 
Petrasch, crut n'avoir pas de temîlà- 
perdre pour regagner le Rhin , ilré- 
solut de continuer sa retraite. 

Le 8 , l'armée arriva derrière le 
Fédersée. Le général Férino , avec 
son corps et deux brigades qu'il avait 
rejoint vers Zeil, se porta sur des 
hauteurs derrière la Schussen. 

Le centre fut placé près de Steîn- 
liausen. 

L'aîîe gauche se retira par la rive 
gauche du Danube jusqu'à Elingen, 



(8i) 
OÙ elle repassa ce fleuve ; elle aban- 
donna Ulm , qui fut canonnëe vi- 
vement par rennemî , et qui fut 
évacué dans la nuit du 5 au 6 : cette 
ûîle prit position entre le lac Féder- 
sée et le Danube. 

L'année était alors serrée de très- 
près j elle avait en tête le général 
Latour. Un corps ennemi très -con- 
sidérable y joint à celui de Condé ^ 
menaçait notre aîle droite : Nauen- 
àorlï, marchant sur la gauche du 
Panube , faisait tous ses efibrts sur 
notre flanc gauche ^ en essayant de 
le tourner. Le général Petrasch , avec 
dix mille hommes , occupait sur les 
derrières les débouchés des montagnes 
Noires, et l'Archiduc s'avançait avec 
une forte colonne qu'il ramenait du 
bas Rhin , pour s'emparer de Kehl et 
de la tête du pont d'Hunîngue. Il 
était à cette époque parvei^u au-delà 



(»2) 

du !l^ein ; une partie de sa c^ralerie , 
avait déj^ rejoint ]ie géjiéi^l ijet^^^çb^ 

Le 9 vendémiaire le général Lar 
tour poussa son avant-garde par 
Steinhausen jusqu'à Schussenried , 
où il s'engagea un combat fort vif* 
Le général Saint - Cyr soutînt son 
avant-garde avec son corps de ba* 
taille y et cette affaire s'étendit sur 
toute la ligne. Le général D^ssabs. fut 
ausjsi attaqué à la gauche , /et le gé- 
néral Férino à la droite , prjàs de 
Rawensbourg -..par tout l'enHemi 
fut repoussé aveq perte de trois cent» 
prisonniers^ dont cinq of^ciers. 

Au piiïieu des da.ngers sans nopi-, 
bre qui menaçaient Tannée , elle ne. 
pouvait continuer sa retraite ni for- 
cer les passages des montagnes Noires. 
S9.ns rejeter $issez loin le général La- 
tour , pour s'en débara&ser au moins ■ 
pour quelques jours. L'unique avan- 



( 83 ) 
tage que nous avions, fut d'avoir 
nos forces concentrées , et de pouvoir 
porter la niasse réunie contre les 
diffërens corps qui nous cernaient 
de toutes parts ^ et de pouvoir es- 
pérer: de les battre successivement et 
en détail. Le général en chef en sut 
profiter avec son habileté ordinaire, 
pour garantir son armée d'une perte 
certaine. 

Le premier corps ennemi que Mo* 
reau résolut d'attaquer , fut celui de 
Nanendorff , qui marchait pour nous 
couper les passages des vallées de la 
Kintzîg et de la Renchen , et qui 
ayant trop d*avance , était trop éloi- 
gné pour être secouru par le général 
Latoun Une bataille était presque. 
Tonique lessourx^e qui nous restât ; 
la constance admirable et la fermeté 
héroïque de nos troupes conviaient 
à prendre ce parti audacieux : le 



-^as- -xr-ir i^KiŒ- sot] 
soarer^s. retraite. Le séx 
jzxiTe X Bol 



.è^sr5 ^«^suiis remues £ 
gg^*^* .zjâr ▼zDSv "* cxoQ nu 

Z^Qcescsizxsien et Xeustac 
lîmiKxtiRS étaient occn] 
^tnipes aotrichiennes et 



(85) 
pièces de canon et deux drapeaux 
tombèrent en notre pouvoir. Si notre 
^île droite eut exécuté le mouve- 
ment qui lui avait été prescrit, Ten- 
^emi aurait éprouvé une perte beau- 
coiip plus considérable , et notre 
^ccès eut été plus important. 



• fc 



^ :^ A 7 : T 3. E XII. 



"•^'''^^^^v • J;»l,iù. inricc 4BaiOSf^ 



c. 



(87) 

plus d'un combat pour se r'ouVrir 
un chemin par les villes forestières 
et pour forcer les gorges de la forêt 
Noire. 

Après la bataille de Biberach , 
Moreau ne laissa devant le général 
Xatour que ce qui était indispensable 
pour le contenir. Il fit passer le 
Danube vers Riediingen à une partie 
de ses forces qu'il destina à marcher 
contre la division NauendôrfF, vers 
Rotvreil et Villingen. 
. Les 14 6^ 1^ vendémiaire y Tavanto 
garde de cette portion de l'armée ren- 
contra les postes avancés de Tennemi, 
qu'elle repoussa vivement , et arriva 
le 18 à Rothenmunster. 11 s'y enga- 
gea un combat très-vif à la suite du- 
quel les Autrichiens furent repoussés 
au-delà de Rotweil , avec perte de 
cent quarante cuirassiers , faits 
Bonniers avec leurs cheyaux. 



i 



(88) 

Pendant cette attaque , un autre 
corps de nos troupes remonta la val- 
lée de la Bregue, tourna le poste de 
Villingen , après un second combat , 
dans lequel on prit à l'ennemi deux 
pièces de canon et cent cinquante che« 
Vaux légers. 

L'armée ne pouvant plus regagner 
Kehl par les vallées de la Renchen et 
de la Kintzig , trop fortement occu- 
pées par l'ennemi , n'eut plus d'autre 
chemin pour se retirer que celui des 
vallées étroites et difficiles qui abou- 
tissent à Fribourg , et le passage des . 
villes forestières. En conséquence , 
elle se porta , après sâ victoire , par 
Moskirch et PfuUendorff , à hauteur 
de Stockach et de Friedingen. Elle ar- . 
riva le 16 dans cette position. Ce fut 
d^là qu'on détacha une demi-brigade 
pflfe ouvrir le chemin des villes fo- * 
restières , et ramener à Huningue le 



(89) 
grand convoi des munitions et des 
bagages. Elle parvint à remplir son 
objet sans éprouver de grands obs- 
tacles. Le reste de Tarmée continua 
sa retraite en se dirigeant par Dones- 
chingen. Alors, le général en ckef 
ayant destiné le centre de l'armée à 
forcer le passage du Val-d'Enfer (i) , 

( I ) Pour trayerscr les montagnes Noires de Neus- 

tadf à Fribourg , il faut soiyre pendant deuxbear es 

'mme Tallée extrêmement étroite et resserrée entre des 

Tocfaers'à pic. Cette yallée ou plutôt cette crevasse , 

^u fond de laquelle coule |k torrent, et dôiit les pa- 

3roîs ne sont éloignées que de quelques mètres , est ce 

^n'on nomme le Val-d^enfer, c'est par oe défilé ef- 

:tfrayant que la plus grande partie de l'armée a tra- 

^^ersé les montagnes Noires , ayant l'ennemi en tête , 

il dos et sur les flancs. ^ \ 

C'est dans cette gorge que ràndacleux Villars 

avoit refusé de s'engager en 1702 , lorsque l'électeur 

deBayière^ le pressant de traverser les montagnes 

Koîres, pour venir le joindre ce général ^ lui écrivit : 

cette vallée de Neustadtj que vous me propcse{ j c'est ce 

Chemin qu'on appelle le Val-d'enfer. JSé bien, que 1 

altesse me pardonne l'expression, je ne suis pas 3 

* fQurypasier, 

H 



c est ce 
tev^ÊÊ 



(90) 
le fît sortir de la ligne , et réuplt TaSle 
droite et l'aSle gaudie de rarmée en 
un seul corp$ de bataille , qui devait 
faire tête aux corps de Latour , Pe- 
trasch et Nauendoriï'. 

Les troupes chargées de forcer ce 
passage , surmontèrent ayec une bra- 
YOure incroyable tous les obstacles 
que leur présenta la nature du pays. 

Le no vendémiaire , elles attaqué^ 
rent, avec une extrême vigueur, tout 
ce qui pccupajit^ette vallée s\ ejfr 
frayante. L'ennemi fut culbuté. Une 
centaine de prisonniers et une pièce 
de canon tombèrent en notre p.o»yoir^ 
L'ennemi se retira dans le plus grand 
désordre sur Emmendinjgen. 

Le 21 , le centre de l'armée prit po' 
sîtion êii avant de Fribourg. 

.l|Xes journées du 22 , du 2,3 et du 24 
nHfnt employées à faire défiler p^ 



cette vallée le reste de l'armée qui se 
retrouva entière à la y^ du Rhin. Le 
cojLYpi des munitiosis et dea bagages 
passa fOf les villes ibrestières ^ pro-* 
tégé dans sa marche par une partie 
de Taîle droite , et il arriva égale- 
jnent à Hunin^ue sans aucune perte. 
Ainsi cette brave armée , dont la 
situation à la fois périlleuse et inté- 
ressante^ avait attiré sur son sort l'at- 
tention de toute l'Europe , et que 
l'ennemi s'était flatté de prendre 
toute entière , parvînt à lui échapper 
par les savantes combinaisons de son 
chef ^ et par l'habilité avec laquelle il 
sut mettre à profit la bonne disposition 
des troupes ej leur inébranlable fer- 
meté. Elle se retrouva sur ses frontières 
après une marche de cent lieues , faite 
à travers mille difficultés , et au mi- 
lieu des plus grands dangers , appor- 
tant avec elle les glorieux trophées 



( 9» ) 
des victoires brillantes qui pla< 

cette retraite au rang des plus be 
opérations militaires , dont Vh 
toire nous ait conseryé les détai 



( 93 > 

CHAPITRE XII I. 
Ketrait^ de Varmée sur Huningue. 

JLiB 24 y 25 et 26 vendémiaire se pas- 
sèrent en combats d'ayant-gardes au- 
delà de TEltz , dans Tun desquels on 
fit prisonniers quatre compagnies 
d'un régiment ennemi avec neuf of- 
ficiers. 

Le 27 , nos avant -postes de Taîle 
gauche furent attaqués dans les val- 
lées d'Enfer, de Saint-Pierre et de 
Saint- Mîrgen , et forcés de se replier 5 
ihaLÎs le corps de bataille de cette aîle 
y conserva sa position , et tous les ef- 
forts des ennemis pour déboucher par 
Ces gorges furent inutiles. 

Le lendemain , l'archiduc Charles 
jui avait réuni toutes ses forces , 
parcha pour nous attaquer sur les 
loixits. 



( 94 ) 
L'action commença à notre gau 

par Tattaque du village de Kœnd 

gen } Tavant-garde de Faîle gàti 

qui occupait ce village > cepojos 

diverses reprises les attaques réité 

de l'enneini , et l'Archiduc :fi^t ot 

de marcbçr en personne k la têt 

ses meilleurs corpa^ de grena.di< 

pour 1^ forcer d'alpandonner çfi 

lage. Sur priç^j*^ tOM It^ pc 

nous opposâmes une égale résisjM^ 

mais comme l'ençf^mL ët^Jlt tpaîitiî 

WaWkirch r et qj^e noi|S étipii^ 

minés p^r lés l\a,uteur$ qu'il 

paif, More^iDi crut qu'il serait 

pr\i4eBl; d^ rester dans nptre posît 

il 4t rftir^r l'^ri^jée un peu en an 

de }li^ngen:JPentzlirigen , et 1^, p 

à Nymbourg , .jïi^§q«i;anî les déJ 

chés de Waldkircb. 

Le 29 , les ennemis nous atta 

rent de nouveau dans cette poslti 



(95) 
ît, iùû\gté la supériorité de leurs 
53rce9 el; les efforts les plus grands , 
réitérés depuis dix heures du matin 
)fi$q^e$^ tr^avant dans la nuit , ils 
^% pur^t réussir à npuç entamer et 
4 no^â faire perdre du terrein i l'in- 
fi(9terie de leur droite fut rnême très- 
maltraitée dans cett^ affaire par celle 
de Dessaîx. 

Moreau , voyant que toutes les 
forces de rArçhiduç étaient réunies , 
et qu*on aurait de la peine à se 
maintenir dans le Brisgaw avec une 
armée affaiblie et fatiguée par la 
longueur des marches et par les 
pluies continuelles , et dénuée de 
' sotiliers et des vêtemens les plus in- 
dispensables , prit le parti de se retirer 
sur Huningue , et d'y repasser le 
Bhîn. 

Pour forcer Tennemi à une diver- 
îîon qui put rétablir réquiiibre , 



(96) 
Dessaix repassa le Bhin à Ërisacli 
avec Taîle gauche > et se porta 
promptement à Kehl pour menacer 
les derrières de TArchiduc. Le reste 
de rarniée se retira sur Huningue^ 
serré de si près par l'ennemi , que 
notre arrière-garde fut continuelle- 
ment aux prises avec lui. 



CHAPITRE 



(97) 

. C H A.P I.T RE XIV. 

'Bataille dtfensive de ScKliehgeti. 

JLi'armée française n'avait qu*un seul 
pont à Hunîngue pour repasser le 
IRhîn , et l*enneini la suivant de très* 
2>rès , il était difficile de passer ce dé- 
dGlé «ans être entamé j mais on racheta 
ôes désavantages par le choix (>une 
tonne position, où Ton pouvait re- 
cevoir la bataillei, 

'On arriva le premier brumaire 'à 
"Schliengen. C'est-là que Moreau, mal- 
gré son infériorité ,L résolut de séjour- 
^itr-pôur arrêter l'Archiduc j il avait 
^ïsême quelque espoir de pouvoir s'y 
^ïiâintfenîr^ dans le cas où ce général, 
^tifomné-dè la marche de Dessaix vers 
*Çehl , se serait affaibli d'une partiie 

I 



(98) 
de ses forces pour les envoyer à sa 
rencontre. 

Le 3 brumaire , à sept heures da 
matin , on fut attaqué àlir toute la 
ligné f nos troupes firent une telle 
contenance, que nulle part on ne 
put les entamer et forcer la ligne de 
bataille ; elles repoussèrent toutes les 
attaques de l'ennemi avec une ex- 
trême \igueur : la nuit, accompagnée 
d'uj^ brouillard épais et d'un ouragan 
affreux , mit fin au combat. 

L'armée ennemie se trouvant au 
moins double.de la nôtre, depuis 
que le général Dessaix s'rn était sé- 
paré , et dans l'impossibilité de se 
maintenir au-delà du Rhin , Moreau 
se décida définitivement à repasser 
ce fleuve. L'ai:mée coi^mença cette 
retraite dans la nuit qui suivit la 
bataille. 



V 



(99) 

Le 4 eU^ arriva dans la position 
de Ràltingen. 

Le 5 elle repassa entièrement le 
Rhin à liuningue ^ sans que Tennemi 
osât tenter d'entamer l'arrière-garde* 

L'archiduc Charles JUissa devant 
Huningne un corps assez considérable 
de troupes y et se porta rapidement 
avec tout le revste de ses forces de- 
vant Keht. 

Moreaù , de son côté , plaça près 

. d*Huningue un corps suffisant pour 

le contenir^ et vint avec le gros de 

Tarmée dans les environs de Stra,s* 

bourgs 



<( ^l'OO ) 



,ÇH A P I T R E XV, 

Siège du fort de Kekl. -^"HBuv^rture 
' de la trandhée. — Sortie cotisidé^ 

rdble. — Evacuation de Kéhi-par 

tes Français. 






A.pr4« la infllheui«ei^6e feintâtî^e 
-des Autrichiens contre le fort «âe 
Kéhl, le a complémentaire , *Cto ne 
^è 'serait ^ias imàgîiié qfu*îl Vdùiiis- 
^lit l-att»qmêr inëtbbclif|ia«Hi0M , «fet ^^ 
1|u*ïl fot dîgtte^^es -lioiïneurs d^iin -^ 
siège en règle , les ouvrages alvamsës 
et le camp retranché n'étant encore- 
qu'ébauchés. On regardait comme 
des travaux purement défensifs les 
lignes 4^ contrevallation qu'ils 
avaient commencées le 5 brumaire—^ • 
Cependant, vers les derniers jours de 
ce mois , on »e put s'y méprendre ^ 



( loi )^ 

5t l'on vit claiceipe^i^ qjM te $i^?, 
éta^t résolu. 

On avait commencé dans le cour 
nant du. même mois à employer les 
txonpes axLX travaux du fort f à les^ 
g.amir de grosse artillerie , et à k& 
palissader. 

Le général Des&aix , après avoir 
passé le Rhin à Brisoch , était venu, 
prendre le commandement en chefi 
de ce fort, dont la garnison fut cou- 
sidérablçment augmentée et l'onro-. 
doubla d'ac4;iYité dans les. travaux 
qui , faute de bras,; s'étaient jalenti^f 
depuis le premier complémentaire*^ 

L'ennemi de son côté ne perdit pa^ 
un instant pour perfectionner ses li- 
gnes de contre vallation^ Lorsque nos 
Qu vrages p^rurenX asse^ avancés, pour 
se permettre de l'attaquer aveej q^uel- 
que avantage, le général Moreau se 
lécida à faire un effort pour le fbçcc r 



( i«>a ) 

à leyer le blocus , où du moins pour 
lui en imposer par une tentative au- 
dacieuse. 

Le premier frimaire , pendant qull 
ouvrait la tranchée sur la rive droite' 
du Kintzig , on se disposa de notre. 
côté pour une sortie considérable.. 
Le !2 y au point du jour nos troupes 
marchèrent avec audace pour atta- 
quer la gauche des lignes de contre* 
vallation entre la Kintzig et le Rhin: 
elles débouchèrent de Tisle d'Erlen- 
rhîn et de la gauche du camp re- 
tranché. Une de pos colonnes força 
les] deux premières redoutes qui 
appuyaient ces lignés aux bras du 
Rhin j une autre y pénétra vers le 
centre et s'empara de Suntheim et des 
deux redoutés contigues à ce village j 
mais trois autres redoutes intermé- 
diaires entre ces deux trouées^ n'ayant 
pu êlre enlev^ées , et le restçde nos 



troupes, destinées à soutenir celles qvl 
avaient fait ces premiers efforts , 
n*ayantpu arriver et se déployer assez 
tôt, on fut obligé d'abandonner les li- 
gnes de Tennemi , et de se retirer 
dans le camp retranché , après un 
combatdequatre heures. On fit aux Au- 
trichiens sept cents prisonniers j sept 
pièces de canon et deux obusiers tom- 
bèrent en notre pouvoir , et on leur 
encloua quinze bouches à feu , qu'on 
ne put ramener faute de che.vaux. 
' Cette sortie vigoureuse causa à 
Tennemiles plus vives alFarmes. Tous 
ses généràu:x et l'Archiduc en per- 
sonne se portèrent à la trouée que 
nous avions faite. Toutes les forces 
autrichiennes se mirent en mouve-' 
ûient. L'ennemi fit les plus grands 
efforts pour nous faire abandonner 
la partie des lignes , et favorisé par 
ua brc^uillard épais qui nous empê- 



ckait de nous, reconnaître i et par 
rhumidité du terrain , qui ralentis- 
sait la marche de nos colonies , il 
réussit à rentrer dans ses ouyragips^ Noa 
généraux et nos soldat3 y firent doSr 
prodiges étonnons de valeur. Marefina^ 
qpi s'était porté au plus fort de l'ac- 
tion, reçut une balle morte à la tét«> 
le général Dessaix eut un cbeval tué 
sous lui et une forte contusioii à^ là- 
jambe : le général AutricHeh, Lar 
tour, eut austsi un cheval tué. 

Malgré Tinfériorilé du: nombre,, et . 
les nombreux obstacles que Ton eût 
à vaincre ,, nous nous retirâmes en 
bon ordre dans nos ouvrages^. Le. 
mauvais tems, la lenteur du déploie- 
ment des tjqQupe^ , .qui.n'avaient qu'i^. 
débQucJiQ poui^ déiiler , furent caitôe, 
q.ue cette affaire n'eût, pas tout le 
succèsqur'on s'en était promis ; elle fut 
très^sanglaurtei,, 4?t il y eut de part et 



< io5 ) 
Tantre un très -grand nombre de 
blessés.^ 

L'issue de cette journée décida du 
tprt de Kehl ;. en démontrant à 
M^C^auet D^ssaioL que l'ennemi était, 
trop biien retranché |t etnctu^rresser- 
rait trop' par. ses ouvrages , pour 
nous permetïtre de pouvoir déployer* 
un corps de • troupes assez considé-. 
rable pour le forcer à lever le bloeus,. 
et ce fort (i) dut par conséquent sue-, 
combe^r par la suite sous une attaque 
régulière. 

( I ) Ce siège est letjroisiôine qu*ait soutenu^cette 
forteresse , qui fut d'abord construite et fortifiée sur 
les dessins du maréchal de Vauban , auiant pour la dé- 
fense de Strasbourg que pour le prissage du Rhin. 

Eu 1703^ le maréchal de Villais f mit le siègâr en 
bhrer , et le conduisit plus brusquement et avec moirs 
de méthode que les ingénieurs ne le voulaient. La 
tnmchée fut ouverte lé 2J février , et la place capin 
la le xo. Mars, 

En 1733 , le siège de Kebl j fut la première opérai 
tîon de la guerre ; le maréchal de Berwick s'en em- 
para le 28 octobre, le dixième Jour de l'oareiture da 
la tranchée. 



('io4 y 

ckait de nous- reconnaitre i et par 
rhumidité du terrain , qui ralentis- 
sait la marche de nos colonies ^ il 
réussit à rentrer dans ses ouvrages. Noa 
généraux et nos soldats y firent da^ 
prodiges étonnons de valeur. MorejBua^, 
qiii s'était porté au plus fort de l'ac- 
tion, reçut une balle morte à la tête ;.. 
le général Dessaix eut un. cheval tué 
sous lui et une forte contusion àla- 
jambe : le général AutricWeh, La- 
tour , eut aussi un cheval tué. 

Mal^é rinfériorilé du- nombre,, et . 
les nombreux obstacles que Ton eût 
à vaincre , nous nous retirâmes en, 
bon ordre dans nos ouvrages^. Le., 
mauvais tems , la lenteur du déploie- 
ment des tjï{oupa§,iq^ui.n'avaient.qu*i^. 
débQucJiQ poui^ dé£ier , furent cause, 
q.ue cette affaire n'eût, pas tout le 
succès qu'on a^en était promis ; elle fui: 
très -San glaiite;,. €t il y eut de part et 



< 1^5) 
d'antre un très -grand nombre de 
blessés.^ 

Llssue de cette journée décida du 
fort de Kehl ; en démontrant à 
MoTreauet Dessau que l'ennemi était, 
trop bien retranché ,c et. noujçr resser- 
rait trop par. ses ouvrages , pour, 
nous permetître de pouvoir déployer* 
un corps de • troupes assez considé-. ' 
Table pour le forcer à lever le blocus,. 
et ce fort (i) dut par conséquent sue-, 
combe^r par la suite sous une attaque 
régulière. 

( I ) Ce siège est le U'oisiàme qu*ait soutenu^cette 
forteresse , qui fut d'abord construite et fortifiéç sur 
les dessins du maréclial de Vauban , auiant pour la d(!- 
fense de Strasbourg que pour lé pfissa^e du Rhin. 

En 1^63^ le maréchal de Villars f mit le siègai en 
hiveri et le conduisit plus brusquement et avec moirs 
de méthode que les ingénieurs ne le voulaient. La 
tnmchée fut ouverte le si5 février , et la place capir*. 
la le 10 Mars, 

En 1733 , le siège de Kebl , fut la première opérai 
tîon de la guérra j Te maréchal de Berwick s'en em- 
para le 28 octobre, le dixième Jour de roareiture da 
la trancbée. 



îi^V 



(io6) 

Après cinquante jours de tranchée 
ouverte , et cent quinze jours d'inves- 
tissement , ce fort ne fut plus en état 
de soutenir une attaque de vive force 
un peu vigoureuse j presque toutes les 
palissades étaient renversées , les fos- 
sés comblés en partie par des ébou- 
lemens de parapets j Tarrivée des 
renforts étant devenue très-difficile ; 
vouloir s*y maintenir encore , c'était 
s'exposer à perdre entièremeht les 
troupes et l'artillerie qui servaient 
à sa défense et dont la retraite était 
impossible. Ne pouvant se promettre 
de le conserver lopg-tems , on se dé- 
cida à l'évacuer. 

Le général Dessaix fut choisi par 
Moreau pour négocier avec l'enne- 
mi. Il résulta de cette négociation 
que Kehl serait évacué par nos troupes 
dans vingt-quatre heures , qu'elles 
sortiraient avec armes et bagages , 



( 1^7 ) 
tembour battant , drapeau déployé , 

et qu'elles emporteraient tout ce qui 
leur appartenait. 

Au moment de cette capitulation , 
l'armée firaijçaise , horriblement fati- 
guée d'une défense aussi longue que 
périlleuse , continuellement au bi- 
vouac au milieu des frimats , les 
c^hevaux de transport périssant de 
Paim , faute de fourage, tout pouvait 
)ustifîer l'abandon de Kehl à Tenne- 
mi , avec plus de cent bouches à feu 
et des munitions d'artillerie , cais- 
sons I ect* Dessaix ^ aussi brave mili- 
taire que négociateur habile ^ sauva 
le tout à la République; il persuada à 
l'ennemi que son camp était .miné , 
Bt que le général en chef était dans 
'intention de le faire sauter } que ce- 
>endant , pour épargner la perte de 
)lusieurs milliers de braves , les fran- 
iai9 . préféraient de se retirer de 



( io8 ) 
Kehl , et emporter tout leur àttiraril 
d'artillerie. 

Les envoyés de Tarchidlic Gheivks- 
consentirent à ces propositions ; oh 
apprît à la brave garnison de Rebl 
la suspension d'armes de vingt'-quatré 
heures , pour évacuer ràrtilîerie , eti 
sa sortie honorable pourle leifdènîHaî».' 
Aussitôt les canonnîers- enîtevèrènfeS^ 
bras les pièces de positîoin- , -et -les 
traîmèrentsur la rivé gauchedu R4iif)| 
chaque soldat de ligne emporta on* 
traîna voiture , boulet ou paiissades;* 
en un mot , on évacua en vingt-quatre 
heures, cent dfeux boucha à feu, un- 
grand nombre de voitures , toutes les' 
palissades ; on ramassa même jos-t 
qu'aux boulets ennemis- > éclats d'o-» 
buses , bombes^ etc. Les Autriiohiens, 
témoins de ce courage, enfuiieh&&ap-: 
pés d'étonnement ; on entendit de&: 
soldats français leur dire en allemand: 



( 1^9 ) 
tous ne te laisserons pas un clou. En- 

in y le ^1 nivôse , les français sous les 

iFii3€S f et commandés par le brave 

Dessaix , livrèrent aux autrichiens le 

terrain de Kehl , couvert de redoute 

qu'ils furent obligés de démolir , un 

(brtraséet une ville brûlée. Ils repas- 

B^reUtJe Rhin , avec armes et bagages, 

tembpur battant^ mèche alumée , 

drapeaux déployQS > laissant à Tenue- 

SE^i l'écifloir de trouver un fort et des 

mines :qui n'-existËbient pas* 

Leisi^e de Kehl est une des'plus 
toiémor^les et des pkvs célèbres q;^e 
puiôsse offrir lliistoire. 

D'une part , on vit ^ne armée 
•noinbrQuse , , fière d'avoir forcé son 
ennemi à la retraite , commandée 
ipax nom. prince à qlui 9a haute "nais- 
sance donnait' un pouvoir magique 
e«r4es sqldats déjà courbés sous le 
fe^'d^ne discipline^ d^antlant plus 



(no) 
Stricte qu'elle approche de 4a servi- 
•4nde j on la vk "déployer tout Tapa- 
reil d'un grand siège contre des re- 
tranchemens encore informes , mais 
dont la conquête est d'une extrême 
importance. Rendue circonspecte par 
le mauvais succès de son attaque du 
2 complémentaire an 4 f ^lie en 
adopta une autre' qui dut la con- 
duire à un succès assuré , mais tardif; 
elle suppléa à l'audace qui lui man- i 
quait par l'immensité de ses travaux; 
fit le siège de quelques ouvrages d^ 
tachés , déploya une artillerie fonm- 
dable contre des masures occupées 
par des tirailleurs. Néanmoins , par 
l'opiniâtreté constante de son àd?er« 
saire, qui lui disputa le terrain pied 
à pied , elle fut forcée de donner un 
assaut à chaque partie d'ouvrage où 
elle voulut se loger ^ et par- là elle 
perdit en détail , dans une multitude 



. 



de petits combats , plus de soldats 
qu'une attaquegénéralenelui en eut 
coûté. Enfin , après cinquante jours 
de fatigues et de travaux pénibles ,. 
elle arriva à son but , mais après 
avoir perdu six mille hommes (i), et 
consommé l'artillerie et les muni- 
. lions nécessaires au siège d'une place 
de première ligne (2). 

D'un autre côté, on dut admirer 
la résistance prolongée d'un fort 
construit à la hâte , dont quelques 



.( X ) On ne comprend dans cette perte que les 
hommes tués par le feu des assiégés et dans les as« 
sauts , et non ceux qui ont péri dans les hôpitaux , par 
l'eiTet des maladies occasionnées par l'extrême fati- 
gue et la rigueur de la saison , non plus que les pri- 
eonnicrs et les désertejirs dont le nombre fut très- 
conûdérahle , ensorte qu'on peut dire que ce siègt 
coûtât à l'Empereur i5ooo hommes. 
. ( a ) L'ennemi consomma 9!k300 boulets de tout 
calibre, 3ooo boites à mitraille, et 3oooo bombes, 
' ou Obus. Ceci peut donner ub apper^u de ses autres 



(112) 

parties seulement sont revêtues; sans 
bâtiinens , Sâns îuagasiijs , sans abri ; 
lié à un camp retranché d-un grand 
développement , mais dont les prin- 
cipales défenses, consistant en fla^ey 
et en marais , se trouvèrent réduits à 
rien par la gelée ; dont le seul avan- 
tage fut de ne -pouvoir être entière- 
ment investi, et de communiquer &- 
cîlement avec Strasbourg j on peut 
s'étonner qu'une telle place en impo- 
sât assez à renneitiî pdur Rengager à 
Tie rien donner au hasard , et à nV 
gîrqu-avec la plus timide prudence. 
Quoique défendue par des troupes ha* 
Tassées d'une longue retraite , aux- 
quellefii on ne ptft fournir , aussi 
promptement que leur position l'exi- 
geait , les objets d'habillement , et les 
sôulageïnôits les plus indispensables p» 
le terme de sa défense passa de beau- 
coup celui qu'on eut pulwipxmçrir^j 



( "3 ï 

et si elle subit enfin le sort inévitable 
des places assiégées qu'on n'a pu se^ 
courir /elle emporta , en^uccombant, 
la gloire d'avoir opéré une puissante 
diversion y et concouru^ par sa longue 
irésistance , à la concpête d'une des 
|)ilus fameuses, forteresses de l'Eu- 
rope (ij, . 

( I ) On ne peut nier que Kelly par sfi longp^ et 
opiniâtre résistancei n*ait puissamment contribué à la 
pnse âfi Mantoue* 



C iM ) 



CHAPITRE XVI. 

Siège de la tête du pont de Hu' 
ningue^par V armée autrichienne* 
■-* Assaut donné à ce fort, r- Ou* 
vérture de la tranchée.-— Evacua- 
tion de la tête du pont , par cafjtr 
tulation. 

Ti A retraite savante de I-armëe du 
Rhin et Moselle , la défense intrépide 
du fort de Kjebl ,.sont des monumeus 
historiques qui attesteront à jamais 
le génie du chef qui dirigea Veù- 
semble de toutes ces opérations , et 
la bravoure calme et intrépide du 
soldat français. La postérité , en li- 
sant tous ces hauts faits , accusera de 
partialité l'historien qui en tracera la 
toite glorieuse , et refusera de croire 
à des combinaisons qui lui paraîtront 



(tiS) 
p étendues , et à une exécution 
L tient du prodige. Mais tous sea 
ate^ s'évanouiront bientôt en ap- 
)fondissant le caractère du chef 
L conçut et du soldat qui exécutât 
/admiration sera le seul sentiment^ 
elle conservera pour Tun et pour 
itre. 

\.près l'évacuation du fortdeKehlj 
français ne possédaient plus sur ]Gt 
e droite du Rhin que l'ouvrage à 
me qui couvrait le pont d'Hii-* 
igue, et ils ne pouvaient se pro- 
ttre de le conserver Ipng-tems , sa 
iition étant natiu'ellement tresse-- 
orable. D'ailleurs , l'Archiduc qui 
lait de faire de si grands , efforts 
ir nous reprendre Kehl ^ ne mena- 
L rien pour nous enlever ce point 
ppui si faible qui nous restait en^ 
e à la rive droite de ce fleuve. Lors-' 
il fit ses dispositions pour attaquer 



( ii6 ) 
KeHIy il avait laissé devant HuDingue 
vn corps de troupes de treize batail-^. 
ions et de douée escadrons , ans or<* 
dreS'du prince de Furstembei^ ^ pow 
voscpier la tête du pont et en> psaépa>i» 
rer les attaques. 

Appès la retraite de Farméé f le 
commandement en fut confié au ^« 
néral Abatucci, qtii défendit cette 
l^e de pont 'avec un courage vrai* 
Itoeut héF6Sque.(i)^et qui &t blessé 
dangéreûseipent dans une' sortie 9 
diahs laquelle il tua et blessa mille 
huit cents hommes à l'ennemi , et fil 

cent prisonniers (2). 

■-■ ■■ — ■ , ■ ' •• ■ < ' ' ' " ' ' ' "^ 

( I ) Là pface d'Huningue est ' bâtie sur la me 

^ pinehcda IMiln> qoi en baigne- les muvsv La:tôtt dé 

Bout f «t dam une islQ> via^âtyia de U V^9iÇ/^t p% n'est 

séparée de la rive duoite que par un bras de dix toiseï 

jde largeur. ' 

(s) Ce îevAe génélrâl y mourut de aa. blessnse ao 

boi»tda ^iKslques joui^. : il empoita au tombeau. Vesn, 

time dea ennemis et les regrets de toute la nation : 

• ■ ( '1 ■ ^ " . * ■ - • • ' • 

T^JiAÏéTSOaCesLù 4e PEXÀée dùl^hln et MosélBe^. . 



( ^^7 > 
Malgré tous nos efforts , les ou- 
vrages des ennemis avançaient d^ 
jour en j|Oyx^ ils avaient construit 
de xiçuveU^ batteries pour recevoir 
la gçQ^si^ artillerie qui • arriva de der 
yaAt; Kehl; tout démpuixa bien? 
tôt (ju'iL était impossible de sau- 
ver cqttQ' forteresse, et en. s'obsti* 
nant à prolonger sa défen.se on 
qe pouyait difïérer sa perte que de 
trèsrp^ d^ tems. On se.détermin^à 
proposer à l'ennemi une capitulation 
qui fut accepté et arrêté le i3 pluviôse 
après-midi. Lqs conditions en furent 
très-honorable pour la garnison , qui 
eut la facilité de tout enlever jus- 
qu'au ij , époque où l'ennemi devait 
en prendre possession. Elle profita 
très-habilement de ce délai ; car quoi 
qu'elle n'eut que quelques bateaux 
pour toute communication, elle ne 
lui laissa , comme à Kehl , que dc^s 
terres amoncelées. 



( ii8 ) 

Cet éyénement termina entîëre- 
tnent cette campagne aussi glorieuse 
qu'intéressante.Car, malgré que cette 
armée fut revenue au même point 
d^où elle était partie , son influence 
procura une foule davantages inap- 
jpréciables j tels que d'avoir favorisé 
les nombreuses victoires de l'armée 
d'Italie et la prise de Mantoue , d'à* 
Voir épuisé les ressources de l'ennemi^ 
et ménagé les nôtres > en yivant à ses 
dépens. 



( X19 ) 



CHAPITRE XVII. 

Campagne de Van S. — Nouveaux 
préparatifs pour passer le Rhin. 

' — Ouverture de la campagne , et 
second passage de èe fleuve à 

' Diersheim , lé premier floréal. 

jfxFKàs révacuation de la tête du 
pont de Huningue , rarmée fut ré- 
ipiartie dans ses cantonnemens pour 
s'y réposer des fatigues de la pré- 
cédente campagne, et se préparer à 
cueillir de nouveaux lauriers j elle 
n'attendait que le icommençement de 
la saison pour se mettre en marche. 

Le général S^oreau se rendit à 
Par£s pour concerter le plan de cette 
nouvelle campagne* Un second pas- 
sage du Rhin. fut résolu; en consé- 
quence tous les ordres furent don- 



( 120 ) 

nés } on fit de nouveaxix préparatifs 
pour passer le Rhin, à Diersheim. 

La nouTelle des progrès dé Fanhée 
d'Italie, qui avait commencé la cam- 
pagiie de bonne l^eti^e^ eaftxva, à Stras- 
bourg dans le» premters jours^-de 
germinal. Cela fit sentir da¥im^g^ 
combien, il était i^po^pfiaiOj} d-flgir 
ofïensivement du côté du Rhin ^ pour 
faire , en faVeui* de Bonaparle>^ vsie 
âîyersion qui lui^ était nécessaise; 
6n n'eut pas rempli ce buft ^ en: J| 
contentant d'attsaquer l'ennemi devins 
le Palatinat? ; et l'armée de SasacAs» 
et Meuse étant prête à se portcl? anr 
la rive droite , il faMait^que cellêf de 
Rhin et Moselle , destinée à servir 
de liaison aux* detrs a^es df lu^tre 
système i6^taii^e> ptâssât le BMn 
sans "diSférer^^ et ^Ju-^Uese^ postât sur 
là' méoie l}g^^é[U6 les<* deux autrea. 
I^^alfiift'd^l^im^d^ItdJie^ Vintérât 

de 



(1") 

de la patrie exigeaient impérieuse^ 
ment que l'ouverture de la campagne 
ne fut pas retardée , et que le pas-» 
aage du Rhin s'effectuât prompte- 
ment. 

l^e 29 germinal , au point du jour, 
des détachemens de l'armée se trou- 
vèrent, sous divers prétextes, dans 
tous les ports de la rivière d'Ill. 

Le 3o , tous les bateaux qui de- 
vaient servir .au passage, furent di- 
rigés sur Strasbourg, où ils arrivé* 
rent à midi; on s'y arrêta pour en 
séparer ceux qui étaient destinés aux 
fausses attaques , et organiser les 
différentes colonnes de débarquer 
ment rd'un autre côté, les mouve- 
mens des troupes furent parfaitement 
combinés. 

Les corps qui composaient le cen- 
tre , destinés à passer les premiers , 
furent dirigés, sous divers prétextes, 

L 



( ^22 ) 

de manière à se trouver, le 3o ger- 
minal au soir , au point du passage. 

Une partie' de Taîle droite et la 
réserve de cavalerie arrivèrent le 
même jour dans des cantonnemens 
voisins, de manière à pouvoir passer 
le Rhin le i^r et le a floréal. 

L'aîle gauche, qui s*étendait dans 
le Palatinat et le pays des Deux- 
Ponts , ne dut commencer son mou- 
vement qu'un peu plus tard , de fa- 
çon à arriver successivement au point 
du passage. 

Le 3o , à deux heures , la flotille 
commença à se^ettre en marche de 
Strasbourg. Les eaux étant extrême-* 
ment basses , la navigation fut très- 
lente ; un des bateaux de la flotille, 
qui portait des rames , plus chargé 
que les autres , s'engrava tellement 
SUT la petite rivière dlU , qu'il ne 
fut plus possible de le remettre à 



(1^3) 
ot. Alors on Vit le général en chef, 
)essaix^ et plusieurs officiers supé« 
leurs , se jeter dans Teau jusqu'à 
i ceinture pour travailler à dégager 
e bateau. On doit être peu surpris 
lors de ce que peut faire le soldat 
rançais , lorsqu'on voit ses généraux 
ni donner ainsi l'exemple , et ne 
as dédaigner de partager avec lui 
38 travaux les plus pénibles. 

Les troupes destinées à l'expédition 
taient rassemblées derrière la digiie 
n avant de Kilstett. 

Le canon des fausses attaques su- 
érieures et inférieures, et siir-tout 
elui de Kehl , se faisait entendre 
epuis long-temsj il était près de 
ix heures, et il faisait grand jour 
orsqu'on se mit en marche. Arrivées 
u point du passage, nos troupes 
e formèrent sur un gravier qui était 
éparé du continent par deux petits 



, ( iM ) 

tras , à mesure qu'elles débarqn 
rent , et marchèrent aussitôt yers 
village de Diersheim , dont ell 
6'emparèrent ainsi que du grand bo 
qui Ta voisine. Elles furent d*aboi 
repoussées de ce village ; mais 
l'aide des renforts successifs qui a 
rivèrent , elles réussirent à s'y rét 
blif : elles avancèrent assez sut '. 
gauche.pour forcer Tensiemi d'abai 
donner une batterie , dont il retl 
les pièces. 

Des renforts étant survenus ai 
Autrichiens sur les huit heures, i 
firent une attaque vigoureuse sur 
village de Diersheim , et en cha 

: sèrent nos troupes j mais ils furei 

. aussitôt repoussés. 

Notre dtoite s'étendait alors ve 
Honau; le centre occupait le vi 
lage, et notre gauche s'appuyait ai 
digues du Khin, 



(125) 

À ojize heures , J'enneriîî , qui 
avait reçu de nouveaux renforts ^ fit 
une nouvelle attaque sur notre cen- 
tre , pendant qu'une colonne , qui 
8'était dirigée par Honau ', suivit le 
bord. du Rhin , et chercha à nous 
tourner. L'ennemi fut repoussé vi- 
vement sur le centre j mais sur notre 
droite , il parvint à nous faire aban- 
donner un retour de la digue qui 
appuyait notre flanc. Les généraux 
Dessaix et Davoust firent les plus 
grands efforts pour le repousser; et 
malgré les difficultés que présentaient 
un terrain coupé et marécageux et 
un feu très- violent de mousqueterie , 
ils parvinrent à s'établir de nouveau 
sur cette digue dont ils nous avaient 
délogés; ils culbutèrent l'ennemi ^ le 
rejetèrent en désordre dans le village 
d'Honau , en lui faisant deux cents 
prisonniers. Dans cette charge^ le 



(ia6) 
général Dessaix fut blessé à la cuisse 
d*un coup de feu. 

Les nombreux renforts de troupes 
fraîches qui arrivaient continuelle- 
ment à l'ennemi , sa cavalerie et son 
artillerie lui donnaient un grand 
avantage suf nous, qui n-a viens 
encore pu passer que quelques pièce» 
de bataillons , dont une partie était 
déjà démontée. Aussi , vers trois 
heures après midi , il fit au village 
de Diersheîm , sur notre centre , une 
attaque très-vigoureuse j son artillerie 
réussit à démonter la nôtre : cette' 
canonnade incendia vingt- une mai" 
sons du village. Diersheim , enve- 
loppé d'un tourbillon épais de flamme 
et de fumée, offrît alors un spec- 
tacle terrible j ses colonnes péné- 
trèrent dans le village , où il s'en- 
gagea un combat d'infanterie très- 
violent. La lïÔtre , accablée par la 



( ^^7 ) 
supériorité de Tartillerie ennemie ^ 

et incommodée par l'incendie du 
village , Taban^donna , et laissa les, 
Autrichiens s'avancer jusqu'au de-là 
de l'église. Mais le général- Davoust, 
qui pendant ce combat s*était porté . 
yers Honau avec deux bataillons , 
attaqua ce village , tandis qu'on 
faisait charger le flanc droit de l'en- 
nemi par notre petite cavalerie : cette 
charge ranima notre infanterie , qui 
rentra dans Diersheim f et l'ennemi 
attaqué à-la-fois sur ses deux aîles , 
fut culbuté et repoussé en désordre 
dans la plaine ^ où il ne se rallia 
qu'avec beaucoup de difficultés , et 
laissa le - champ de bataille jonché 
de cadavres. Notre faiblesse en ca- 
valerie, et la fatigue de notre in- 
fanterie , ne nous permirent pas 
de pousser plus loin cet avantage : 
on conserva seulement le village 



C 128 ) 

d'Honau, qui appuya notre droite- 

L'ennemi fit aussi un effort sur 
notre gauche ; mais il y fut repoussé. 

Il était cinq heures du soir , et le 
pont n'était pas commencé , on ne 
communiquait que par le pont vo- 
lant j à six heures on se mit à y 
travailler ; et , malgré Tincommo.dité 
du terrain , Tobscurité et le feu de 
l'ennemi, il" fut achevé avec une 
promptitude extraordinaire. 

Le pont fini , Moreau ordonna 
qu'on y fit passer toutes les troupes 
qui étaient arrivées , et qu'on leur fit 
prendre leur ordre de bat^Ue à me- 
sure qu'elles seraient passées à la rive 
droite : elles commencèrent à défiler 
sur le pont , le a floréal , à deux ' 
heures du matin. 

L'ennemi rassembla pendant la 
n^it tous ses corps , afin de nous 
att^iquér dès le matin , espérant que 



( 1^9 ) 
notre pont ne serait pas encore fini 

5t qu'il pourrait nous rejeter dan» 
le Rhin. 

A six heures du matin , avant 
ju*on eut terminé toutes les dispo- 
sitions , il nous attaqua ; son premier 
effort se dirigea sur les Tillages de 
i*Honau et de Diersheîm , où il 
obtint d'abord quelques succès ; mais 
U fut repoussé. Celui qu'il fit sur le 
centre, fut bien plus terrible encore} 
le principal débouché du village de 
Dîersheim était investi par trois bat- 
teries considérables qui le battaient 
en tête et par les deux flancs , à 
portée de mitraille , et qui démon- 
tèrent de nouveau la plus grande 
partie de notre canon. Après un 
violent feu d'artillerie , ses colonne9 
se portèrent avec la plus grande ra- 
pidité sur le village. Pendant qu'une 
partie de nos troupes soutenait ses 



C i3o ) 
efforts , tine autre sortît par la droite 
de Diersheim , et vint l'attaquer sur 
son flanc gauche ; ce dernier corps 
fut chargé par une nombreuse cava- 
lerie y et celle-ci le fut à son tour 
par la nôtre , qui , quoique très- 
inférieure à la leur , n'hésita pas 
de courir au secours de notre infan* 
terie. Cette mêlée ^ une des plus 
terribles qu^on puisse voir , dura 
long-tems , et la victoire resta quel- 
que tems incertaine : notre cavalerie 
fut ramenée à diverses reprises jus* 
que^ dans les jardins de Diersheim. 
Le général en chef et le général 
Vandamme eurent leurs chevaux 
blessés ; mais le succès fat enfin dé- 
cidé par une charge heureuse d'un 
régiment de hussards , soutenu de 
quelques pelotons de cavalerie et de 
dragons qui s'étaient ralliés , et l'en- 
nemi'fut forcé de se retirer dans sa' 



( i3i :) 

position du matin. Notre grande 
infériorité en cavaletie ^ ne nous 
permit pas encore de profiter de notre . 
succès. Deux généraux autrichiens 
forent blessés dans cette bataille. 

L'ennemi , qui avait perdu beau- 
coup de monde , et se voyant dans 
l'impossibilité de nous repousser^ se 
décida à la retraite. 

A deux heures après*midi , l'armée 
commença à se mettre en mouve- 
ment pour prendre l'offensive. Les 
Ât|triçhiens qui étaient déjà en re- 
traite , ne firent aucune résistance^ 
il^ se sauvèrent avec la plus grande 
promptitude et dans le plus grand 
désordre. 

Des dragons qui servaient d'éclai- 
réurs à une de nos colonnes , s'appro- 
chèrent de Kehl , et firent capituler 
cinquante hommes qui occupaient, 
le fort, et qui se rendirent prisonniers. 



( i30 
Il est. vrai que ce fort n'était plus en 
état de défense ; mais il n'est pas 
moins nécessaire de faire observer . 
qu'il n'y avait que trente-sii heures 
que la campagne était ouverte , et ^ 
que nous étions déjà en possession 
de ce fort qui avait coûté à l'ennemi - 
deux mois de siège , et dix mille 
hommes de ses meilleures troupes. 

On fît dans cette mémorable jour- 
née quatre mille prisonniers , un gé«' 
néral, un officier d'état-major et beau* 
^ coup d'officiers. Plusieurs dçapeaux , 
vingt pièces de canon , tous les équî-' 
pages, la chancellerie de l'état-major, 
avec une quantité considérable de 
chevaux et de caissons tombèrent en ^ 
notre pouvoir. 

Les deux passages du Rhin à Kehl 
et à Diersheim , seront à jamais célè- 
bres dans l'histoire. Quoiqu'ils diffè- 
rent essentiellçnsisnt entre eu:s: , et 



(i33) 
mw^chacun soit caractérisé par des 
^Bfe particuliers. L'un prévu de lon- 
gue main , et préparé à loisir fut mar- 
. que , au coin de la prudence : l'autre, 
pour ainsi dire brusqué, le fut à celui 
de laudace et du génie. 

Le lendemain , le général en chef 
rétablît Tordre de bataille qui avait 
été dérangé. A deux heures après 
midi, le général Lecourbe força le 
passage de la Renchen , qui était 
défendu par un corpsde troupes enne- 
" tnis assez considérable. Après un lé- 
- ger combat , il repoussa ce corps ju* 
qu'à Licbtenau , et lui fit une cen* 
taine de prisonniers. 

Le 4 floréal , l'armée allait pour- 
suivre sa marche victorieuse ; mais 
elle fut suspendue par l'arrivée d'un 
parlementaire , accompagné d'un 
Courier venant de l'armée d'Italie , qui 
apporta au général Moreau la nou- 



( i34 ) - 
velle de la signature des prélimÛMÉàes 
de paix à Léoben. Les hostilîté^ps- 
sèrent aussi-tôt , etrarmée garda la 
position qu'elle avait à Tarrivée du 
Courier. 

Ainsi se termina cette campagne j 
dont le brillant début promettait les 
suites les plus heureuses , et qui, mal- 
gré sa courte durée , n'en fut pas 
moins fertile en exploits , puisqu'on 
y compta , dans un intervalle de trois 
jours y le passage du Rhin le plus au- 
dacieux de tous ceux dont les annales 
militaires , nous aient laissé l'exem- 
ple , une bataille et huit combats. ' 



C i35 ) 

CHAPITRE XVIII. 

Le général Moreau mandé à Paris 
après le \% fructidor. — Son ar* 
rivée. — // est perdu pour son 
armée. 

A. 7 R È 6 deux campagnes si glo- 
rieuses j on n'aurait pas dû s'attendre 
'que le général Moreau perdrait le 
commandement de Tàrmée avec la- 
quelle il avait, pour ainsi dire, opéré 
des prodiges. Le directoire , qui gou- 
vernait alors la France , était capable 
de tout sacrifier, pour conserver le 
. pouvoir qui tendait sans cesse à s'é- 
chapper de ses mains. La journée du 
1 8 fructidor fut résolue, et ce même 
jour elle manda à Paris Moreau, qui 
obéit sur - le - champ , et dont l'ar- 
rivée fut précédée des triois pièces 
suivantes : 



( i35 ) 

▲ EMÈE DE RHTN ET MOSELLB. 

Le général en chef au Directom 
exécutif. 

Au quartier général de Strasbourg! 
le 24 fruaidorj an 5. 

Citoyens Directeurs , 

Je n'ai reçu que le 22 ^ très-tard et à dis 
. lieue» de Strasbourg y votre ordre de me reii« 
dre à Paris. 

Il m'a fallu quelques heures pour préparer 

mon départ ^ assurer la tranquillité de Tar- 

mée, et faire arrêter quelques hommes corn- 

' promis dans une correspondance intéressante^ 

que je vous remettrai moi-même. 

Je vous envoie ci- jointe une proclamation 
que j'ai faite ^ et dont l'effet a été de conver- 
tir beaucoup d'ipcrédules \ et je vous avoue 
qu'il était difficile de croire que l'homme qoi 
av^it rendu de grands services à spn pays ^ et 
qui n'avait nul intérêt à le trahir^ pu se por- 
ter à une telle infamie. 

On me croyait l'ami de Pichegrn , et dès 
long-tems |e ne Pestime plus : vous verres 



( i37 ) 

que personiie n^a étd plus compromii ^ue. 
mol, que tous les projets étaient fondes sur 
les reyers de Parmëe que je commandais ; som 
courage a sauvé la République. 

Signé MoRBAîT* 

FROCLAMATIOir. 

1 

Le général en chef de V armée de> 
Rhin et Moselle. 

Au quartier général de Strasbourg l 
le a3 fructidor, an 5» 
• * '. 
Je reçois à Pinstant la proclamation du DI* 

rectoire exécutif , du 18 de' ce mois, qui ap^ 
prend à la France que Pichegru s'est rendu 
indigne de la confiance quUl a long-tems ins- 
pirée à la République, et sur-tout aux armées* 

On m^a également instruit que plusieurs 
militaires, trop confians dans le patriotisme de 
ce représentant, d'après les services qu'il a 
rendus , doutaient de cette assertion. . 

Je dois à mes frères d'armes ^ à mes conci-»; 
toyens , de les instruire de la vérité. 

Il n'est que trop vrai que Pichegru a trahi 
la confiance de U FriMice ; j^ai instruit un des 

M 



(i38) 

membrèi du Directoire esëcutif | le 17 de ce 
moii I qu^il m'était tombé entre les làains une 
correapondance avec Condé et d'autres agent 
du Prétendant y qui ne me laissait aucum 
doute 4iir oetce trahison. 

Le Directoire vient de m'appeler à Paris, 
et désire sûrement des renseignemens plus 
4lendus sur cette correspondnce* 

Soldats y soyei calmes et sans inquiétude 
sur les éyènemens intérieurs; croyez que le 
gouvernement I en comprimant' les royalistes | 
veillera au maintien de la Constitution répu- 
blicaine que vous avez juré de défendre. 

Signé Mo&EAi7^ 

Général en chef, 

JVb/a. Il se répand à Strasbourg quelques 
libelles sans signature > sous le titre d'adresses 
de l'armée de Rhin et Moselle. 

Le général en chef dédaignera de les désa- 
vouer 5 ils ne peuvent être l'ouvrage que de 
quelque factieux. 

La conduite de l'armée répond à toutes cel 

calomnies. 

Signé lioMLAV. 



k. 



(x39)^ 

î^e général en chef de V armée â^ 
Rhin et Moselle , 

Au citoyen Bjrtxblèmt , membre 
' du T)ifectoif*e éùcécutif de la Ké^ 
puhliqué française. 

A» quftYtier généru^- deStraftbourg , 
U 29 fructidor^ an 5, 

CitiYEN Dftl^CtETJR' , i . . 

Vous VQU3 rappelez,8Ûremeii|; c^u^àmop der-. 
nier Yf>y^e à B^jie | je vous instruisis qu'au 
passage du RLin , nous avions pris un four- 
gon au général KingUn | contenant deux pu 
trois çeqts lettres de sa correspondance. Celles 
de Wirtterbach^ en faisaient partie f mais c'é^ 
taient les moins i importantes. Beaucoup 4^v 
lettres sont en chiffr^ , mais nous en avons 
trouvé la clef; Pon s'occupe à tout déchiffrer^ 
ce qui sera bien long. 

Personne n'y porte son vrai nom , de sorte 
qp€( ^beauQpup, de fr^çais qui correspondent 
avec KittgUni ÇondéyVickam 9 d'Enghien^ 
^ 9ii\i\r99 1 tout 4f^JLl^8 à découvrir j cep^n^ 



( Mo ) 
yU&t nous aTons de telles indications y qoa^ 
plusieurs sont déjà connus. 

J'étais décidé à ne donner aucune publicité 
à cette correspondance ^ pui8q[ue la paix étant 
présumable | il n'y avait plus de danger pour 
la République , d'autant plus que tout cek 
Déferait preuve que contre peu de mondé | 
puisque personne n'est nommé. 

Mais ) voyant à la tète des partis qui font 
actuellement tant de m^l à nôtre. pays , et 
jouissant) dans une place éminente , de la 
plus grande confiance , un homme très*coin- 
promis dans cette correspondance , et destiné 
à jouer un grand râle dans le rappel du Pré* 
tendant^ qu'elle avait pour but; }'ai cnr 
devoir vous en struir e j pour que vous ne 
soyez pas dupe de son feint républicanisme ; 
que vous puissiez faire éclairer ses démat- 
thés, et vous opposer aux coups funestes 
quil peut porter à notre pays, puisque la 
guerre civile ne peut c[u'étre le bue de ses 
projets. 

Je vou s avoue , Citoyen Directeui: ^ qu'i! 
m'en coûte infiniment de vbus instruire' d'uiicr 
telle- trahison ^ d'autant plus que celui qii^ 



( i40 

je vous fais cotinaitre a ëtë mon ami , et lé- 
serait sûrement encore s^ll ne m^élait connu ; 
je veux parler du représentant da peuple 
Pichegru. Il a été assez prudent pour ne 
rien éerire ^ il ne communiquait que verba- 
lement û^ec ceux qui étaient chargés de la 
correspondance , qui faisaient part de ses 
projets et recevaient ses réponses. Il est dé- 
signé sous plusieurs noms , et entre autre sous 
celui de Baptiste. Un chef de brigade j 
nonuné Badouville , lui était attaché et dési-« 
gaé sous le qom de Coco : il était un des cou- 
riers dont' il se servait ^ ainsi que les autres^ 
correspondans. Vous devez l'avoir vue assez 
fréquemment à Bâle. 

Le grand mouvement devait s'opérer aU' 
Gomoiftâoement de la campagne de Pau 4 : on 
comptait des revers à mon arrivée à Parme e ^ 
qui) mécontente d'être^ bat tue | devait rede- 
mander son ancien chef ^ qui alors aurait agi 
d'après les instructions qu'il aurait reçues. 

Il a du recevoir 900 louis pour le voyage 
qu'il fit à Paris à l'époque de sa démission; de- 
là vient son refus de l'ambassade de Suède. Je 



( i4a ) 

soupçonne la famille Lajoloir d'être <ian« 
cette intrlgn^. . 

Il n'y a que la grande confiancTe que )*ai em 
Yotre patriotisme et i^otre* sagesse qni m'a dé- 
terminé a. vous donner cet ayi^^ lte& "prciuTef 
en sont pU^s claires. que le jour V mais je dpule^ 
qu elles puissent êtres judiciaires. 

Je vous prie, Citoyen Directeur | de vôu*. 
loir bien m'éclairer de vos avisy sur une af^i 
faire aussi épineuse» Vous me connoissez as- 
sez pour trbire combien a du ma cbùter cette 
confidence j il n'a piaa fallu^moin» que leS' dan^ 
gers que court mon pays , pour v6uS la'iaEirewt 
Ce secret est entre cinq personnes^ les géné^ 
raux Dessaix , Régnier j un de mes aides^d^' 
camp , et un officier chargé de là partie se-* 
qrette de l'ar<née 9 qui suit continu ellemeafr 
les renseignemens que donnent -les lettvee 
qu'on déchiffre* ^ . - : i 

Recevez l'assurance y etc. 

Signé Moii£4v . 



( 143 ) . 

Malgré les preuves de son patrio- 
tisme et les services rendus à son. 
pays y le général Moreau fut perdu 
pour rarmée de Rhin et Moselle j le 
Directoire , dont Tineptie était le 
moindre vrce , le disgracia , et remit 
le commandement de cette armée à 
un autre général. 

Avant de terminer ce cTiapitre , 
nous observerons que lorsque cette 
correspondance du général Moreau 
parut , elle fut révoquée.^n doute par 
plusieurs personnes qui osèrent avan- 
cer qu'elle était supposée. Nous ne 
discuterons point si leur opinion était 
fondée j tout ce qu'on peut dire , c'est 
qu^elle n'a jamais été désavouée. Au 
reste , le tems dévoilera ce qu'il 
y a de vrai dans cette correspon- 
dance y et Ton sera à même de porter 
un jugement sain sur les évènemena 



( ui) 

da'i8 fructidor , lorsque Tesprit ie 
parti n'aveuglera plus personne. 

Après cette journée ^ le général 
Moreau , disgracié par le Directoire i 
s*éclipsa pour un moment d'an 
théâtre où il avait joué un si beau 
rôle y et rentra dans^robscurité de. la 
vie privée. 

Dans sa retraite > ses loisirs ne &' 
rent point perdus. Il les employa à 
rétude 9 et à faire des vœux pour sâ 
patrie. Nouveau Catinat , il attendit 
rinstant où il pourrait être encore 
utile à son pays , et lui donner des 
marques de son zèle et de son attache- 
ment. Quoique le gouvernement le 
payât de la plus noire ingratitude, il 
no crut pas devoir lui refuser ses ser- 
vices , lorsqu'il les lui demanda. 

Nous allons bientôt le voir prendre 
le commandement d'une armée tra- 
hie et à moitié vendue ^ dans le déla- 
brement 



( i45 )) 

brement le plus affreux , en sauver 
les débris , par des retraites savantes , 
et lutter enfin contre tous les obs- 
tacles , avec ce courage stoïque qui 
caractérise le véritable héros. Mais 
jp'anticipons pas les évèneiae,ns ,. et 
jetons un, coup-d'œil sur la situation 
de nos armées en Italie , lorsque le 
commandement lui en fut déféré. 



ii • . i ^ #: • )i\ îi' 






•••""-■■•■ ■;- 



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K 



( «46 ) 

> J ■ ^ ' ■ ■ J ■ ■ '■ I. * ■ ■ I l 

CSA PI TR Ê XIX 

Mareàu envoyé à Varmée d'Italie 
' ^ cbmnie général divisionnaire som 
* SôTiérer. — Servibês rendus i 
' ç'àhé 'armée par ce général. * 

Da N s Tan VII , le directoire exé* 
cutif fit déclarer la guerre au roi de 
Bohême et de Hongrie , et au grand 
duc de Toscane. Il envoya Schérer, 
alors ministre de la guerre, pour 
commander les armées de Naples et 
d'Italie, fortes de 5o,opo hommes, in- 
fanterie et cavalerie , tirés des bâtait* 
Ions de guerre et des régimens de 
cavalerie française ; plus ii,ooohom« 
mes 4e troupes étrangères , piétaon- 
taises , polonaises , helvétiques et ci^ 
s^lpinest J^e géoéra.1 ItXoreau y fut 



< V47 ) 
fibatgé ;du rc(^mQlAodement de troi» 
diT(Uironi9 f 9t 4e :ipa$qiie¥ Vëroana 

«n échec les secours qui f de ce$ 

placés f potivaient arriver à Pastriiigo 

par 1a nive droite ^e V^^dige. Le gé^ 

aérai ^ob^fer>mfircha le 6 gennioal 

ave^ k$! , trois aulr^ div^^iaas-syr lo 

tai£ij>ri^tïlHi^é dçf P^OQ^im , qui fut 

enip^^é à 1« baïonBette. -.. 

...T^tldis (^^M ^uche dç nptrear- 

:p[|éftfrbtefl,£^it oj^t a.y§atagfr, JM9pça,u , 

^ la. têt^l^^;. trois »2^tire» div^iliaEis , 

^iimh%^94\ lipBiBemi^vti de Y.érQuaç 

^t d« LegQagp^et g'^emparait dfs Til* 

^l^ges^deSftioti-Maessinioetd^ Saiate* 

^2|U€Âe^lo4J|liemi fiti alors s^^rlip 2^9^000 

trwïW<ke^dp^Yért>>iii«:pottr Jcfiriseprea-. 

diff^i'Le ^^UJagejd^ j^afiit-A^^ssùno fat 

paris^etretiti^ 3!9pt fwf i jawii^yà la fin , 

lioild restâmes .maîtres du- champ de 

J%«^A»Ue A U:^t4tit cpuyj^rtfde.morU et 



( 148 ) 
ée blesdés auttidhiiens. ^Le 'géjqéffal 
M^eaii^ fit; ! dans dette oûcasion,' 
14a i,5oo pritfOtlBlirsvetprita pi^e$ 
decanon. > • .1 

^- L'ennemi , ayant reçu des tenïotU 
de ses derrières , vint > l6 ^4^|iniinat j 
dans raprës-inidi , faire une tebdn^ 
jàaissance en fori^ sur les^ divisioiu 
commandées ]^àT^le gënéi^àl Moif^atf i 
il fut repousse; Ce général , sup^« 
bant k Teiinemi ^le dessein' (lé lUttiaV 
q^er trèé-prochàiâéHlént^y'dffiBhaiidaV 
dans la nuit dii 14 au i5^, ^es ordifei 
àugéû^édï en obef ptiwi^tkieéfùirUi 
bataiUè 'dans: sa positibn^ou peiiv 
aller au-dèvant de lui. L'enitiemr; «f-^ 
feetîvelnëiitv^ se porta en fbrëë&sàr le 
i^riip^^u'â ébctipait lé matin dti 16. 
Ce général en étàS^ sorti pi^tit se pdiv* 
<6i en a^p«<| les àutricfalens'^viji-f 
rent atl'aîquer' ses derrières, et le 
front de la division E)elmàs qui ar-^ 



C t^9) 
rivait à la tête duîYillftge dit Butttis- 
Pfëda* Moreau, san^ s'iftbtfiliet de 
la^ïenoont re de l*êniicmî , fit faire 
un à droite à ses troupes y kissa' à 
gauche Sonnaet Somma Gampagna, 
et força l'ennemi à reprendre le che- 
ttûti de Téronne, *Mài» la retraite 
de'tieux de: nos divisions^ qiiide* 
raiëntde soutenir ,!s'ëtaDt opérée d^ 
Force i* le général Moreau se replia 
pendant là nuit à Vigasip , et effec- 
tua sa' retraite sans être inquiété par 
Tennemi. 

\ Après tme - suite de combiats ] où 
DOS:; armées furent cbntinu^llemétit 
battues par les forces réunies deà 
autrichiens , et plus encore par 
-Tineptie du général ^n chef ,* lé com- 
mandement der Parinéè de' Napïes 
et dUtaliefutdëféréaa' général Mo- 
reau , qui prit à MBur de réparer les 
torts de son prédécesseur. 



Son prbmier . H>ia fm^t d^ f «îri^ t&* 
lirer $uv les frontîèr.eiifi^Ffanpe to«}$ 
les magasiw «t éqjuipag.e$ qui^ dan» 
Içure positions av^^jobcées^ couraient 
le^ risques de dev^enir la proie dr 
reonemi^ 

L? i$ floréal 9 les autricliiiejtispas'^ 
sèfebt UAddî^ siiir deiïx poâitsj et 
aoitt foreèDrat à la- cetmLte. JL'aiâr^ 
ma se rëpsudît d^tti^ flilatii ; nor 
troupes évacuèrent cettit vlliè^ oit 
if s autrifîki^as entrècent k 7 à 
midi. .; : 

Pejodânit pe lems-là^ Su9vairdw^ 
à la tlC#. ût 80 miUfi rusMs , maT'* 
çfaa ^9 grandie bâtô wrs l'Italie pduJr 
r^nforf^ir ks a^utricbieps, 
, iiqtf& Moié^ éprouva alors dér 
f^itof çur dofaiit^i ,. rmlgtfél^û rfforts 
d» hmy.^ MQwm-y elle fut icbnsfarii'- 
|Kif at battue; Un dénuement afl'reux 
livra le soldat au désespoir > les- plar 



( iSi) 

eei fortes furent I9 proiQdeTwm^ 
mi j et çptt^ x|.rmée ^ triQii>pI^9>n(:(6 de^- 
pi4s<leuj||:;fLi98, &e retira ^ïxAhorif^ 
$ur les fFontières id^ Fr^inç^. L9 
irépubliqu^ isiss^lpâne fut 4is«oute^ 
^ t^Ue 4^ GéuejS craignit la même 
fort ; ( I ) ks^ ^tatB da roi de Napla^ 
furçM Uivitésaux horretujrB delagueri^ 
civile^ etc. Toutes ce^ Gaï^vaïU^fii^ 
rrot attribuées à Schérer , en horreuv 
à Milan , à Turin et àCbambéry , et 
(gu'ioa cCçcusa d'avoir vendor et \}tyvé 
l'armée française ^ fifeç^naennis. 

Au milieu djeoe&rer^rô multiplia , 
et malgré \e délaibrement de l^r- 
m^e , MoKau rcsolut de tester tm 
Bou vel effort r il rassembla en conséi 

" ' — "^ r-: — ' — ! — ^— r' 

. (1) JLes grandes jppis^ançe» qui i^ous avoieineat^ 
dit-elle, ont tiré sur noii^ nne lettre de cha|lge^ eu' 
fbnpe d'extrait mortuaire ; et nous vivrons jasga'acr 
jjDur où- elle devra hit^ acquittée. 



(I52) 

qtiêUce un corpd de troupes \ alla à 
la' rencontre des russes Ténus du fond 
du nord pour mettre les français à 
la raison. Après un eombat terrible, 
où nos troupes firent des prodiges de 
valeur et de bravoure ^ il défit les 
rus^s le 23 sur le Pô : partie fut 
noyée, partie tuée j le reste fut fait 
prisônnifet. L'artillerie , les bagages , 
îës canons, etc., restèrent au pouvoir 
des français. Ci) 

Malgré ces succès pendant tout le 
Bioisdê prairial , les différentes^ di- 
visionsiide nos troupes furent suc- 
jpçsf ivement battues. Moreau , Mac-, 
49aald et YictOr., attaqués par de( 
fprcps, isupériçurçs ;, furent partout 
forcés à la retraite pendant le cou- 
Tant de messidor." - - -- 

>N>'. : ^ '■ •■'■ ■ ■ -. •", , '■■'- *-'* '"■ ■ 

(x) Ce succès confirma la réponse des soldats fran- 
çais à des hommes qui leur représentaient ParrWée 
d* 45,000 russes : Il faut les vaincre , dirent-ilt , 
9t non pas les compter. 



C i53 ) 

La garnîison Française dans Alexatï-' 
drîe , forte de 2,200 hommes , fut 
forcée de capituler le 4 thermidor. 
Deux jours après , les autrichiens 
commencèrent le bombardement de" 
M^ntoue , ;£f;près avoir détruit tous 
les ouvrages extérieurs. Cette place 
nevtint que quatre jours.: Latouirt 
Foia^aç,' commandant, (i) la tendit 

(i) Le nom français ne fut point déshonoré pa? 
la Tedditfon.de cette place : . Latonr-Fpissac ^ avec 
des moyens pour tenir encore , fut lui seul asseï 
côa^iâ>lê pour que la honte qui en pouvait résulter 
né rej^llit pas soT^cfaiiàtes. Oft le soupçonna d'àvoit 
été séduit par^'or 4e VAngleterre ^ a?eç Uqoel If^ 
russes et les impériaux s'emparaient des places. Apre» 
avoir resté dans les éfb[tsjhéréditaire8 de l'einpéi:eur 
pendant trois mois ^ il rentra, en France ^ sur la pro;- 
messe de ne pas servir contre les armées impériales 
avant son échange. Mais îes consuls de la république 
lui firent VsiSiaAt cpi'U méritait , en loi faisant bi-« 
gnifier qu'il cesse' d'être au servÎM de la France î 
«a lui faisant défense de porter l'habit militaire, dér 
<Iârant qae le mépris public vengerait plus efficace- 
Jnent la république que I4 sentence des tribunaux^ 



( «54 ) 

au gënëral Kray , dont le ooirp$ d'ar^ 
mëe se réunit alors à Taripëe d^ Suvra^* 
royrqui s'était emparé de TortQue, 
d'Alexandrie et de Tuyin , et quim?^ 
naçait Coai et Gèjaes^ 

Cependant , Maedonald aurait , ptf 
une retraite brillante , opéré sa jone^ 
tion en Italie avec le général Mû^ 
ïeau. Dan^ cet înterralle , le dipec- 
toire, a« Hett d'envoyer de notjvcllft 
troupes en Italie pour s^opposeraux 
efforts réunis des russes et des im-^ 
périaux , y nomme et &iit passer m 
BLUtte ;géoéral t ce f ut Jbe général J <Mir 
bèrt qui remplaça Moréàu. 

Joubert arrivé à l'armée d^Italie y 
Moreauiui remit le comniandement^ 
et se prépara à ristourner à Paris|oiaiS)| 
sur riavitatiçn d€ Joubert , il resu 
encore quelques^ jours à Parmée , et se^ 
trouva à la célèbre batculle c}e NovI^a 



;• 



N 



C i55 ) 
gagp^e par Suwarow le 28 thermî» 

Qçtte b^ttaiU^ coûlta la We au gé-^ 
név»\ Joubert : une balle Tatteignit 
au moment où , à }a tête des soldats , 
jils les faisait marcher la baïomi^tte 
ciji avaat. Sa perte et ses dernières pa* 
rôles ( I ) augmentèrent l'ardeur det 
troupes et de leurs généraux : Saint« 
Cyr, Pérignon, Suchet, Grouchy 
et Dessojles redoublèrent de courage ^ 
plusieurs^ furent blessés ; Moreau (2) 
«ut 3 chenaux tués tous lui. Un corps 
de russes fut tailTé en pièces. Le gé» 



(i) Joubert ea tombant B^écria i. Marchez, mar- 
chez ; ai^ancez toujours et combaUez pour la ré* 
publique. 

(2) Le général Jtoubert ayant été^ tué au commen- 
cement de l'action, les généraux de division défé- 
lèrent d'eux-mêmes le commandement en chef au. 
général Moreau ,. et prirent sps ordres ;; tant est 
impérieux l'ascendant d*an mérite réel joint à luie- 
|;^rande modestie !: 



( »56) 
néralKray perdit beaucoup de iiiofl'> 
de. Mais les français , maigre la tàc-* 
tique et la bravoure de leurs' chefs 9 
furent obligés de céder au nombril] 
après avoir perdu 10 mille homméiï 
et repoussé trois fois l'ennemi. Ilâ 
conservèifent cependant leur p6tt^ 
lion. * 



< î57 ) 



c H A p I T R E x: x: 

tforeau quitta V armée d^Italie. — 
' Son arrivée à Paris. — Journée 
•' dés i8 et 19 brumaire. 

]\lo R E A u , après avoir rametië Par- 
^e daps &es ancipimes po^itioas, la 
quitta et revint à Paris. 

Ç*est daps cette ville quUi vit pour 
|a première fois Bonapartç y c'est là 
quf ces, d^Ujf. grands hommes se re^ 
gfird^reat avcoune adniiirf^tlon bieii 
sentie ^ et e3(.empte de cette basse 
jalousie qui towr mente les petites 
âmes ; car chai^im ^'^\Xt^ pouv^tit 
s'écrier; . 

.. . « De qui daqs l'unîv^rs puisté-j« être jalons ? ■» . 

La première parole que Bonaparte 
adressa à Moreau fut celle-ci : J*ai 
eu plusieurs de pos lieutenans dans 



C «58 ). 
mes campa£;nes d'Italie ; je ^ 
vous assurer que ce sont d'exceL 
officiers. *• 

L'amitié et la confiance s'état 
rent bientôt entre ces deux homm 
d'un mérite rare , et d'un génie pe 
commun. Le vainqueur d'Italie fi 
présent au Xénophon frttuçaiA à^ 
mpe:rbe sabré ttifc , g«iii de diân 
mans. 

Le t5 bititoaiw An Vm , un ban- 
quet j préparé datrt ïe temple db' la 
Vicloifé, (r>futoU*ef<atti ^té^ 
ttivx BotiafpArte êtf^STcA^aitt^b 
*cyrps l^islatîf . Là» franchisée ne pire- 
éîda poitet à cette téùtiitm : te« ton* 
tives pàrëfefalr ttttft*îf et riTericféWXi 
Lamusiqueseulefitles frais défit féfle^ 
à peiné qudquwtottst^ y forenr^di^ 
tés^ Boaapavtes^vada aVtéoiMopcAu , 



A.» ,M^m.^^^à^^,^^^,^...^*é. 



it)\^tkiu,ma^i6ë^^ 



( «59) 
et chacun s*observasan8 oser se com- 
muniquer. Plusieurs membres du 
corps législatif savaient que de grands 
cliàngemens allaient s^opérer ; un pe- 
tit nombre devait y participer. 

Le lâf , Bonaparte, nominégénérB} 
des ttdupés stationnées à Paris , ap- 
pela à Hnstant pour* le seconder les 
généraux Lefèvre, Moreaù, Andréos- 
sie , Murât , Marmont , Lannes , Mac- 
dcmald et une grande pa^rtie des c^ffi* 
ciers g^émux qui se trouvaient- à 
Pari^. 

Les détailisrdés jdUfnéesdes tS-et tg 
brumaire sontassez connus po tur no-ut 
dispenser d^ioa parler* Il nous suffît 
d'aiinonc€V que Morceau y coopéra 
cammé le^ autre» g/énéifauk qui se 
br^iivèrent à Paris ^ et .c'est un nou- 
reair droit qulla à la reconnaitfsanc^ 
de la patrie. 



-I i ^3 :r ii XXX 





fji%bc tt do Blsin • qui fnrcot séonici 
^A tfoe teule, sous le single titre 
& armée du Bhin. Ce général amva 
di^AA les premiers jotirs de nivôse à 
itâli9, où il établit son quartier--gé« 



L'hiver fut cmpbyé à Torganisâ- 
tioh des différens corps d'arqiée, et 
auat'jopërations relatives aux àpprô« 
▼isioDuémens ^e tous genres et aux 
«er^icès administratifs. L'armée, con« 
èidërablement renforcée , présentait 
un front formidable , tant par le 
nombre que par la qualité des trou^- 
pes qui la composaient. On né pou* 
vait dÔQter dès lors , et par les efforts 
que fit le gouvernement pour la bien 
organiser, et pour subvenir aux près* 
«ans besoins du soldat loiig - tems 
abandonné au plus absolu dénué-» 
m^t'y et surtout par le choix du 
chef qu'on lui donna , qu'elle ne 
fût destinée à remplir une grande 
tâtihe dans le plan général de la cam^ 
paghe qui allait s'ouvrir» 
.''Le) dépcÉrt des russes avait réduit 
l'armée autrichienne à ses propres 
troupes f et ramena àpeu près Téqui- 

O 



( l62 > 

libre dans ht force numériqiie dès^ 
deuxjpfixtis. L^e rappela diirprinrâ- 
Charks , le eeut gëfiéraL^ peù^^être ^. 
qui fût dfgae d'être opposé k Mo^- 
KSLUj et le conxmatideinenl: de Par^ 
mëe aUtricbienne confié au générât 
Kray^ tout présagea da nouTeaus.. 
succès et de nou'ffeaux; trionipfae&:t' 

Voici qufelteiéCait la siiuation ées 
deux aribées airaot; la scpriàe des^ 
Èostilîtës* 

L'aile droite ^.sou6 le commande^ 
tuent de Lecoiii^be , était paftagé^ea. 
trois divisions avec iwe rëfi^rv^ ; elle 
fié montait à dj^ooa coœbatdaiiB vmm: 
compris quelques bataillons destinés* 
à former, sous les ordres du géaé^ 
tal Moncey^ Taile^gaucbe dé Vb^v:^ 
mëe de Rëservîe qiti detait pënétrexr 
en Italie par le miint Saint^Gotliaird^ 
Elle occupait toute la frontière Qiwtir 
taie et sept^ti^îoi^l^ de i!Heliiéti^ i. 



( i6^ ) 

et bordait le cours du Rhin depuii 
sed sources jusqu'à sa jonction avec 
l'AsLT : elle avait en opposition toutes* 
ït$ troupes autrichiennes postées 
dans les Grisons et dans le Yoral^ 
berg, sous les ordres du prince de 
Ileuss y et en outre la; ps^rtie de l'aile 
droite de Kray répandu^^ur le Rbiu 
entre le l>c et-la Wiitach, 

Le général MpreaU s'était réservé 
le coQ^mandenient du corps d'armée 
dû centre y qui était composé de 
trpis divisions rassemblées à Baie et 
dans les environs : il était fort de 
3Q|000 boxtfmes , et avait eu oppo-* 
$îtion le centre du général Kray, pla- 
cé à Donetchingen.' 

Le troJisième corps d'armée , au,x 
ordres du général Saipt-^Çyr , ras- 
$^mblé vws Neuf-Birisaçh ,. éta^t fort 
^ |ï6 à ao mille hommes ^ et était 
opjgp^i au^^ troupes du corps de 



Fribourg, d*où il chassa Tetiiietmi. I4 
ttoisième division du corps -de ré« 
lerve y aux ordres du géaévsàBiche* 
pansé, dëboucba par Baie , marcb» 
en descendant le Rhin , et s'avMÇ^ i 
jusqu*à Schliengen. 

Le9 , à l'exception de Viàh dtoiiey 
Farmée entière se tiroura sur lariv^ 
droite du Rhin , Mareau ayant'pasté 
ee fleuve à Baie avec ses* deuiL- ditii 
sions. 

Le même jour , la division Drlmat 
força le pont de la rivière d'Alb aitft^ 
forges )d' AI b-Bruck, où l'ennemi k^^- 
tait fortement retranché .^pendut 
que celle de Richepan&e arrivait i 
Saint-Biaise, et culbutait quatre b** 
taillons qui Toccupaient' 

Le lo floFëal, une grande partie df 
l^armëe se trouva réunie en Mtièti 
de la WiUach^ (i) et presque toiattf 

(»y Rifière de la forêt Noire* 



C i^ ) 

^5i dîvmons eurent à portëe de se 
f^pmmiwîquer» Cette joursëe fut 
jD^ise à ^Q^t, pour ji^eçq^n^îtee pluii 
|)f)rfaitempnt 1^$ détftiU duterrein, 
^ Je 10 au soir , vers la brune , Iç 
convoi se mit en marche de Grys- 
Jie»g ^ pQwr Ip p€|iat<iu : pa^^ge. 
. : tîB I r^ Krers quatre Heures du matio^ 
P^^Depii , ayaotd^comv^er t les barques 
rangées à terre à notre bord'^oomo^e^r 
«a sur elles un feu de mousqueterie 
qui, dans un instant , s^étendit surtou* 
^larPky^.» A)U bpji^ de qpelqpe tems,, 
1^ ffiu^ 4p;|^tre artillerie, qui cani:* 
jB^Qça 'h: jpuer ,; écarta, l'ennemi du ^ 
jiyA^Py et quatre compagnies sautè-^ 
rent dans les barques , et furent bien* 
tôt à l'autre bord.Les troupes âppro- 
dliànt ensuite engraiod nombre pour 
s-^eznbarqper, le succès du premiier 
passage iiuit, compJètemejDt assuré. ; . 
Qit s'occupa ensuite de la. cens- 



( ïé8 ) 
tmctîon du pont qui fiit bientôt te** 
înîaë/ Lés trotrpès' s'y précî^tèrcnt 
avec tine atdeùr sàiis' exemple , et 
ce passage s^effectiià. si lestement) 
qu'avant 9 heures du matin tout le 
corps d'arinëe , composé de trois dî* 
visions et d'ttnié'tésenrte de câVàleïie, 
iè trouva de' Tàùtre aôlé du Rhb; 
ïe forma dans la' plaînfe'^ et s'avaBçi 
en bon ordre. : , ; ^ » 

Le pasisagé secondaire du Para^ 
dis (i) ne s'effectua pas avec autant 
dé fàcilitié : l'enneini se trottvaùt en 
forcés iâiti village de Btts^ingléa et 
iàt l^s hauteurs couvertes de ^vîgùcs 

qtii lé dominent; nos tjou^ès fuMù't 

.1 "■■•,■' ■ ' :.-:»'••' 

' (1) Parfldi^ est aa couvent de.fillei^ aitiié.iii^é' 
dîatement au bord du Rhia • à ane demi-lietfr 
aa*des8iis de SchafiThoase , eh face et ' un péil ' Aa- 
desâous du village de Bassîngen/qi'S Iiii'est>op{^ôsi 
à la rive droite. Oh traverse les.CQur^'du couvent 
pour parvenir au rivage. 



C 169 ) 

trop faibles pour emporter' ces po- 
sitions , qu'elles attaquèrent nëan- 
ndins ^ plusieurs reprises et avec 
vigueur. Mais une de no&^colonnes , 
qui avait passé à Reichlingen , et 
qui s'était dirigée vers Schaffhouse , 
mit J'ennemi entre deux feux , le 
força d'abandonner précipitamment 
le village de Bussingen , et nous en- 
trâmes le même jour dans Schaf*- 
fhouse. 

Le commandant wurtembergeois 
du fort d'Hohentwiel (*) s'empres- 
sa de capituler, malgré qu'on fût 
loin de songer à l'attaquer de vive 
force. La prise de ce fort fut un 



(1) Le fort d'Hohentwiel est placé au sommet 
d'une montagne en pain de sucre , très-élevée et 
escarpée de tous côtés, éloignée du Rhin de trois 
lieues du pays au moins y et qui domine le village 
de Singen, sur la route de ScbafiFliouse à Stockac* 
ta position de ce fort le rend presque imprenable* 

P 



( 170 ) 

d^ premiers fruits de ce passage , qui 
nous valut en outre trois pièces d^ 
pauon enlevées à rennemi , et 7 à 809 
prisonniers, dont un major et plut 
$ieur3 officiers. 



( »70 

CHAPITRE XXI T. 

Bataille d*Engen. 

Ares le passage du Rhin à Rei- 
clilîtigen,à rexceptîon du corps de 
Sainte-Suzanne, qui était alors en 
tnarcfae de Fribourg sur Offingen , 
toute l'armée se trouva réunie et en 
ligne. 

L'ennemi, qui avait été trompé 
iur nos mouvemens, marcha en 
grande hâte afin de gagner la posi- 
tion de Stockak , et de pouvoir y 
réunir la majeure partie de ses for- 
ces, avant que nous fussions en me- 
sure de Tattaquer. Moreau , de son 
côté, ne perdit pas un jour pour mar- 
cher à lui , et tâcher de le surprendre 



C«70 
dans son mouvement. Le ? 3 floi 
il fit porter toute l'armée en av 
afin de se saisir deja ligne de S\ 
)Lak â Engen. 

Ce fut en avant de ce dernier t 
droit que le gépéral Kray réunit 
majeure partie de ses forces. La d 
vision Delppias rencontra son avant 
garde en-deçà du village de Woltar- 
dingén 3 il la fit replier jusqu'au-rdelà 
de ce village, où ell^ se reformasuf UA 
terrein élevé , souslaprotectiaq d'opo 
nombreuseairtillerieetd*ungroscorpi 
de cavalerie. J^p cojnbat s'enga^ 
avec chaleur sur ce point, ainsi que sur 
la gauche avecla divii^ionRioliepanse 
entre Wolterdingen jet Leibp^rdip*' 
gen. Les positions du bpis de Welt* 
chengen, de I^ulhausen, d'^d^jingen 
et de Hohepheben , quoique défen-' 
dqes avec ^cjiarn.ement , f ureat suc-* 



(Ï73) 

èeÎBsitrdmént emportées par nos trou- 
pe$, malgré notre grande infériorité 
en artillerie , et nous en demeurâmes 
maîtres à lantiit. 

Notre aile droite , qui avait mar- 
ché ver^ Stockafc, i*encontra l'en-^ 
iiemi, qui fut d'abdrd rejeté jusque 
devant cette ville,' où îl nous atten- 
dit avec des forces nombreuses eu 
infanterie et en cavalerie , soutenues 
d'une artillerie formidable. Malgré 
tous ses efforfè, il fut culbuté en ar- 
fière <}e $«ip||^^ ui)A.«cèaidô 
perte. Nos trouj^ ëtifrèrcnt pêle- 
]ii#le avec lui dans cette ville, où 
l'on trouva d'immenses magasin* 
d'avoine et de farine, avec un établis- 
sement de boulangerie très-considé- 
rable. Notre cavalerie gagna à là 
course les hauteurs qui sont au-delà. 

Le corps de Saint -Cyr eut plu- 



( 174 ) ] 

sieurs engagemens avec l'ennemi. La . 
brigade du général Roussel attaqua | 
vivement les troupes autrichietuies 
de Nauendorf , qui occupaient un pla- 
teau qui domine Engen. Cette posi- 
tion, opiniâtrement défendue , prise 
et reprise plusieurs fois, resta enfin 
en notfe pouvoir vers dix heures du * 
soir. 

L'ennemi se retira dans la nuit sur 
Mœskriçh et Grombach y laissant 
4,000 morts sur le champ de bat^ill^ 
qu'il nous abandonna , et nous de« 
meurâmes maîtres, suivant le but 
que s'était proposé le général en chef ^ 
de la position deStockak à Ëngen^ 

Cette journée coûta à l'ennemi 90 
pièces de canon , 3 drapeaux , et 
plus de 7,000 prisonniers. 



(175) 



CHAPITRE XXIII. 

Bataille de Mœskirch, —^ Combai 
de Biberachi ..^■'- 

liE Succès de là bataille d^Eûgen fut 
lé prélude des triomphes de l'armée 
française dans cette cartipagne. Après 
la perte de cette bataille , l'ennemi 
fit une retraite précipitée ^ eu sôrt^ 
qti'on ne put l'atteindre que le i5. 
Lui-même parut se disposer à accep- 
ter le combat sur un plateau en avant 
de Moèskirch , où il avait réuni des 
forces Considérables, et qu'il avait 
garni d'une nombreuse artillerie. 
Moreau fit avancer l^armée dès le 
point du jour. 
Le général Lecpurbe , à la tête de 



( 176) 
l'aile droite , se porta de Stockak à 
Mωkrich, laissant sur sa droite une 
brigade pour éclairer le lac de Cons- 
tance y et une autre sur Closterwald 
pour intercepter les routes de Pful- 
lendorf et de Mengen. 

Le corps de Saiut-Cjr avança sa 
droite sur Liebtingen* 

Le corps de réserve marcha en se- 
conde ligne de l'aile droite. 

La division Montrichard , se di* 
rigeant sur Mœskirch par Gromb^icbi 
déboucha rapideme{it,avec la cara^ 
lerie et l'artillerie. Mais l'enneoâ , 
par sa grande supériorité ^ démonta 
la majeure partie de nos pièces, et il 
fallut toute l'énergie desi chefs. y tovt 
\e 4^rouement deç troupes pour 
maintenir ce cojabat sur ce point. 
Mais uue partie de la division 
Vandame étant arrivée à Closter- 
wald , seconda le général Mçatri*- 



( 177 ) 
tfhard; et le mit en mesure d'emporter 
Mieskirch , et bientôt le général Mo-> 
lîtor , chargé d'attaquer cette ville , 
j pénétra au pas de chaire à la tète 
de deux demi-brigades. 

.Le général Kray , n'ayant pu arrêter 
nos progrès sur sa gauche , rassem* 
bla à sa droite une masse de 30,000 
hommes , à la tête de laquelle il fit 
des efforts înouis pour forcer noire 
gauche et la tourner : mais , quoique 
nos troupes eussent infiniment à 80uf« 
frir du feu de Pimmense artillerie de 
^ennemi, et quoiqu'elles eussent été 
obligées de changer de front trois foie 
sous le feu le plus meurtrier , elles 
manœuvrèrent avec tant de bravo une 
et de sang froid^ qu'elles repoussè- 
rent ses attaques , et qu*il ne put les 
entamer. La division Ricbepanse, 
qui n'avait pas encore donné , étant 
survenue, nos troupes , ijanimées par 



C 17» > 
ee fenfort , ^attaquèrent avec( une 
nouvelle vigueur , qui acheva dd 
décider la victoire. Le succès fut 
long-tenïs incertain y malgré le cou- 
rage et l'intrépidité de nos troupes y 
qui seules n'auraient pas suffi pour 
l'obtenir, sans le sang froid extraor- 
dinaire et les talens supérieurs du 
général en chef. L'ennetni commen-^ 
ça à s'ébranler, à la nuit , de toutes 
parts y et à nou^ céder le champ de 
bataiïïe. Il se retira sur Segmarîn- 
gen , où il repassa lé Danube. Sa 
perte, dans cette journée , monta à 
près de 4,000 hommes tués ou blessés ^ 
3,000 prisonniers , 5 pièces de canon 
et plusieurs caissons. ^ 
^ Le lendemain , la division Ney 
le poursuivit vivement , le mit en 
déroute , et lui fit encore i,5oo pri- 
sonniers» 
L'armée prit alors position j- sa 



C '79 ) 
droite au lac de Constance , sa gauche 
au Danube près de Mengen. 

Pendant les journées des 17 et 18, 
l'armée s'avança jusques sur la 
Scbaussen. 

Le 19, elle continua à se porter en 
avant. 

Le général Saînt-Cyr , s'avançant 
vers Biberach à la tête de deux 
divisions, rencontra Tennemi prè» 
d'Oberndorf , et repoussa ses avant- 
postes jusqu*à sa principale position^ 
où il était avantageusement placé sur 
des hauteurs en-deca du vallon de 
cette rivière. II, les occupait avec 
10 bataillons , un gros corps de ca- 
valerie, et 1 5 pièces de canon : néao^ 
moins le général Saint-Cyr se dis« 
posa à l'attaquer , et il le fit avec 
tant d'impétuosité , que ce corps fut 
mis eu déroute et culbuté dans U 



( i8o ) 
farinde laRiâs. Nos troupes le poii 
suivirent et entrèrent dans Blb4 
rach. 

Après ce premier succès , Saint 
Cyr fit attaquer un nouveau corps 
ennemi placé dans une excellente 
position sur un plateau élevé , au« 
quel on ne pouvait parvenir que par 
un seul débouché. Sês^ dispositions 
furent si bien prises , et son attaque 
fut si vive, que ce corps fut mis eu 
fuite j et céda le champ de bataille^ 

De son côté , la division Richepetastf 
rencontra Tennemi biem en avant de 
Biberach^et le fît replier jusque sur 
cette ville^en vue de laquelle ellearri'' 
vaiau moment où les troupes du corps 
de St.-Gyry entraient^Alorslegëoé- 
rai Richepanse attaquables hauteurs 
qui sont aUi-delà de la rivière ^ et 
qui étaient occupées par un corps 
très-nombreux y soutenu d'une farte 



artillerie. Il fît son attaque avec tant 
d'inqipétuosîté, qu'il se rendit maître 
de la po8itioii.de Pennemi , qui dous 
abaadonna, en laissant le terrein jon- 
ché de morts et de blessés. 

On fit dans cette journée 2,000 
prisonniers aux autrichiens, qui per- 
dirent encore à peu près un égal 
nombre d'hommes tués et blessés. 
On trouva à Biberach des magasins 
considérables. 

L*ennemi se retira au - delà d^ 
ITiQr, dont il rompit Içs ponts. 

Le 30 floréal , Taile droite , qui 
n'avait pas pris part à cette affaire , 
quitta sa position sur l'Aitrach pour 
passer l'Iser sur Memmîngen. Les 
divisions Montrichard etLorges pas-*^ 
$èrent cette rivière, et attaquèrent 
aussitôt l'ennemi. Le combat fut 
très - opiniâtre , et dura jusqu'à la 



C i8a ) 
suit que le champ de bataille nous 
resta. 

Le 2f , ces mêmes troupes recom- 
mencèrent leur attaque, et entrèrent 
dans Memmingen , où elles ne trou-- 
vèrent qu'une faible avant -garde 
qui fut repoussée assez loin au-delà 
de la, ville. Les bavarois fufent très- 
maltraités à ce combat; on fit 1^800 
prisonniers* 

Le corps d'armée du général Sainte- 
Suzanne, qui, depuis le 9 floréal , avait 
marché isolément pour se porter du 
y ieux-Brisach sur la droite du Da« 
nube , en passant par Fribourg , le . 
val d'Enfer, Offingen, Doneschin* 
gen , arriva le 20 à hauteur de no- 
tre gauche , se lia par sa droite au 
centra de Tarmée , et prit de ce jour 
la dénomination d'aile gauche. Cette 
aile resta en position sur la droite 
du fleuve. 



(i83) 



ÇHAPITRP XXI y, 

Prise de Icf. flottille de Williams sur 
le lac de Constance f — Occupation 
par nos troupes de Wangen ^ 
Jjindau et Bre^entz^ 

XjE général en chef ayant senti qu'il 
était de la plus grande importance 
pour appuyer la droite et assurer ses 
communications , qu'il fût jraaître de 
Bregentz et de Lindau , détacha la 
première brigade de droite , soqs les 
ordres du génial Laval, pour s'empa» 
rer de ces places. Nos chaloupes ca-^ 
nonnières, chargées de la surveillance 
du lac , et de s'opposer aux mouve* 
Jïiens de la flottille autrichie4ne ^ 
/[:o^co^rure^t à cette attaque. 



( i84 ) 

Le 19, elles se portèrent sur Len- 
gen-Argen , y abordèrent , et envoyè- 
rent à la découverte. Mais WUljaïps 
ayant abandonné sa flottille , se porta 
à terre avec deux pièces de canon et 
un corps de chasseurs tyroliens^ con- 
tre le faible détachement qui: était 
débarqué, et qu'il força de rentrer 
dans ses chaloupes* 

Le 20 , une partie des troupes qui 
occupaient Rhineck, s'étant aperçu 
que Tennemi avait retiré ses postes 
des bords du Rhin , passa ce fleuve, 
et détruisit les batteries qu'il y avait 
construites pour gêner nos comnpiuu^ 
cations. 

Le 31 , nos chaloupes çanoQ.ziiè^es 
se portèrent sur Lindau , qu'iU trou- 
vèrent évacué. Une partie sç djxigf* 
alors sur Brégentz : ce fut dans çç pqrt 
qu'on prit 17 chaloupes, faisant partie 
de la flottille autrichie;priç q^e Wil- 



( 193 ) 
un triomphe , grâce à la bravoure de 
deux de nos divisions , qui vinrent à 
bout de repousser des forces inf^ii^ 
ment supérieures." 

Pendant l'exécution de ce mouve- 
ment, l'ennemi, qui avait rétini de 
grandes forces , attaqua j avec 40,000 
hommes,la division po^téeà la gauche 
de l'Iser , sou6 les ordres du général 
.Bichepanse. Cette division fut cou- 
pée en trois parties , et la brigade de 
droite fut assaillie avec acharnement. 
La division Ney s'avakiça* prompte- 
m^nt par le poiït de Kilmintz , et re- 
poussa l'ennemi jusqu'à Dittehheimj 
mais une forte colonne débouchant 
sur Kerchberg , occupé par deux ba- 
taillons, ils ne purent s'y soutenir. 
Lès autrichiens , par cette manœuvre, 
se trouvèrent en^vant du pont de 
Kilmintz. Le ^Wéral Ney fit une 
contre -marche pour reprendre ce 

R 



( Ï94) 
pDste important, y une demi ^ brîgada 
li'ayao^aupa^dect^ç sous 1© feu 
le fAm vy?ï «aas'y i^^Pjpûdfe pajr nfl 
seul coup de fusil : l'eauemjl futcul^ 
buté et rejeté dans une route resserrée 
isntre des ^ois^ 9Ù il abandonna son 
artiUeriis ^( sjEfs caissons , a^ec 1,309 
prisonniers^ Le j^énpral Richepanse, 
qui avait été *i«pousâré, niais qui s*§t 
tait défendu arec la pius grande opî'^ 
«liâtreté, reprit alors roflfensive: il 
£brça rcttoefEii k la ^traite ^ ejt lui .fit| 
de son côté ^ Soo pmonniers ^/parmi 
lesquels se tnfôJUva. le générai rcoante 
deSpork. 

Cette journée nous valut a^Qcopri^ j 
^onniei», et huit pièces de canf>oiL?e<^ I 
.leurs icaisftons. 

Les autrichiens se retirèrent précis 
pitamn^ent dans la nuit auhdielài du 
Danube , et]rcan^Adt|oti$ les ponti 
qu'ils aFaiepit sup qe éteuvet 



{ içS ) 
Après cette affaire , Moreau réso- 
lut de porter de nouveau l'aile droite 
SUT Ip Ixck. Le général Lecourbe 
effectua le passage de cette rivière 
sur deux points différjens , battit 
l'ennemi , et lui prit deux pièces de 
canon. 

Le ii3, l'armée se rapprocha du 
Danube pour Sôutefiit la division 
Lecôurbe dans les diffêrens ïnôuvé- 
inens' qu'elle opéra. L'ennemi voulut 
'l^tfetqufer , niais iî fat répoussé pâr-^ 
"tbtlt r iï permit dàti*6ette journée 400 
bôhiihes tués bu blessés, et 606 prî- 
^«tmiiiers. 

*" Lé même joTuir, le prince deBeuss 
'S^étâ'nt avancé pour attaquer nos flan- 
' quetirs de droite , le général Molîtor, 
''qnr lés côinmandàit , marcha à sa 
Wnéontrte ,1e ren véfsâ , le mit eh fuite 
etluî'fit iSopfièonniers. 



( 196) 



C H A P I T R E X X VII 



Passage du Danube^ — Bataille 
d'Hochtett. 



liE général Kray s*obstinaiit à gai(- 
der sa position devant Ulm , M.oreau, 
qui qe pouvait avancer en Bavière 
sans la lui faire abandpnaer y sp dé- 
termina, pour, l'y forcpr, à vme.ma* 
tioeuvre d'une grande audace.. Sa^s 
équipages de pont , sans bateaux , il 
entreprit de passer le Danubp «au- 
dessous d*Ulm. Le but de çptte ,t;ei)ita<* 
tive était de séparer l'enneipi,^dp,sies 
magasins établis à Hatisbonuq^ !à 
Ingolstadt et à Çonawert^ et l*obU- 
ger ainsi à se retirert)u à combattare. 
I^e général Leçourbe, informé que 



(»97) 
les ponté deBlîntheim et de Gtem* 
heim étaient les plus aisés à réparer ^ 
se décida à passer sur ce point , et le 
29 prairial il fit une fausse attaque suif 
DilHngen et Lauingen , pour retenir 
dans cette partie le corps de Starray^ 
chargé de défendre le bas Danube. 
Le 3o au matin y la division Gudin 
commença l'attaque versBlintheim/ 
par une canonnade qui força l'enne- 
mi d'abandonner le rivage : aussitôt 
8a' nageurs passèrent, suivis de deux 
petite^ nacelles qui portaient leurs 
atmes : ils abordèrent à la rive op- 
posée ; et , sans se donner le tems de 
s^habiller , prenant seulement leurs 
fusils et leurs gibernes , ils se mirent 
tout mis à la poursuite de l'ennemi , 
et s'emparèrent de deux pièces de 
canon/ Des canonniers passèrent aus- 
sitôt sur des échelles que l'on jeta en 
travers des palées du pont, pour aller» 



Ce premier succès feoilita le rétai- 
bllssame^t des ponU % qui fureiit 
promptement réparés par les poatoix-- 
niers^t les sapeurs réunis, Dçux h^^ 
taiîlom passèrent d'abord )l^ s'esppa^, 
rèrent des villages de BU^theim etlde 
Gremheim j le surplus dea divisiox^ 
Montrîcbard et Gudij;i paa^sa succen^ 
sîveme^t. 

L'ennemi , réunls^^nt ses forcoft ^ 
marcha contre ijQus^/d^.D^nawoi* 
d'un cèté, de DilUoige^ d4 Va«tM^. 
Pour eflopêcHei; ces deux c?oi^: dft w? 
ïéunir>,L^ourbe^J&t altaq;aw le viK 
lagede Schawem^^gf^m, qviifutpri^et; 
repris plusieurs f ois siiwlgré k^upé-- 
riorité des fcMPciesde reaftemijUfutî 
mis en déroute par une charge vigou^ 
reuse , exécutée par deux cscadroni^ 
de carabiniers, un pelatoc dttSV»» dc^ 



< »99 ) 

fiQgftatds^ et l' escorte dQ général Lè^ 
courbe. Cette charge , faite par une 
poignëe de braves , le tram^na jusqu'à 
Donawert. On lui fit 2, 5oo prison-* 
ûiers j on lui prit dix pièces de canon , 
quatre drapeaux' et troi« cents obe^ 
vaux* 

Lecourbe, à la tête de plbsieuri 
f^gimens de cavalerie , se porte sur le 
flanc gauche des autrichiens , qui 
était • couvert par une nombreuse 
cavalerie; il h. déborda et la fit 
charger vigoureusement sur la routé 
d'Hochstett à Dillîn^en î elle fut re- 
poussée , et abandonna Hnf antcrîe , 
dont une partie fut prise et coupée, 
et le reste poursuivi vivement jtïsqtt*^ 
Grundelfingen. 

Le général Kray fit marcher contre 
nous toute sa cavalerie, qui fit rétros 
grader la nôtre pendant quelque 
fems : ses renforts arrivait succès- 



( ipo ) 
sivement, il prit position en avant de 
la Brenz , avec un corps de 8,000 
hommes. Heureusement une partie 
du corps de réserve avait passé le 
Danube sur les ponts de Dillingen et 
de Laujngen, qui se trouvaient réta- 
blis : la division Decaen se joignit au 
général Lecourbe, L'ennemi fut char- 
gé avet impétuosité par notre cava- 
lerie, et finit par être entièrement 
renversé. Le combat dura Jijsqu'à 
onze heures du soir, que Tennemi, 
rejeté au:delà de la B renz , nous aban- 
donna ses positions» 

Dans cette journée , on fit 5,ooo 
prisonniers 3 on prit '5 drapeaux , 20 
pièces de canon avec tous leurs 
caissons j le lendemain on s'empara 
de 3op voitures et de i,*2oo chevaux , 
ainsi que des grands magasins établis 
à Donawert. 



( 201 ) 



CHAPITRE. XXVIII. 

Affaire de Nordlingen. — Combat 
de Neubourg. * — Erftrée des 
troupes françaises à Munich. 

Apres la bataîïle d^Hochstett , Yen* 
nemi,qui se trouvait réduitàralternar 
tive de livrer encore une bataille, ou 
d'abandonner la position d'Ulm pour 
gagner Ingolstad t , effectua sa retraite* 
L'armée se mit à sa poursuite; mais 9* 
comme il se retirait rapidement , il 
n'y eut que son arrière-garde qui fut 
atteinte par le général Lecourbe , qui 
lai enleva /i5o prisonniers. Il parut 
vouloir résister sur la^ hauteur de 
Nordlingen , où il déploya une forte 
artillerie ; mais il ne put empêcher 



( iài ) 
âne partie de TaYmée de débouchef 
des bois qui resserrent la route, et de 
prendre position vers Rifflinging. 

Devant Ulm, l'ennemi ayajit retiré 
ses postes de la droite du Danube, le* 
général Richepanse pas»a ce fleuve à 
Guntzbourg, dont il rétablit le pont^ 
et forma Pinvestissemcnt de la place 
sur les deux rives. 

A cette époque y le général Kraj^ 
en donnant avis à Moreau de Par-^ 
mistice conclu en Italie le 97 prairial # 
entre Mêlas et le général B^rthieTi en 
proposa im. Le général ASorea<ii , m 
youlant pas lui laisser gagner dq 
tems, dont il eût profité pour «'éta- 
blir en Bavière et nous en disputer 
l'entrée 9 le refVisa; mais , s'attendast 
que bientôt il serait dans le cm dfl 
suspendre sa marche , il changea lo 
but de ses desseins^ et fit partir lur» 
lé-champ pour Munich ttn.détacheM- 



C 2p3 ) 
ment aube ordres du général D^caei»/ 
qui s^y rendit à marches forcées. 

Le i-et le 6 messidor, on suivit 
Pennemi qui se retirait derrière le 
Wernitz ; il pel'dit une de ses colon- 
ntê d'^ëquipage j le obâteau d^Har- 
bourg capitula) et Ton fit i5o pri« 
sonniers. 

Le 8 , l'aile droite de tiotre armée 
marehl^ sur Neubourg : la division du 
^êùêpaà Montridiard , qui se portai 
Ntf cette ville , eut à soutenir le choc 
dè^'la plus gt^àde partie de rarmée* 
atitridhiienne :' on rencontra ses pre-i 
miers pbstes en avant dii village de 
SfràW^ et on les poussa jusque sur les^ 
ïràlltfe«t*sd'Unt6r-Hausen,qu€i Tenue* 
liai occupait en forces» Il fut, de nou* 
teau,attaqué vivement defront: lapo» 
sition fut enlevée ^ et nous parvîijimes 
wir le revers des hauteurs à la vue de^ 
Neubourg. Mois les troupes autri* 



( 2Ô4 ) 

cliienneê i recevant continuellement 
de nouveaux renforts , elles revinfént 
à la charge , et nous reprirent les hau« 
teurs. La division Montrichard fut 
forcée de faire retraite : elle l'opérait 
en bon q^dre', lorsque la division 
Grandjean , qui avait passé le Lech, 
arriva à son secours. L'ennemi fut 
arrêté ; nos troupes se dirigèrent ^ sur 
trois colonnes , à l'attaque de sa posi- 
tion , et ces colonnes mirent tanj de 
vigueui^ et de concert : dans leurs 
^eflPorts , qu'ellies réussirent à s'fen em- 
parer et à l'en chasser définitivement. 
Ce fut dans cette mêlée que fut 
tué le brave Latour-d' Auvergne, (i) 
^premier grenadier de l'armée fran- 
çaise , qui combattait daos les VBSiff 



(i) n est h .remarquer que ce brave greàadîert 
issu du sang de Turenne , mourut dans la-mèiii»' 
duché que son aïeul j et presque dans le mâiu^ 
mois. Turenne mourut le 27 juillet 167^ 



C2o5) 

de la quarante-sixième demi-^bri- 

gade. 

On combattit de part et d'autre 

avec acharnement , et ce ne fut qu'à 
onze heures du soir que, nos troupes 

.parvinrent à prendre position sur les^ 

jbayteurs d'Unter-Hausen. 

L'ennemi évacua Neubourg dans 

•la nuit : il en brûla le pont , et se re- 

: tifa, sur Ingolstadt, parles deux rives 
du fleuve , en nous laissant 800 pri- 
sonniers! de quinze régimens diffé- 

^rens. , 

Le même jour , le détachement aux 
ordres du général Decaen, qui se por- 
tait .sur Munich à marches forcées, se 

. trouvait à Dachau , et le lendemain 
il arriva à sa destination , et s'em- 
para de la capitale de la Bavière , 
après avoir fait vingt-quatre lieues 
de pays (i) en trois jours de mar- 
■■■ ■ I ' \ ' ■ ■> " » 

(i) Douze xDyriamètres. 



(m6) 
^lies et soutenu en route trois àom- 
bats. 

Combat èe t^anà^ut. 

Mor^u , après plmietïr^ rnowe- 
mens, prit le parti de tenit- sa gauche 
devant Ingolstadt , et d*airM[€«r » 
droite de manière à pouToir «obte- 
nir la division Decaett, que i'ë^flemi 
eût attaquée di eon diesseib eût ^^té 
de «e porter sur PIser. 

Du 9 au l4 messidor y^Pwmée fit 
différentes marches entre le Leteà et 
Viser , sur la Pàari , l'Inh et C Amàier. 

L'armée autribhietine n^ayant pas 
gardé la position dlugolsfadt, et 
n'y ayant laissé qu'une gkmféon , 
Moreau fut tranqtnlle >stir sft gëbilcfa^ , 
où: il suffisait d*obserxrer ce*te Ville. 
Il détacha Lecoûrbe avec 'sa pre- 
mière division j avec des corps de 
flanqueurs , contre le corps du prince 



( 207 ) 

de Reuss ; il dut se diriger d*un* 
part sur Bregentz et Feldkirch , de 
l'autre sur Fuessen et R^uti , sur le 
baut Lech , pour menacer de le tour- 
ner par la haute vallée de Plno. Pour 
déi^ber ce mouvement à Pennemi , ii 
fallut en faire un qui parût menacer 
Batisbonne. 

* Le i5 , la première division de 
J'aile droite se mit en mart^he pour 
cette expédition ; le surplus de Tar* 
Siée commença à manœuvrer , et 
Italie gauche poussa une division jus* 
^H'à^eustadt)8urk Danube.; 

Le i8 messidor , après divers mou^ 
yeo3Lens , nos troupe$ attaquèrent le 
poste de Landsbut sur trois co- 
lonnes, 

L'eonenii défendait cette position 
avec 4,000 hommes : il fut vivemeni: 
attaqué par nos troupes , qui for- 
cèrent le premier pont j et enfoncèrent 



( 2o8 ) 
la porte à coups de hache , sous un 
feu violent de mousqueterie,. Elles 
traversèrent ensuite, en courant, la 
partie de la ville située dans l'île , et 
arrivèrent à un second pont , que 
Tennemi voulait défendre ; mais la 
vivacité et l'intrépidité françaises ne 
lui en laissèrent pas le teins , et , 
après avoir eûfoncé encore une autre 
porte de la même rnanière, où le pour- 
suivit au-delà de la ville; il se rallia 
à quelque distance, et revint à la 
charge à deux reprises j mais , mal- 
gré ses efforts J il fut vivement re- 
poussé. 

Six cents prisQnniers , i colonel , 
3 pièces de canon et i5o chevaux 
tombèrent en notre pouvoir. L'en- 
nemi y perdit en outre 400 hommes 
tués ou blessés. 

Pendant tous ces mouvemiens, la 
division Richepanse était restée de- 



( 209 ) 
vant Ulm, Dans la nuit du 1 8 au 19 , 
la garnison àb cette place fit une Sor- 
tie : elle remonta le Danube et la 
Blav<^,'et fit d*àbord quelques pro- 
grès : mais elle finit par être repous- 
sée ettforcée^de rentrer précipîtam- 
inent ,• avec perte de ï5o prisonniers 
et de beaucoup de tués ou d« blessés. 



f 3Kr ) . 



.1 1 \ 

■ H ■ I ^1 I . ! ■ f H H 1 I I J i f\ ' -Î 






C H AP I T R B J^JLi:^^ 

Passaga 4u iRAv^ jW -^ 4 - w 

tice. 

li'ARMÉE française, guidée par le 
gënie de son chef, marchait de 
triomphes eu triomphes : un succès 
n'était que le prékide d'un autre j 
tout cédait à la force de nos armes ^ 
tout ployait devant une armée qui 
joignait le plus grand sang froid à 
une bravoure extraordinaire , et qui 
ne comptait pour rien les obstacles. 
On va la voir de nouveau parcourir 
une nouvelle carrière de combats et 
de dangers, et en sortir glorieuse et 
triomphaote» 



(au) 

Tandis qu'une partie de l'aile 
droite , jointe aux corps dç$ flaivr 
^peurs des généraux: Molitoret Nan* 
souty I se portait contre le corps dif^ 
prince de Reuss , le gros de Parmée 
continua à manœuvrer pour se rëuf 
nir et se concentrer sur Viser. 

La division! Ney , chargée du blo-' 
eus d'Zngolstadt, poussa des recon*^ 
naissances jusqu'à Nuremberg, pour 
attirer l'attention du général Kray 
sur notre gauche. Mais pour soutenir 
lemouvementsur Fuessen > dont Vat* 
ifaqiie devait s'effectuer le î23 , et 
pour tenir en échec les renforts qiâ 
•auraient pu venir du Tyrol , la di- 
yisiof^vMontriçhard s'avança le mêm^ 
jour jusqu'à Bepedicf>*Beuren. 

Le ;2 3 y le général Gu^in attaqua 

les. positions de l'ennemi en ^vamt 

»de Fuessen , renforcées de redoutes 

et'de retpancheHiens ga^is d'artiU 



(212 ) ' 

lerîe : il les enleva les unes après les 
ctutre», et fit replier les autrichiens 
Jusqu'à Fuessen , où nos troupes en- 
îrèrent pêle-mêle avec eux , après 
avoir franchi tous les obstacles. Ce 
àuccès nous valut 3 pièces de canoa 
et 900 prisonniers. 
" Le général Laval , chargé de s'em- 
parer d'Immenstadt , trouva cette 
ville évacuée : il dirigea alors un 
bataillon sur Bregentz pour renforcer 
le général Molitor. 

Ce général , chargé de la partie 
principale de l'expédition, partagea 
en trois corps les forces mises à sa 
disposition , et parvint à surmonter 
tous les obstacles que lejmauvais état 
dés chemins montueux opposait à 
son arrivée. Le passage du Rhin à 
Lucisteig s'effectua heureusement 
dans la journée du 24 messidor : un«^ 
colonne fut promptement transportée 



( "3 } 
à la rire droite , meigvé Teitrême 
faiblesse de nos moyens, et l'impé- 
tuosité du courant. L'ennemi , sur- 
pris par notre grande célérité, ne s'y 
trouva pas en mesure , et il ne nous 
opposa qu'une résistance médiocre. 
Après ce succès, le général Jardon 
détacha quelques troupes sur Coire , 
et marcha avec le surplus vers Feld- 
kirch , où il ne put arriver le même 
jour à cause de l'éloignement. 

La colonne de l'adjudant Dor- 
menans entra le même jour à Coire, 
ou elle fut jointe par une partie de 
celle qui avait passé près de Lucis^- 
teîg. 

Le généfel Molitor , qui marchait 
.le même jour sur Feldkirch , ren- 
contra en avant de Hohen-Nubs un 
corps ennemi considérable, qu'il at- 
taqua, malgré son infériorité, et le 
repoussa jusqu'à Goezi , où il avait 



C2T4) 

des r^trahchemcms.qulL emporta <& 
vive force.. 

La vigueur qu^èn avait montrée 
à ces diverses attaques fit croire â 
Jallachich , qui commandait à Feld- 
kirch , que Ton avait reçu des ren- 
forts 3 il se détermina à évacuer cette 
-place , où nos troupes entrèrent le' 
lendemain matin, 25 messidor. 

Cette expédition y qui nous valut 
là prise de Feldkircb y de Fuessen et 
d'Imiiienstadt , l'occupation du pays^ 
,des Grimons, et le passage (Je Lucis^- 
iéig, avec K)3^o«prisonnier$ et qujçl" 
ques pièces de canon , fut la dernière 
opération diç la çajup^guc. 

- Le 23 messidor'v le géi^rai Kra^iç, 
iayant fait de nouvelles propositions 
-d'armistice , Hs négociations 8*ou> 
vrirent pour en régler les conditions, 
et le 26 du même mois £ut Gonc^lue 



f 21:5 y 
ma^ t^cHiriantîïanr qui smpeuûH toutep 
hostiiièës; i , . 

: Cfpeàdauti dan» la quit du 27 au 
98 y. la- garmsoa d'ingolgtadt fit um 
tartiè vigourieuse sur La gauche dir 
DàjpuJDe y. qui fit d'abord replier sas 
{^d^tes rxniaiaie général Ney ,. chargé 
4u blocus. d« cette place ^ la rejeta 
dans ses murs, avec perte de ôof^ 
frHspnniers* 

'. £>art8 Je courant du même mois^ 
y^wé^ gallb batave ne s'étant pat 
)i»c©r^ portée sur le Bas-Rhin, et 
lies! partiis s^étant introduits sur le$ 
^wri^Ses de ^armée , le général en 
ehef avia.it jugé utile de détacher le 
général Sainte -Suzanne pour aU« 
Wôéènibler vers Mayence un corps 
d- armée ;destiné à pénétrer dans la 
Eranconie : il était parti de Tarnaéc 
Trers la mi-prairiaL 
lie 14 messidor y^ ce corps avait: 



(2i6) 
commence son mouvemisntit, et pass^ 
la Nidda. Le 28, il fut^ attaqué 
dans liiie position qu'il avait prise 
entre Neu-Weissembourg et Hanau ; 
mais il battit l'ennemi , et lui prit 
200 hommes. Il allait pousser plus 
avant ses succès , lorsque l'armistice 
luiouvrittout le pays jusqu'à la Reid- 
uitz. 

La ligne de démarcation , fixée 
par l'armistice, s'étendit de la rive 
droite du Rhin , dans les Grisons f 
jusqu'à l'embouchure du Mein, dans 
le même fleuve. Cette ligne se liait 
à droite avec l'armée d*Italié pat 
Coire , la vallée de Tusis, le Splu- 
gen et Chîavenne. Sur la rivedroitc 
du Rhin , entre le Mein et Dus- 
seldorf, nos troupes devaient gar- 
der les positions qu'elles se trou- 
veraient avoir à l'instant de la con- 
vention ; mais , devant Mayeuce,* la 



( 217) 

ligne d.e démarcation ne pouvait 
dépasser la Nîdda. 11 fut convenu 
aussi que les places occupées par 
l'ennemi , et situées en-dedans de 
cette ligne, resteraient, à tous égards , 
dans l'état où il serait constaté qu'elle 
se trouveraient au moment de la sus* 
pension d^armes. 

Ainsi se termina cette glorieuse 
campagne. L'armistice , qui en fut 
îe résultat, dut être regardé géné- 
ralement comme le prélude de la 
paix : le 9 thermidor, les prélimi- 
naires en furent signés par le pre- 
mier consul et le comte Saint-Ju* 
lien , stipulant pour l'empereur. Ce 
dernier refusa de ratifier le traité. 

Ces tergiversations de l'empereur 
paraissant n'être employées que pour 
temporiser , l'armée , qui avait mis 
à profit l'intervalle du repos dont 
elle avait joui pour se mettre en 

T 



(218) 

état de rentrer en campagne , reçut 
ordre de reprendre les hostilités. 

I.e général Moreàu écrivit à Tar- 
chiduc Jean, (i) alors commandant 
en dief les troupes autrichiennes, 
le premier jour complémentaire , 
qu'attendu le refus de l'empereur 
de ratifier les préliminaires de paix 
arrêtés par son plénipotentiaire , il 
avait reçu ordre de son gouverne'» 
ment de recommencer les hostilités 
à TiDstant , à moins que l'empereur 
ne consentît à traiter avec lui d*ua 
nouvel armistice d'un mois, et à li- 
vrer de suite aux français les places 
de Philisbourg , Ulm et Ingolstadt, 
pour garantie de ses intentions de 
conclure une paix définitive. 

L'empereur , éclairé sur les posi- 
tions avantageuses des français , par 

(i) Le général Kray avait été disgracié^ 



( 219 ) 

la démarche qu'il fit de se rendre à 
son armée , craigoit. pour ses états : 
il autorisa le comte de Lerbach et lef 
baron'' de Lauer , à traiter avec le 
général Lahbrie muni des pouvoirs 
du général en chef Moreau. Les places 
fortes demandées furent accordées , 
et on convînt d'un armistice de qua- 
rante-cinq^ jours , qui fut signé le 
troisième jour complémentaire. 



( 220 ) 

ÇHAPITRi; XXX 

Dénonciation de la reprise des 
ho&tilit^s. — Proclamation du 
général Moreau. 

JjE çi^bipiet de Vieçnçi, wflqencé 
par Por dç PApgleteryç . profita de 
la proloAgation de Vwflli^UçQ qi*î]ui 
avait été accordé pour faire de nou- 
velles levées d'hommes , et pour réor? 
ganiser ses troupes. 

Le général Moreau partit de Paris 
le 26 brumaire, et arriva à Munich 
le 6 frimaire suivant , d'où il adressa 
à l'armée du Rhin , qui s'était déjà 
ébranlée sur plusieurs points , la prp" 
clamation suivante: 

Au quartier-général de Munich , le 6 frimaire. 

IjC général en chef à l'armée* 
ce Soldats ! le peuple français était 



C 3^î ) 

loiû de ci?oire que tous àei'îei fenfcôrê 
forcéi de reprendre le^ eumèi dàtist 
les saisons les plus rigoureuse^ pdiir 
lui donner une paiji: qu'il ^êHiê 
avec bonne foi ^ et que ses enneinfii 
cherchent à éloigner par les ruses 
que la diplomatie n'emploie que trop' 
frëquefmment^ 

En effet , ouue pouvait giière s'at- 
tendre à voir un négociateur se pré- 
eentefr sans pouvoir de négocier. 

Le gouvernement français , aussi 
franc que doit l'être celui d'un état 
libre , s'est empressé de faire , à l'am- 
bassadeur de la maison d'Autriche, 
les ouvertures les plus avantageuses, 
ne doutait nullement de mettre uni 
terme à vos travaux , et de rendre le 
repos et le bonheur à la république. 

Le comte de Cobeûtatel déclare 
qu'il ne peut traiter de la paix qu'en 
présence des commissaires anglais* 



( 222 ) 

En vain lui ob serve- t-on qu'un 
peuple qui solde tous ceux de l'Eu- 
rope qui veulent s'armer contre nous 
ne ccfnsentira point à voir cesser une 
guerr^e que sonjgouverjaement trouve 
avantageuse, et cherche à prolonger 
même par des moyens. odieux. ^ 

La raison se tait \ devant des 
ppuvoirs impératifs , et de. nou- 
veaux succès paraissent seuls de- 
voir, faire changer des dispositions 
aussi tranges. 

C'est par d'aussi misérables chi- / 
canes que nos ennemis ont cru gagner 
une saison qui ne nous permettrait 
pas de faire cette campagne- avec, 
succès. . '...-. 

.Ils devraient mieux vous connaî* 
tre, et croire que les soldatS; français, 
aussi peu sensibles aux rigueurs de 
la saison qu'ils l'ont été en conqué- 
rant la Hollande et en défendrait le 



( 223 ) 
fort de Kell , sauront surmonter le% 
mêmes obstacles, pour rendre à leur 
patrie une paix qui mettra le combU 
a leur gloire et à sa prospérité , etc. 

Dans la nuit du 7 au 8 , le centre 
de l'armée se por{a sur les bords de 
rinn , en occupant les pays que les 
autrichiens avaient quittés. 

Une colonne française attaque les 
redoutes en avant de Wasserbourg, 
et même la ville , près de laquelle est 
un pont sur l'Inn , les emporta d'as- 
saut : les autrichiens furent partout 
culbutés. On s'empara de l'artillerie 
autrichienne qui garnissait ces ou- 
vrages. Ce succès fut l'avant-coureur 
de la célèbre bataille de Hôhen- 
linden. 



.. i 



C 2^24) 



CHAPITRE XXX L 

Bataille d'Hohenlinâen , gagnée 
par V armée française. 

JjE II, le corps du géaércil Grenier 
s'était rassemblé entre Hohenlindeii 
et Hartofen. Ladivision Grouchy ap- 
puyait sa gauche à ce premier vil- 
lage. Le général en chef, quis'atten-. 
daitàètre attaqué, avait donné ordre 
aux généraux Richepanse et Dccaen 
de débcuc^ier par Saint- Christophe 
sur Matempœt, et de tomber avec vi- 
gueur sur les derrières de cette atta- 
que. Ce mouvement s^exécuta avec 
autant d'audace que d'intelligence. 

L*enoemi commença son attaque 
ikur Hohenlinden ^ le i3 , à sept heures 



( 225 ) 

et demie du Inatin, on se borna à \e 
contenir ju6qu*à Tinstant où un ino« 
ment d'hésitation fit juger que l'at- 
taque du général Richepanse com- 
mençait. Alors Mofeau ordonna au 
général Grenier de commencer la 
sienne. Le général Ney se porta avec 
rigueur dans le défilé^ et rencontra^ 
à moitié chemin de Matempœt , le 
général Richepanse. Tout ce qui était 
engouffré dans lelsois, étendu d'eit'- 
viron une lieue et demie , fut tué , 
pris ou dispersé. Pendant ce tems f 
le général Grouchy culbuta la ré- 
serve de& grenadiers enneihis qui 
avaient cherché à débdrder sa droite* 
Les mouvemens des généiaxix Ri- 
chepanse et Decaen éprouvèrent les 
plus grands obstacles : obligés de 
marcher par des routes étroites et 
entièrement entourés d'ennemis , le 
général Richepanse se trouva séparé 



( 224 



CHAPITRI 

Bataille d'Hohenîir. 
par V armée fi 

JuE 1 1 , le corps du 

s'ctaît rassemblé en^ 

et Plartofen. Ladivi 

puyait sa gauche 

lage. Le général e* 

daitàètreattaqu' 

aux généraux F *"^'j.* ],^},^j^' • 

de débouc|;ie^ / , /,r.i \i :-• 

sur Matemr , ,>..v-^'/* ' '' ^^ "* ^ "" 

gueor sur /-. !rr: îllcrcpoussi c^ 

que. C *'r.< vw/v. 

^jj|.r / ://À///v paraissait cû 

' • • •. '.* V .V //vj/s? Jieures , 
••• . '•• •*. vvw ennemi déb 



/ •• 



^ ( !236 ) 

dès antres troupes avec cinq à sïx 
bataillons et un régiment de chas- 
seurs j mais , sans regarder derrière 
lui y il marcha au milieu de Tarmée 
ennemie, sans s'inquiéter du peu de 
troupes qu'il avait , et joignit la tête 
de la division Ney , conduite avec 
une égale intrépidité par l'adjudant 
Ruifiu. Le général De caen parvint à 
faire pénétrer la légion polonaise au 
$(>utien*tlu général Richepànsè. 

Pendant que le succès se détermi- 
nait au centre , un corps ennemi , 
marchant deWasserbourg sur Ebers- 
berg , força le général Decaen à 
phanger de front à droite pour l'ar- 
rêter : il le repoussa dans le plus grand 
désordre. 

L'affaire paraissait complètement 
décidée à trois heures , lorsqu'un 
aulre corps ennemi déboucha par 
Burkrain sur flohenlindén : comme 



( 227 } 
le général en chef s'attendait à un ef- 
fort sur la gauche , il avait laissé en 
position deux divisions et la réserve 
de cavalerie , qui , au moment ou 
ellesprenaient l'offensive, furent elles- 
mêmes attaquées. Quelques troupes 
de la division Ney et des autres di-^ 
visions qui se trouvaient ^ portée , 
étant survenues, ces deux divisions 
repoussèrent ces attaques , et abor- 
dèrent l'ennemi avec une grtinde vi- 
gueur 3 et, après plusieurs efforts , le 
culbutèrent avec perte d'une partie 
de son artillerie. 

Cette bataille fut tellement' géné- 
rale , qu'il n'y eut pas un corps dans 
l'arm ^française qui n'eût combattu. 
La neige tombait à grands flots pen- 
dant toute l'action. 

Le résultat de cette célèbre journée 
fut la prise de 80 bouches à feu > 



90O caissons ) lo^ooo prisonbiérs, et 
trois gt?néraux. 

On poursuivît l'ennemi jusqu^à la 
la nuit 'y il était alors dans une dé- 
route complète^ 

Le corps du général Lecourbe , qui 
s'était emparé^ le lo, de Roienlieim ^ 
fut chargé de couvrir Tlnn et tous les 
débouchés du Tyrol. 



( 229 ) 



CHAPITRE XX X IL^ 

Passage de VInn par l^armée du 
Rhin. — Entrée de nos troupes 
à Satzbourg. 

ApnÈs la bataille mémorable de 
lîohenlinden , les autrichiens furent 
en pleine retraite, * 

Le 1 8 , l'armée passa l'Inn à Neu- 
peurn , entre Ruseinheim et Kuf tein,^ 
Dès le soir de la journée du ir, le 
gj.'néralLecourbe, commandant l'aile 
droite , fit ses préparatifs de passage 
eq faisant une reconnaissance sur 
î'Inn pour désigner le point le plus 
avantageux à Rétablissement d'un 
pont. Le i8 , au matin , les trois di- 
visions du centre étaient sur la croi- 
sée des chemins de Roseinheim et 



( 23o) 

Kuftein , et le général Lecourbe sur 
Neupeurn , point désigné pour le 
passage. 

A six heures précises du matin , 
le général Lecourbe fit jeter son pont 
sous le &u de 3o pièces d'artillerie : 
Tennenii fut forcé d'abandonner les 
bords de la rivière, et le pont fut 
achevé dans l'espace de quatre heures. 
A dix heures du matin , une grande 
partie des troupes fut sur la rive 
droite. 

Après avoir effectué son passage , 
ce général se mit à la poursuite de 
l'ennemi , qui ne fit aucune résis- 
tance jusqu'à la position de Ste- 
phankirck, où il voulut soutenir un 
effort ; mais il fut bientôt forcé à 
se replier, et à opérer sa retraite, 
en laissant 600 prisonniers dans nos 
mains. 

Le 19 , la division RichepansCj 



(231) 

après avoir passé rinn sur un pont 
de bateaux établis pendant la nuit, 
marcha sur Vasserbourg, tandis que 
le général Lecourbe se porta sur 
Secbruck , à^ la tête du Chiemsec. 
L'ennemi continua sa retraite, et 
tout fit présumer au général en chef 
qu'il allait se reformer derrière la 
Salzach. 

Le passage de Tlnn effectué à 
Neupeurn , l'armée française s'a^ 
vanca entre Tlnn et la Salzach 
pour forcer l'ennemi à évacuer le 
pays. La plus, grande partie de ses 
forces se concentra entre Lauffen 
et Salzbourg. 

Le 21 frimaire , le général Le- 
courbe trouva une avant-garde en 
avant de la Saal : il la culbuta si 
brusquement , qu'elle lui abandonna 
4 pièces de canon et 400 prisonniers. 

Le général en chef, qui avait fait 



(a3a ) 

«es dispositions pour passer le Sal 
zach entre Lauffen et Salsbourg^ 
fit porter la général Lecourbe sur 
la rive droite de cette rivière. Le 22 , 
ce généra) la passa malgré Tennemi 
qui roulait la défendre , et s'empara 
du village de Wael. 
. Le général Decaen arriva sur Lauf- 
fen y trouva le pont rompu , et l*en«- 
nemi garnissant les hauteurs qui 
le dominant. Trois chasseurs se fe^ 
tèrent à la nage, malgré un froid 
extrêmement rigoureux , pour aller 
chercher quelques barques sur le 
bord opposé, tandis que quelques 
autres s'avançaient en fusillant sur 
lesdébris du pont. Environ 80 hom- 
mes , passés sur des barques qu'on 
avait ramenées , suffirent pour cul- 
buter l'ennemi , et lui faire 200 pri- 
sonniers. 
Moreau fîtdiriger quatre divisions 



C?S3 > 

aVec l'équipage de pont sur Laudfen ; 
pour jeter un pont nouveau , tandis 
qu'od réparaît cdlui que l'enneini 
araif rompu. Ces travaux s*opérèrent 
pendant la nuit : àé]k Sac hommes 
étaient passé» sur la rire' àroitè j 
lorsqu'à huit heures du matin, le !i3^ 
il s'engagea une affaire trës-vivesnr 
le front de l'aile droite. Le général 
Lecourbe la Soutînt avee vigueur 
jusqn^à deux heures après-midi , lors- 
cjne le général Decaen, qui avait 
passé la rivière en entier avec sa di- 
vision , commença à marcher ea 
avant, faisant un grand feu d'dr- 
tillerie sur ce qu'il avait devant luî# 
Ge mouvetrtent, en contribuant à dé- 
gager te général Lecourbe , favorisai 
en même tenrt ïe passage de la di- 
vision Richepanse , qui commençait 
à Se foi^mei* sur la rive droite. 
• Daii^ la liuif du ^% «a i4 > l'en-* 



nemi opéra sa retraite aVec précl^ 
pilation , et nos troupes entrèrent à 
Salzbourg à huit heures du matin. 

L'ennemi eut dans cette affaire 
800 blessés, dont une partie resta 
a Salzbourg y et abandonna 400 pri* 
sonniers et une pièce de canon. 

L'armée française, après avoir fran- 
chi le passage de la Sâliâch à Lauf- 
fen , poursuivit avec vigueur l'enne- 
mi dans sa retraite. L-a,ilé droite 
se porta sur Ginaxiden > le centre 
suivit la grande route de Sakbourg, 
à Lintz. 

Le général Bichepanse , à la tête 
de l'avant-garde , ne cessa de har- 
celer l*ennemi. Il culbuta -son ar- 
rière-garde en avant de Neutnarfc ^ 
lui prit 4 pièces de canon et plus de 
600 hommes»^ 

Le 27 , il le rencontra encore dans 

le forte position auprès de Vo- 



tiaklapuok. Nôsïrôttpes le chargèrent 
avec tant de vigueur , que plus de 
ijooo prisonnièt^', [^âtpmi lesquels au 
moins 600 cavaliers, tombècent dans 
nos mains , ainsi que le général Lo- 
pez qui les commandait. 

Le 28 , l'ennemi voulut défendre 
les positions en avant de Lambach. 
Le général Richepànse et ses, braves 
troupes redoublèrent de vigueur et 
d audace : les bulans et les manteaux 
roliges , poursuivis par notre cavale- 
rie , furent devancés dans le défilé de 
Lambach par notre infanterie 3 on ea 
fit un carnage effroyable : le colonel 
des hussards resta blessé en notre pou- 
voir. Le prince de Lichenstein, co- 
lonel des hulans, fut obligé de se 
rendre avec l'élite de ses officiers. Le 
résultat de ce combat fut 800 prisou- ' 
niers et 3pièces de çajtiou. I/eunenil^ 



.C.î3^ ) 
en outre , fit une perte énorme en 
morts et blessés* 

Le 39 frimaire , J'armée , poursui*- 
vant ses succès ^ n'était plus qu'à 
quelques marches de Vienne ,. et les 
autrichiens (i) en déroute , n'ayant 
plus que de faibles obstacles à nou9 
opposer , il eût été très^aisé d'y pé- 
nétrer et d'y Tenir dicter des lois ; 
mais le général en chef crut (fue^ 
s'arrêter au milieu des victoires les- 
plus brillantes était conforme au ca* 
ractère de modération par lequel le 
premier consul s' était fait connaître 
à toute V Europe, et dès qu'on l'eut 
assuré que le désir de Pen^pereuv était 

M I. ■ ■ I I I ■• 

(1) Depuift Touyerture d(e cette campagne d'hi^ 
Ter par la bataille àe Hobenlindeo et par lee 
combats qui en furent la suite , l'ennemi perdit 
tout le pays compris entre Pfser et la rivière d*£r- 
lapb, xa à 15,000 hommes morts oa blessé? , :i5,o0O 
prîfioniiîers, aveo 140 pitoee d* cmott'^tdtt nUki^ 

'Qs immenses» 



( 23; ) 
de faire la paix, quelles que fussenfles^ 
intentions de ses alliés, il accueillit 
favorablement les propositions que 
lui fit l'arcbidnc Charles pour la 
conclusion d*uû troisième armis- 
tice* 

Les négociations qui furent enta^ 
mées se terminèrent par une con* 
vention qui' fut signée à Steyer le 4 
nivôse ; elle nous rendit maîtres de^ 
forts de Huffstéin et de Saînt-Scha^ 
rintz dans le Tyrol, et des places de 
Wnrtaboui^ et de Braunau , ainsi 
que de tous les pays compris en-deçà 
d'une ligne de démarcation qui por^ 
taitnoB avcint-postes «i trois ou quatre 
marches de Vienne , sur la rivière 
d'ErlaphrCes? conditioûs très-mode*- 
' rées nous assuraient néanmoins de 
grands avâintage^ pour reprendre 
l'offensive , dans le cas où on nous y 
eût eircore une fois focc^. 



( 238 ) 

Le 6 nivôse , le général Môifeati 
adressa à Tarmée la proclamatioa 
suivante : 

« Soldats ! après vingt jours dont 
aucun n'a été perdu pour la gloire ^ 
vous avez traversé PInn • une des 
dernières barrières de l'Autriche. 
L'armée ennemie fuyait en désordre 
vers sa capitale , qu'elle n'aurait pu 
défendre , lorsque le prince Charles ^ 
m'annonçant que l'empereur était 
décidé à signer la paix, m'a de* 
mandé un armistice. A ce mot de 
paix , objet de vos travaux , but de 
toutes vos victoires , j'ai cru devoir 
arrêter votre marche, et donner à 
l'Europe une nouvelle preuve de la 
modération de la république franr 
çaîse. 

Soldats ! nous ne devons pas craii^;; 
dre que cet armistice .trompe nos es- 
pérances ;. le prince Charles reprend 



aujourd'hui le commandement de 
l'armée autrichienne : guerrier re- 
commandable , il doit voir avec hor- 
reur le sang des braves vendus à Vov 
des insulaires. 

Si, cependant, contre toute vrai- 
semblance, l'Angleterre parvenait 
encore ^ étouffera Vienne la voix de 
la prudence et de la saine politique , 
vous ressaisiriez vos armes j et dé- 
sormais , sourds à toute voie de con- 
ciliation , vous porteriez des coups 
mortels à des ennemis que la des- 
tructlpb seule pouvait désarmer. Les 
avaûtages. que vous retireriez alors 
des ^conditions de l'armistice fe- 
raient plus que compenser la perte 
de quelques jours de repos. 

. Soldats ! vos généraux vont vous 
cantonner dans le pays conquis par 
votre courage : commandez-y l'a- 
mour et l'estime par votre discir 



( M* ; 

pliné, et Votre respect pour les pro-» 

priëtës : ainsi , couverts de tous le^ 

genres de gloire , vous rentrerez aiï 

9«iû de la Franee, dont vous au-' 

rez contribué à assurer la paix et 

le bonheur. 

Signé MoRBAu. » 

La paix vînt enfin couronner la 
constance et la valeur de nos ar- 
mées 3 elle fut signée à Lunévilkf 
le Qo pluviôse an IX. 

O France ! ô ma patrie ! lu peux 
t*enorgueillir avec raison de la bra- 
voure de tes armées , du génie et 
ier l'habileté de tes chefs. Et si ja» 
mais des puissances jalouses^ osaient 
encore attenter à tes droitâ^^ lé§ 
grands souvenirs enfanteraiieiit alcM 
les grandes actions y et les Aoms de 
Marlngo et de HefaenHndem prodol' 
raient uae source de triomplres Mdf 

FIN. 



T AELE 

DE S MATIÈRES. 



Préface. . . . . 

NOiPIGE SUH MOREMlU. 



CHAP.ier. 



CHAP. H; 



CHA£:U!. 



. . V 

• •' Xlij 

Mareau , nommé général 
de l'armée' ik Rhin^et^ 
Moselle. •>— Passage du 
Rhin , effectué à force 
ouverte *par cette ar^^ 
mée. . • • • E 

Affaires qui sui\;irent le 

' passage du • Rhin. •— ^ 

Bataille de Renchen. — • 

Bataille de Rastûdt. — • 

Bataille d'EtUngen» 9 

Marche de l'armée jus^' 

qu'au Necker, — Entrée 

des français à Stutt-* 

gard,- — Combat d'Et'^ 

^Mngen et de Constatt» 24 



£46 
CIIAP. 



IV. 



CHAP. 
CHAP. 



V. 
VI. 



CHAP. VU, 



CHAP. vm. 



CHAP. IX, 



CJKAP. 



TABLE. 

Opérations et marches de 
P armée française ensuù 
ifant l'ennemi à travers 
les montagnes d*Alb. — * 
Bataille de Neresheimi 
• ...-.. 3i 

Combat de Kamlach. Zj 

Passage du Danube par 
l'armée. ... 41 

Marche de Vannée en Ba- 
vièren — Combat de 
Çeisenfeld. . . 5o 

Cppimencement de laglch- 
rieuse retraite de l'ar^ 
mée de Rhin-çt-Moselle, 
iT- Combat de Neur^ 
bourg. ... '57 

Sortie des garnisons de 
lUanheim et de Philis-^ 
bourg. — Attaque de 
Kell de vivejbrce par 
l'ennemi. , , . 65 
X et XL «$u^e de la' retraite de l'or» 
jnée de RhUiret^ltoselle. 



GHAP.XII. 

GHAP.XIII. 
CHAP.XIV. 
CHAP.XV. 



CHAP.XVI. 



CHÂP.XVII. 



t d B i ë1 • t4y 

— Bataille de Bibe* 
rach yS 

Affaire de RotfTiel et de 
Villingen.'^Passage du 
val d'Enfer. . . 86 

Retraite de l'armée sur 
Huningue» • • g5 

Bataille défensive de Sch** 
lingen, ... 97 

Siège du fort de KelL — • 
Ouverture de la traw- 
chée. — Sortie consU» 
dérable. — - Evacuation 
de Kell par Us fran^ 
çais. • • • • 100 

Siège de la tête du pont de 
Huningue par Parmée 
autrichienne, — AssauÈ 
donné à ce fort, — Ou^ ' 
verture de la tranchée» 
»« Evacuation de la tête 
du pont par capitula^ 
tien 114 

Campagne de l'an V. — • 



CHAR XVIII. 



«48 t ji B t E. 

Nouveaux préparatifs 
pour psser le Rhin. — 
— Ouverture de la cam' 
pqgne , et second pas- 
sage de ce Jleuve h 
Dier;she.im,,. le premier 
floréal. . ; . 119 
Moreau mandé à Paris 
après le i ^fructidor. — * 
Son arrivé^. — U est 
perdu pour son ar» 

.• ni^e i35 

Moreau envoyé à V armée 
d'Italie comme général 
divisionnaire sous Sché 
rer. — Services rendus 
à cette armée par ce gé 
néraL . . . i^g 

CliAP. XX. More^iu quitter armée d'I- 

talie. — Son arrivée a 
Puvis, — Journée des 
l%etig brumaire. 167 

CîilAP* JCXI« Mçreau nommé général en 
ch^de V armée, du Rhin> 



CHAP.XIX. 



CHAP. xxn. 

CHAP. XXIII, 



GHAP.XXIV. 



CHAP, XXV- 
CHAP.XXVL 



CHAP. XXVII. 



CHAP. XXVIIL 



' À M t Eéi 24gf 

•— Préparatifs pour le 
passage de ce fleuve à 
Reichlingen. , i6a 

Bataille d'Engen. . 171 

Bataille de Mœsldrch* »— » 
Combat de Biberach. 
• • • . • • 175 

Prise de la Flottille de 
Williams sur le lac de 
Constance, — Occupa- 
tion par nos troupes de 
ff^angen , Lindau et 
Bregentz. . • i83 

-Comfipfs d'Erbach ^t de 
Delmesingen, . 187 

Entrée des français à 
Augsbourg, — Bataille 
à 'la rive gauche de l'I* 
ser, — Passage du Lech» 
....... 191 

Passage du Danube, — 
Bûtaifle d'Hoschtett. 
19^ 

Affaire de Nordlingen. —7 



a5o 



CHAP.XXIX. 



ghXp.xxx. 



CHAP. XXXI. 



CHAP. XXXII. 



r À B l En . 

CombatdeNeubourg. -* 
Entrée des trowpesjran^ 
çaises à Munich, 201 

Passage du Rhin vis-àv-îs 
Lucisteig. — Entrée de 
nos troupes à Feldkirch. 
Armistice» . • 210 

Dénonciation de la reprise 
des hostilités, — Pro' 
clamation du général 
Moreau, . . • 220 

Bataille de Hohenlinden. 
..•.•• 224 

Passage de finn par Par-» 
mée du Rhin, — Entrée 
de nos troupes Jl Sàlz^ 
bourg. -^ Nouvel armis^ 
tice, — * Conclusion de la 
paix 22^ 



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